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<!DOCTYPE html>
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<title>L'Ile des esclaves -(2)- Marivaudage grotesque</title>
</head>
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<h1>LES SECOURS DE FRANCAIS</h1>
<ul class="navig">
<li><a href="textes.html">Textes</a></li>
<li><a href="texte7.html">Précédent</a></li>
<li><a href="texte9.html">Suivant</a></li>
<li><a href="index.html">Sommaire</a></li>
</ul>
<h2>Marivaux, <i>L'Ile des esclaves</i>: Marivaudage grotesque</h2>
<h3>Le texte</h3>
<div class="theatre">
<p><span class="didas">CLÉANTHIS.</span> Seigneur Iphicrate, peut-on vous demander de quoi vous riez ?</p>
<p><span class="didas">ARLEQUIN.</span> Je ris de mon Arlequin qui a confessé qu'il était un ridicule.</p>
<p><span class="didas">CLÉANTHIS.</span> Cela me surprend, car il a la mine d'un homme raisonnable. Si vous voulez voir une coquette de son propre aveu, regardez ma suivante.</p>
<p><span class="didas">ARLEQUIN, <i class="jeu">la regardant</i>.</span> Malepeste, quand ce visage-là fait le fripon, c'est bien son métier. Mais parlons d'autres choses, ma belle Damoiselle : qu'est-ce que nous ferons à cette heure que nous sommes gaillards ?</p>
<p><span class="didas">CLÉANTHIS.</span> Eh ! Mais la belle conversation.</p>
<p><span class="didas">ARLEQUIN.</span> Je crains que cela ne vous fasse bâiller, j'en bâille déjà. Si je devenais amoureux de vous, cela amuserait davantage.</p>
<p><span class="didas">CLÉANTHIS.</span> Eh bien, faites. Soupirez pour moi, poursuivez mon coeur, prenez-le si vous pouvez, je ne vous en empêche pas ; c'est à vous à faire vos diligences, me voilà, je vous attends : mais traitons l'amour à la grande manière ; puisque nous sommes devenus maîtres, allons-y poliment, et comme le grand monde.</p>
<p><span class="didas">ARLEQUIN.</span> Oui-da, nous n'en irons que meilleur train.</p>
<p><span class="didas">CLÉANTHIS.</span> Je suis d'avis d'une chose ; que nous disions qu'on nous apporte des sièges pour prendre l'air assis, et pour écouter les discours galants que vous m'allez tenir : il faut bien jouir de notre état, en goûter le plaisir.</p>
<p><span class="didas">ARLEQUIN.</span> Votre volonté vaut une ordonnance.<i class="jeu">À Iphicrate.</i> Arlequin, vite des sièges pour moi, et des fauteuils pour Madame.</p>
<p><span class="didas">IPHICRATE.</span> Peux-tu m'employer à cela !</p>
<p><span class="didas">ARLEQUIN.</span> La République le veut.</p>
<p><span class="didas">CLÉANTHIS.</span> Tenez, tenez, promenons-nous plutôt de cette manière-là, et tout en conversant vous ferez adroitement tomber l'entretien sur le penchant que mes yeux vous ont inspiré pour moi. Car encore une fois nous sommes d'honnêtes gens à cette heure ; il faut songer à cela, il n'est plus question de familiarité domestique. Allons, procédons noblement, n'épargnez ni compliments ni révérences.</p>
<p><span class="didas">ARLEQUIN.</span> Et vous, n'épargnez point les mines. Courage ; quand ce ne serait que pour nous moquer de nos patrons. Garderons-nous nos gens ?</p>
<p><span class="didas">CLÉANTHIS.</span> Sans difficulté : pouvons-nous être sans eux, c'est notre suite ; qu'ils s'éloignent seulement.</p>
<p><span class="didas">ARLEQUIN, <i class="jeu">à Iphicrate</i>.</span> Qu'on se retire à dix pas.<i class="jeu">Iphicrate et Euphrosine s'éloignent en faisant des gestes d'étonnement et de douleur. Cléanthis regarde aller Iphicrate, et Arlequin, Euphrosine.</i></p>
<p><span class="didas">ARLEQUIN, <i class="jeu">se promenant sur le théâtre avec Cléanthis</i>.</span> Remarquez-vous, Madame, le clarté du jour ?</p>
<p><span class="didas">CLÉANTHIS.</span> Il fait le plus beau temps du monde ; on appelle cela un jour tendre.</p>
<p><span class="didas">ARLEQUIN.</span> Un jour tendre ? Je ressemble donc au jour, Madame.</p>
<p><span class="didas">CLÉANTHIS.</span> Comment, vous lui ressemblez ?</p>
<p><span class="didas">ARLEQUIN.</span> Eh palsambleu ! Le moyen de n'être pas tendre, quand on se trouve tête à tête avec vos grâces ? À ce mot il saute de joie. Oh, oh, oh, oh !</p>
