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      <titleStmt>
        <title>Mercure galant, septembre 1682 (seconde partie) [tome 10].</title>
      </titleStmt>
      <editionStmt>
        <edition>OBVIL/IReMuS</edition>
        <respStmt>
          <name>Nathalie Berton-Blivet</name>
          <resp>Responsable éditorial</resp>
        </respStmt>
        <respStmt>
          <name>Anne Piéjus</name>
          <resp>Responsable éditorial</resp>
        </respStmt>
        <respStmt>
          <name>Vincent Jolivet</name>
          <resp>Informatique</resp>
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      </editionStmt>
      <publicationStmt>
        <publisher>Sorbonne Université, LABEX OBVIL</publisher>
        <date when="2016"/>
        <idno>http://obvil.sorbonne-universite.fr/corpus/mercure-galant/MG-1682-09b/</idno>
        <availability status="restricted">
          <licence target="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/3.0/fr/"><p>Copyright © 2019
              Sorbonne Université, agissant pour le Laboratoire d’Excellence « Observatoire de la
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            souhaitable.</p></licence>
        </availability>
      </publicationStmt>
      <sourceDesc>
        <bibl><title>Mercure galant</title>, <date>septembre 1682</date> (seconde partie) [tome
          10].</bibl>
      </sourceDesc>
    </fileDesc>
    <profileDesc>
      <creation>
        <date when="1682-09"/>
      </creation>
      <langUsage>
        <language ident="fre"/>
      </langUsage>
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  </teiHeader>
  <text>
    <body>
      <div type="article" xml:id="MG-1682-09b_004">
        <head>[Madrigal.]*</head>
        <bibl><title>Mercure galant</title>, septembre 1682 (seconde partie) [tome 10],
          p. 4-5.</bibl>
        <p>[...] Voicy un Madrigal qui a esté fait sur la facilité qu’il a toûjours euë à prendre
          des Villes.</p>
        <quote>
          <lg>
            <l rend="i">Tout le monde est surpris des victoires sans nombre</l>
            <l rend="i"> Que remporte le grand LOUIS</l>
            <l rend="i"> Sur ses plus puissans Ennemis,</l>
            <l rend="i"> Qui mesme redoutent son ombre.</l>
            <l rend="i">On s’étonne de voir cet invincible Roy</l>
            <l rend="i">Prendre facilement les Villes les plus belles,</l>
            <l rend="i">Et faisant tous les jours des Conquestes nouvelles,</l>
            <l rend="i"> Remplir les Potentats d’effroy.</l>
            <l rend="i">Mais pourquoy s’étonner des grands</l>
            <l rend="i">  Exploits de guerre</l>
            <l rend="i"> De ce Monarque sans pareil,</l>
            <l rend="i"> Puis qu’on sçait que rien sur la Terre</l>
            <l rend="i"> N’arreste le cours du Soleil ?</l>
          </lg>
        </quote>
      </div>
      <div type="article" xml:id="MG-1682-09b_010">
        <head>Eglogue</head>
        <bibl><title>Mercure galant</title>, septembre 1682 (seconde partie) [tome 10],
          p. 10-15.</bibl>
        <p/>
        <p>Je n’attendray point que vous m’ayez fait connoistre le plaisir que vous aura
          infailliblement causé la lecture de l’Idille de Madame des Houlieres, employé dans la
          premiere Partie de cette Lettre, pour vous envoyer un autre Ouvrage de cette illustre
          Personne. En voicy un Pastoral, dont les Vers aisez, doux &amp; naturels, vous feront
          admirer de plus en plus la beauté de son Génie.</p>
