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<title>L'Ile des esclaves -(3)- Dénouement heureux</title>
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<h1>LES SECOURS DE FRANCAIS</h1>
<ul class="navig">
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</ul>
<h2>Marivaux, <i>L'Ile des esclaves</i> : le dénouement heureux</h2>
<h3>Le texte</h3>
<div class="theatre">
<p><span class="didas">CLÉANTHIS, <i class="jeu">en entrant avec Euphrosine qui pleure</i>.</span> Laissez-moi, je n'ai que faire de vous entendre gémir. Et plus près d'Arlequin. Qu'est-ce que cela signifie, Seigneur Iphicrate ; pourquoi avez-vous repris votre habit ?
<p><span class="didas">ARLEQUIN, <i class="jeu">tendrement</i>.</span> C'est qu'il est trop petit pour mon cher ami, et que le sien est trop grand pour moi. Il embrasse les genoux de son maître.
<p><span class="didas">CLÉANTHIS.</span> Expliquez-moi donc ce que je vois ; il semble que vous lui demandiez pardon ?
<p><span class="didas">ARLEQUIN.</span> C'est pour me châtier de mes insolences.
<p><span class="didas">CLÉANTHIS.</span> Mais enfin, notre projet ?
<p><span class="didas">ARLEQUIN.</span> Mais enfin, je veux être un homme de bien ; n'est-ce pas là un beau projet ? Je me repens de mes sottises, lui des siennes ; repentez-vous des vôtres, Madame Euphrosine se repentira aussi ; et vive l'honneur après ! cela fera quatre beaux repentirs, qui nous feront pleurer tant que nous voudrons.
<p><span class="didas">EUPHROSINE.</span> Ah, ma chère Cléanthis, quel exemple pour vous !
<p><span class="didas">IPHICRATE.</span> Dites plutôt quel exemple pour nous, Madame, vous m'en voyez pénétré.
<p><span class="didas">CLÉANTHIS.</span>Ah vraiment, nous y voilà, avec vos beaux exemples ; voilà de nos gens qui nous méprisent dans le monde, qui font les fiers, qui nous maltraitent, qui nous regardent comme des vers de terre, et puis, qui sont trop heureux <b class="exemple">dans l'occasion</b> de nous trouver cent fois plus honnêtes gens qu'eux. <b class="exemple">Fi</b>, que cela est vilain, de n'avoir eu pour tout mérite que de l'or, de l'argent et des <b class="exemple">dignités</b> : c'était bien la peine de faire tant <b class="exemple">les glorieux</b> : où en seriez-vous aujourd'hui, si nous n'avions pas d'autre mérite que cela pour vous ? Voyons, ne seriez-vous pas bien attrapés ? Il s'agit de vous pardonner ; et pour avoir cette bonté-là, que faut-il être, s'il vous plaît ? Riche ? Non ; noble ? Non ; grand seigneur ? Point du tout. Vous étiez tout cela ; en valiez-vous mieux ? Et que faut-il être donc ? Ah ! Nous y voici. Il faut avoir le coeur bon, de la vertu et de la raison ; voilà ce qu'il faut, voilà ce qui est estimable, ce qui distingue, ce qui fait qu'un homme est plus qu'un autre. Entendez-vous, <b class="exemple">Messieurs les honnêtes gens du monde</b> ? Voilà avec quoi l'on donne les beaux exemples que vous demandez, et qui vous <b class="exemple">passent</b> : Et à qui les demandez-vous ? À de pauvres gens que vous avez toujours offensés, maltraités, accablés, tout riches que vous êtes, et qui ont aujourd'hui pitié de vous, tout pauvres qu'ils sont. Estimez-vous à cette heure, faites les <b class="exemple">superbes</b>, vous aurez bonne grâce ! Allez, vous devriez rougir de honte.
<p><span class="didas">ARLEQUIN.</span> Allons, ma mie, soyons bonnes gens sans le reprocher, faisons du bien sans dire d'injures ; ils sont contrits d'avoir été méchants, cela fait qu'ils nous valent bien ; car quand on se repent, on est bon ; et quand on est bon, on est aussi avancé que nous. Approchez, Madame Euphrosine, elle vous pardonne, voici qu'elle pleure, la rancune s'en va, et votre affaire est faite. <p><span class="didas">CLÉANTHIS.</span>Il est vrai que je pleure, ce n'est pas le bon coeur qui me manque.
<p><span class="didas">EUPHROSINE, <i class="jeu">tristement</i>.</span>Ma chère Cléanthis, j'ai abusé de l'autorité que j'avais sur toi, je l'avoue.