<p><span class="didas">CLÉANTHIS.</span> Qu'avez-vous donc, vous défigurez notre conversation ?</p>
<p><span class="didas">ARLEQUIN.</span> Oh ce n'est rien ; c'est que je m'applaudis.</p>
<p><span class="didas">CLÉANTHIS.</span> Rayez ces applaudissements, ils nous dérangent.<i class="jeu">Continuant.</i> Je savais bien que mes grâces entreraient pour quelque chose ici. Monsieur, vous êtes galant, vous vous promenez avec moi, vous me dites des douceurs ; mais finissons, en voilà assez, je vous dispense des compliments.</p>
<p><span class="didas">ARLEQUIN.</span> Et moi, je vous remercie de vos dispenses.</p>
<p><span class="didas">CLÉANTHIS.</span> Vous m'allez dire que vous m'aimez, je le vois bien ; dites, Monsieur, dites ; heureusement on n'en croira rien. Vous êtes aimable, mais coquet, et vous ne persuaderez pas.</p>
<p><span class="didas">ARLEQUIN, <i class="jeu">l'arrêtant par le bras, et se mettant à</span> genoux.</i> Faut-il m'agenouiller, Madame, pour vous convaincre de mes flammes, et de la sincérité de mes feux ?</p>
<p><span class="didas">CLÉANTHIS.</span> Mais ceci devient sérieux : laissez-moi, je ne veux point d'affaire ; levez-vous. Quelle vivacité ! Faut-il vous dire qu'on vous aime ? Ne peut-on en être quitte à moins ? Cela est étrange !</p>
<p><span class="didas">ARLEQUIN, <i class="jeu">riant à genoux</i>.</span> Ah, ah, ah, que cela va bien ! Nous sommes aussi bouffons que nos patrons ; mais nous sommes plus sages.</p>
<p><span class="didas">CLÉANTHIS.</span> Oh vous riez, vous gâtez tout.</p>
<p><span class="didas">ARLEQUIN.</span> Ah, ah, par ma foi, vous êtes bien aimable, et moi aussi. Savez-vous bien ce que je pense ?</p>
<p><span class="didas">CLÉANTHIS.</span> Quoi ?</p>
<p><span class="didas">ARLEQUIN.</span> Premièrement, vous ne m'aimez pas, sinon par coquetterie, comme le grand monde.</p>
<p><span class="didas">CLÉANTHIS.</span> Pas encore, mais il ne s'en fallait plus que d'un mot, quand vous m'avez interrompue. Et vous, m'aimez-vous ?</p>
<p><span class="didas">ARLEQUIN.</span> J'y allais aussi, quand il m'est venu une pensée. Comment trouvez-vous mon Arlequin ?</p>
<p><span class="didas">CLÉANTHIS.</span> Fort à mon gré. Mais que dites-vous de ma suivante ?</p>
<p><span class="didas">ARLEQUIN.</span> Qu'elle est friponne !</p>
<p><span class="didas">CLÉANTHIS.</span> J'entrevois votre pensée.</p>
<p><span class="didas">ARLEQUIN.</span> Voilà ce que c'est, tombez amoureuse d'Arlequin, et moi de votre suivante ; nous sommes assez forts pour soutenir cela.</p>
<p><span class="didas">CLÉANTHIS.</span> Cette imagination-là me rit assez. Ils ne sauraient mieux faire que de nous aimer, dans le fond.</p>
</div>
<h3>L'auteur et son époque</h3>
<h3>Le vocabulaire</h3>
<h3>Les champs lexicaux</h3>
<h3>Les figures de syle</h3>
<h3>Les idées : explication linéaire</h3>
<div class="resume">
<h3>En résumé</h3>
<p>Le marivaudage est un style littéraire qui caractérise les œuvres de l'écrivain français Pierre de Marivaux (1688-1763). Il se caractérise par l'utilisation de la parole et du verbe pour décrire les sentiments et les émotions des personnages, ainsi que par une ironie et une finesse dans la manipulation des sentiments et des passions humaines. Le marivaudage est souvent associé à la comédie de mœurs, et les pièces de Marivaux mettent souvent en scène des personnages issus de la haute société et confrontés à des situations amoureuses et sentimentales complexes.
<p>Dans cette scène, les deux valets s'amusent à parodier et à caricaturer leurs maîtres en reproduisant les jeux de séduction des personnes de l'aristocratie. Mais finalement, ce jeu ne les amuse pas tant que cela et ils changent les règles...
</div>
<h2>Exercices</h2>
<ul class="pied">
<li><a href="textes.html">Textes</a></li>
<li><a href="texte7.html">Précédent</a></li>
<li><a href="texte9.html">Suivant</a></li>
<li><a href="index.html">Sommaire</a></li>
</ul>
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</html>