        <quote>
          <label>EGLOGUE.</label>
          <lg>
            <l rend="i">Assise au bord de la Seine</l>
            <l rend="i">Sur le panchant d’un Costeau,</l>
            <l rend="i">La Bergere Célimene</l>
            <l rend="i">Laisse paistre son Troupeau.</l>
            <l rend="i">Il descend dans la Prairie</l>
            <l rend="i">Sans qu’elle daigne songer</l>
            <l rend="i">Que le Loup pourra manger</l>
            <l rend="i">Sa Brebis la plus chérie.</l>
            <l rend="i">Le souvenir d’un Berger</l>
            <l rend="i">Que la Fortune cruelle</l>
            <l rend="i">Force à vivre éloigné d’elle</l>
            <l rend="i">Dans un Climat Etranger,</l>
            <l rend="i">Cause la langueur mortelle</l>
            <l rend="i">Qui luy fait tout négliger.</l>
            <l rend="i">Tantost cedant à la force</l>
            <l rend="i">De ses amoureux transports,</l>
            <l rend="i">Elle grave sur l’écorce</l>
            <l rend="i">Des Arbrisseaux de ces bords,</l>
            <l>Puisse durer, puisse croistre</l>
            <l>L’ardeur de mon jeune Amant,</l>
            <l>Comme feront sur ce Hestre</l>
            <l>Ces marques de mon tourment !</l>
            <l rend="i">Tantost meslant sur le sable</l>
            <l rend="i">Le nom d’Acante &amp; le sien,</l>
            <l rend="i">Elle trouve insuportable</l>
            <l rend="i">Qu’un Zéphir impitoyable</l>
            <l rend="i">En passant n’en laisse rien.</l>
            <l>Quelle cruelle avanture,</l>
            <l rend="i">Dit-elle avec un soûpir,</l>
            <l>Si ce qu’a fait le Zéphir</l>
            <l>M’est un veritable augure,</l>
            <l>Que de si tendres amours,</l>
            <l>Ne dureront pas toûjours !</l>
            <l>Je briserois ma Musete</l>
            <l>S’il estoit un Imposteur,</l>
            <l>Et du fer de ma Houlete</l>
            <l>Je me percerois le cœur.</l>
            <l rend="i">A ces mots, elle repasse</l>
            <l rend="i">Dans son esprit alarmé,</l>
            <l rend="i">L’air, les traits, l’esprit, la grace</l>
            <l rend="i">De ce Berger trop aimé.</l>
            <l rend="i">Les Oyseaux de ce Bocage</l>
            <l rend="i">Se taisent pour écouter</l>
            <l rend="i">Ce qu’ils l’entendent chanter</l>
            <l rend="i">Du beau Berger qui l’engage.</l>
            <l rend="i">Ils voudroient le répeter,</l>
            <l rend="i">Mais leur plus tendre ramage</l>
            <l rend="i">Ne la sçauroit imiter.</l>
            <l rend="i">Jamais cette triste Amante</l>
            <l rend="i">Ne voit sur l’herbe naissante</l>
            <l rend="i">Folastrer d’heureux Amans,</l>
            <l rend="i">Qu’elle ne se représente</l>
            <l rend="i">Combien l’absence d’Acante</l>
            <l rend="i">Luy couste de doux momens.</l>
            <l rend="i">Jamais des Bergers ne viennent</l>
            <l rend="i">De ces bords délicieux</l>
            <l rend="i">Où ses destins le retiennent,</l>
            <l rend="i">Que son amour curieux</l>
            <l rend="i">Ne s’informe si ces Lieux</l>
            <l rend="i">Ont des Nymphes assez belles</l>
            <l rend="i">Pour faire des Infidelles.</l>
            <l rend="i">Enfin mille fois le jour</l>
            <l rend="i">Elle veut, elle apprehende</l>
            <l rend="i">Tout ce que craint &amp; demande</l>
            <l rend="i">Le plus violent amour.</l>
            <l rend="i"> Qu’on doit plaindre une Bergere</l>