</div>
<h3>L'auteur et son époque</h3>
<h3>Le vocabulaire</h3>
<ol>
<li><span class="exemple">dans l'occasion</span> : quand l'occasion se présente</li>
<li><span class="exemple">Fi !</span> : interjection qui marque la colère</li>
<li><span class="exemple">dignités</span> : distinctions, titres</li>
<li><span class="exemple">les glorieux</span> : les fiers, les orgueilleux</li>
<li><span class="exemple">Messieurs les honnêtes gens du monde</span> : expression ironique qui désigne les personnes de condition sociale élevée mais qui ne possèdent pas toujours les qualités correspondantes</li>
<li><span class="exemple">passent</span> : dépassent</li>
<li><span class="exemple">les superbes</span> : les orgueuilleux</li>
</ol>
<h3>Les champs lexicaux</h3>
<h3>Les figures de syle</h3>
<h3>Les idées : explication linéaire</h3>
<div class="resume">
<h3>La fin de la pièce :</h3>
<p>C'est une comédie donc elle se termine bien : Trivelin revient et trouve Cléanthis et Arlequin, libérés de leur condition d'esclaves, agenouillés, par humilité, devant leurs anciens maîtres. Trivelin n'est pas étonné de ce qu'il découvre, c'est ce qu'il attendait. Il prend finalement la parole et rappelle les leçons de l'expérience de chacun : Euphrosine et Iphicrate ont compris qu'ils agissaient mal quand ils étaient les maîtres, et Cléanthis et Arlequin ont choisi le pardon plutôt que la vengeance quand ils sont devenus les maîtres. Il invite chacun à réfléchir là-dessus. Il conclut que « la différence des conditions n'est qu'une épreuve que les dieux font sur nous ».</p>
<p>Trivelin annonce ensuite aux quatre Athéniens qu'ils peuvent se préparer à repartir, un bateau va bientôt les reconduire à Athènes. Il termine en disant que ce jour est sûrement le plus « profitable » de leur vie.</p>
</div>
<h2>Analyse de l'oeuvre</h2>
<p class="emphase">L'utopie :</p>
<p>L'île des esclaves est une utopie sociale qui rappelle le motif de l'île paradisiaque de Thomas More. Dans l'utopie, l'écrivain décrit un endroit où les hommes vivent en harmonie, sans conflit d'intérêts ni injustice. Bien sûr, il s'agit d'un mythe qui n'a rien de réel. D'ailleurs, une utopie signifie « endroit qui n'existe nulle part ». Etymologiquement, l'île des esclaves est une utopie en ceci qu'il propose une inversion du rôle esclave maître, possible nulle part ailleurs. Cependant, il n'abolit pas le concept de la servitude. Ce n'est donc pas un monde idéal que nous propose Marivaux, mais un exemple de société qui présente un nouvel ordre social au rapport de domination inversée.
<p class="emphase">La relation maître valet :</p>
<p>Figure emblématique du valet, Arlequin fait l'expérience d'un statut de dominant en devenant le maître d’Iphicrate. Cette inversion des pouvoirs constitué le nœud dramatique de la pièce de Marivaux. C'est une véritable remise en cause de l'ordre établi.
<p class="emphase">L'amour :</p>
<p>C'est un des thèmes favoris de Marivaux. On parle d'ailleurs de marivaudage pour évoquer un échange de propos galants d'une grande finesse entre un homme et une femme qui sont dans le jeu de la séduction. Dans l'île des esclaves, on passe de la simple garantie galanterie à une expression plus forte des sentiments.
<p class="emphase">L'exotisme :</p>
<p>Ce n'est pas le thème le plus important, mais l'exotisme du décor (la mer, les rochers) rappelle le caractère transitoire et utopique de L’île. L'île renvoie aussi au goût du 18e siècle pour l'exotisme, que l'on retrouve par exemple chez Voltaire où chez Montesquieu.
<p class="emphase">L'erreur à éviter :</p>
<p>On évitera de dire que l'île des esclaves n'est qu'une mascarade qui finit bien. Si tout rentre dans l'ordre à la fin de la pièce, c'est que Marivaux est moins réformateur que moraliste. Cependant, derrière le jeu joyeux d'Arlequin et la fantaisie des situations, la pièce repose sur des tensions profondes : entre la vérité et l'apparence, la lucidité et l'illusion, les hommes et les femmes, et surtout entre les maîtres et leurs valets, qui sont parfois traités de façon bien cruelle.
<ul class="pied">
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</ul>
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