            <l rend="i">Si facile à s’alarmer !</l>
            <l rend="i">Pourquoy du plaisir d’aimer</l>
            <l rend="i">Faut-il se faire une affaire ?</l>
            <l rend="i">Quels Bergers en font autant</l>
            <l rend="i">Dans l’heureux siecle où nous sommes ?</l>
            <l rend="i">Acante qu’elle aime tant</l>
            <l rend="i">Est sans-doute un Inconstant</l>
            <l rend="i">Comme tous les autres Hommes.</l>
          </lg>
        </quote>
      </div>
      <div type="article" xml:id="MG-1682-09b_015">
        <head>[Lettre du médecin blayois sur les réjouissances de Bordeaux]*</head>
        <bibl><title>Mercure galant</title>, septembre 1682 (seconde partie) [tome 10], p.15-25,
          27,29-44, 47-51, 54-62.</bibl>
        <p/>
        <p>Revenons, Madame, aux Réjoüissances. Celles de Bordeaux ont eu tant d'éclat, que l'on en
          a donné au Public une Relation particuliere. Cependant quelque étenduë qu'elle soit, on
          peut dire que ce n'est qu'un Abregé de ce que vous trouverez dans la Lettre dont je vous
          envoye une Copie. Cette Lettre m'est venuë d'une Dame de Xaintonge, qui l'avoit reçeuë
          d'un Cavalier, qui estant en ce temps-là à Bordeaux, a esté témoin des diverses Festes que
          l'on y a faites.</p>
        <p/>
        <p>A MADAME DE ***</p>
        <p>A Bordeaux ce 29. Aoust 1682.</p>
        <p/>
        <p><hi rend="i">Vous voulez, Madame, que je vous apprenne tout ce qui s'est fait icy pour
            celébrer la Naissance de Monseigneur le Duc de Bourgogne. Songez-vous bien que c'est une
            Histoire que vous demandez ? Vous parlez absolument, je dois obeïr, &amp; malgré moy
            devenir Historien. Le 18 Aoust, M<hi rend="sup">r</hi>s les Maire &amp; Jurats,
            Gouverneurs perpétuels de la Ville, reçeurent cette importante Nouvelle par des Lettres
            de Cachet ; &amp; le lendemain 19. M<hi rend="sup">r</hi>s Jegun, Daste, Fresquet,
            Navarre, &amp; Dumas, Jurats, en l'absence de M<hi rend="sup">r</hi> le Marquis
            d'Estrade Maire de Bordeaux, &amp; de M<hi rend="sup">r</hi> de Maniban Premier Jurat,
            convoquerent le Corps de Ville. Il fut résolu dans cette Assemblée, qu'on fermeroit les
            Boutiques depuis le Jeudy 20. jusqu'au Dimanche 23. qu'aucun Artisan ne travailleroit,
            qu'on feroit des Feux devant chaque Porte, &amp; qu'on illumineroit toutes les Fenestres
            pendant ces trois jours. L'Ordonnance qu'on en publia fut affichée dans tous les
            Carfours à son de Trompe, &amp; reçeuë avec un applaudissement general. Ce jour estant
            arrivé, l'on commença à distribuer du Pain &amp; du Vin chez tous les Jurats, à l'Hostel
            de Ville, &amp; dans beaucoup de Maisons particulieres, de sorte qu'on entendoit dans
            toutes les Ruës, boire à la santé du Roy, de Monseigneur le Dauphin, &amp; de
            Monseigneur le Duc de Bourgogne. Sur les cinq heures du soir, M<hi rend="sup">r</hi> de
            Ris Intendant de la Province, se rendit à S. André, pour y assister au</hi>
          <hi rend="i">Te Deum</hi>. <hi rend="i">Quantité de Personnes de qualité l'accompagnoient,
            &amp; deux Hoquetons marchoient devant luy. Vous sçavez, Madame, que S. André est
            l'Eglise Cathédrale. M<hi rend="sup">r</hi>s les Jurats revestus de leurs Robes de Damas
            blanc &amp; rouge-cramoisy, avec le Corps de la Bource qu'ils avoient fait inviter, s'y
            rendirent aussi à la mesme heure, précedez &amp; suivis de leurs Gardes, &amp; de tous
            leurs Officiers. Apres qu'ils furent placez, ainsi que M<hi rend="sup">r</hi>s du
            Présidial, M<hi rend="sup">r</hi> le Doyen entonna le</hi>
          <hi rend="i">Te Deum</hi><hi rend="i">, qui fut chanté en Musique. Celle de S. Seurin, qui
            est cette belle Eglise hors des enceintes de la Ville, s'estoit jointe à la Musique de
            S. André, &amp; l'une &amp; l'autre n'oublia rien de ce qu'on pouvoit attendre d'elle
            dans une Solemnité si éclatante. Le</hi>
          <hi rend="i">Te Deum</hi>
          <hi rend="i">finy, le Procureur Syndic de la Ville ayant commencé à crier</hi> Vive le
            Roy<hi rend="i">, le nombre infiny de monde qui remplissoit cette grande Eglise,
            continua la mesme acclamation, que les Orgues &amp; les Trompetes redoublerent par leurs
            fanfares. Sur les huit heures, les Tours de l'Hostel de Ville parurent toutes
            brillantes, par la quantité des Lumieres dont elles furent couvertes, &amp; ce fut comme
            un signal à tous les Particuliers pour en mettre à leurs Fenestres. Une heure apres,
              M<hi rend="sup">r</hi>s les Jurats estant sortis de l'Hostel de Ville avec leurs Robes
            de cerémonie, précedez des Tambours, des Fifres, des Trompetes, des Hautbois, &amp; des
            Violons, &amp; accompagnez de plus de deux cens Officiers de Quartier, se rendirent
            devant un grand Feu qu'ils avoient fait allumer sur le Fossé vis-à-vis le College des
            Jesuites. Il fut allumé par le plus ancien Jurat au son de la Cloche, &amp; de tous ces
            Instrumens, &amp; au bruit des Boëtes &amp; des Petards. Aussitost chaque Particulier en
            fit un devant sa Porte. Il y eut en beaucoup d'endroits des Fontaines de Vin, qui
            coulerent une partie de la nuit, &amp; on ne se contenta pas ce soir là, &amp; les deux
            autres, d'avoir exécuté l'Ordonnance. Il n'y a point d'Habitant qui n'ait continué
            pendant six jours à faire des Feux devant sa Porte, &amp; à mettre des Lumieres à ses
            Fenestres, en sorte que l'on peut dire que depuis le 20 jusques au 26. il y a eu un jour
            continuel à Bordeaux.</hi></p>
        <p><hi rend="i">Le Vendredy 21. M<hi rend="sup">r</hi> de Ris Intendant, donna le Bal. Il
            envoya des Billets chez toutes les Personnes de qualité, &amp; reçeut la Compagnie dans
            une grand Salle, admirablement éclairée de Flambeaux de cire blanche, dans des Placards
            d'argent &amp; de vermeil, avec des Miroirs, qui par la réflexion des lumieres faisoient
            un tres-bel effet. Douze Violons &amp; douze Hautbois de la Ville, estoient placez sur
            une maniere de Theatre qu'on avoit dressé dans cette Salle, &amp; rien ne manquoit à
            l'ajustement des Dames. Je vous assure que dans le brillant que leur donnoient ce
            soir-là les Diamans &amp; les Pierreries, je trouvay les Bordeloises fort belles, &amp;
            je ne sçay si pour peu que j'eusse eu de panchant à l'inconstance, je n'aurois point
            fait infidelité à la Dame du Royaume qui mérite le mieux d'estre aimée. Les Hommes
            estoient aussi tres-proprement mis. Je vis parmy eux M<hi rend="sup">r</hi> de Landiras,
            que vous connoissez. M<hi rend="sup">r</hi> le Marquis de Ris commença le Bal avec
            Madame de Latrenne. Madame de Bouran, Madame de Sales, Madame de Nord, Mademoiselle
            Carriere, &amp; Mademoiselle Cloisel, se distinguerent par la justesse &amp; la grace de
            leur dance ; &amp; entre les Hommes, on remarqua M<hi rend="sup">r</hi> le Marquis de
            Femel, M<hi rend="sup">r</hi> de Bordes, M<hi rend="sup">r</hi> de Malvirade, &amp; M<hi
              rend="sup">r</hi> de S. Cric. Le Bal ayant duré jusques à minuit, on présenta la
            Collation aux Dames. Elle fut servie par six Hommes, qui portoient toutes sortes de
            Confitures dans six grands Bassins d'argent. Six autres suivoient dans le mesme ordre,
            avec pareil nombre de Bassins de Fruit. Pendant la Collation, on tira des Boëtes dans le
            Jardin, on jetta des Fusées volantes, &amp; la réjoüissance finit par un beau Feu
            d'artifice que M<hi rend="sup">r</hi> de Ris avoit fait faire sur le Fossé du
            Chapeau-rouge, vis-à-vis du Puy-paulin, où il loge. Ce Feu, Madame, sembloit représenter
            un Enfer. Si-tost qu'il fut allumé, il en sortit une infinité de Serpenteaux. On y
            voyoit des Rouës, das Abîmes, &amp; des Goufres de feu, d'où partoient à tous momens des
            Fusées volantes sans nombre. Les trois quarts des Bordelois, &amp; je croy, tous les
            Etrangers, y assisterent. Juges des cris de</hi> Vive le Roy<hi rend="i">.</hi></p>
        <p/>
        <p><hi rend="i">Le Samedy 23. le Chasteau Trompete, le Fort-Loüis, &amp; le Chasteau du Ha,
            firent leur réjoüissance, à laquelle les Marchands Habitans des Chartrons contribuerent,
            en préparant cinquante Pieces de Canon qui avoient esté tirées de leurs Vaisseaux. M<hi
              rend="sup">r</hi>s de l'Admirauté choisirent ce mesme jour pour marquer leur joye. Ils
            firent mettre quantité de Lumieres à tous les Vaisseaux, depuis la Hune jusque sur le
            Pont. Ainsi à l'entrée de la nuit, les Habitans des Chartrons qui sont sur le Port,
            ayant illuminé toutes les Fenestres de leurs Maisons, qui sont la plûpart de trois
            étages, &amp; les Vaisseaux ayant allumé leurs Feux, cela fit voir la plus belle chose
            qu'on se puisse imaginer, toutes ces Lumieres se multipliant, &amp; s'agrandissant sur
            l'eau, par les diverses refléxions que la Riviere en faisoit. Ce fut pendant cette
            Illumination que le Chasteau Trompete, le Fort-Loüis, &amp; le Chasteau du Ha, firent
            trois décharges de tout leur Canon, &amp; autant de leur Mousqueterie. Il y avoit des
            Feux allumez dans toutes les Tours, &amp; sur les Cavaliers, &amp; tous les Soldats y
            estoient sous les armes. Chaque décharge de ces trois Places de guerre, fut de quarante
            coups de Canon, &amp; de cinq cens coups de Mousquets pour chacune, à quoy les Habitans
            des Chartrons répondirent par plus de mille coups de Canon qu'ils tirerent toute la
            nuit, ainsi que tous les Vaisseaux qui avoient de l'Artillerie. Sur les neuf heures du
            soir, M<hi rend="sup">r</hi>s de l'Admirauté firent représenter un Combat naval par
            douze petits Brigantins, qui conduisirent au milieu de la Garonne un grand Bateau
            gaudronné de toutes parts. Ces Brigantins estoient équipez fort proprement. On avoit mis
            dans chacun douze Matelots vestus de Casaques bleuës, avec des Bonnets de mesme couleur.
            Ils mirent le feu à ce grand Bateau, croisant devant &amp; derriere, &amp; tirant des
            Pierriers qu'on avoit mis dans leur Bord, tandis que tous les Vaisseaux faisoient grand
            feu. Comme vous avez veu le Port de Bordeaux, vous sçavez, Madame, que sa longueur qui
            est en Croissant, depuis l'Hôpital general de la Manufacture jusques au bout des
            Chartrons, a pres d'une lieuë d'étenduë ; de sorte que voyant tout le long de la Riviere
            sur la terre &amp; sur l'eau, une multitude prodigieuse de Lumieres, rangées par tout
            avec ordre selon la grandeur &amp; la disposition des Maisons &amp; des Navires où elles
            estoient, il eust esté malaisé de quiter ce grand Spéctacle, sans le bruit de plusieurs
            Boëtes, &amp; l'éclat d'un grand nombre de Fusées, qu'on tira sur les onze heures dans
            la Place du Marché-neuf. C'estoit la Réjoüissance particuliere des Habitans du Quartier
            de S. Michel. Dés le matin, M<hi rend="sup">r</hi> Duribaud qui en est le Capitaine,
            avoit fait dresser dans cette Place une tres-belle &amp; grande Fontaine de Vin. [...]
            La Place estoit toute illuminée, &amp; la belle Pyramide de S. Michel qu'on avoit garnie
            de quantité de Lumieres, &amp; d'où partoient sans cesse des Fusées volantes, ne
            contribua pas peu à son embellissement. Le Feu de joye que l'on y avoit dressé, fut
            allumé par M<hi rend="sup">r</hi> Dumas, Jurat du Quartier. Outre les Lumieres des
            Fenestres, il y avoit en divers endroits de la Place des Feux suspendus en l'air, qui à
            travers la matiere transparente qui les renfermoit, faisoient paroître des Couronnes,
            des Dauphins, &amp; des Vive le Roy, tout lumineux. L'on y tira plus de deux cens
            Boëtes, &amp; plus de deux mille Petards ; &amp; comme le Clocher des Peres de
            l'Observance regarde sur cette Place, ces Religieux, qui avoient chanté le</hi>
          <hi rend="i">Te Deum</hi><hi rend="i">, &amp; fait la Procession chez eux, l'illuminérent
            sur toute la Galerie à la naissance de l'Aiguille, avec des Feux composez de telle
            sorte, qu'ils sembloient estre des tisons ardens, tant la lumiere qu'ils produisoient
            estoit diférente des autres Lumieres. Les principaux Habitans de ce Quartier
            accompagnerent le Jurat chez luy avec les Hautbois &amp; les Violons, firent dancer les
            Dames en divers endroits ; &amp; pour porter aussi la joye chez les plus infortunez, ils
            donnerent une somme d'argent considérable aux Dames de la Charité, pour la distribuer
            aux Nécessiteux de la Paroisse. Ce mesme jour 22. ceux du Quartier de Sainte Colombe
            firent une Grote au derriere de cette Eglise. Il en sortoit deux Fontanes, l'une de Vin,
            &amp; l'autre de Biere, à travers de tres-beaux Coquillages, &amp; des Fleurs de toutes
            sortes. Tout ce jour, &amp; le lendemain, ils firent de grandes réjoüissances. Il y eut
            chaque fois un Feu d'artifice, dont le dessein estoit l'embrazement d'un Chasteau. La
            Grote estoit éclairée par des Feux qui parurent dans des Machines d'une figure toute
            particuliere. M<hi rend="sup">r</hi>s du Pont de S. Jean firent aussi deux Fontaines de
            Vin dans leur Quartier. Tout le jour on y donna du Pain, du Vin, &amp; de la Viande, à
            tous les Pauvres ; &amp; le soir on fit joüer un Feu d'artifice représentant un
            Vaisseau, qui tira plus de deux mille Petards.</hi></p>
        <p><hi rend="i">Le Dimanche 23. on entendit les Tambours &amp; les Fifres qui batoient la
            marche à la Dragonne, &amp; l'on apperçeut une Compagnie de Cent Maistres à cheval
            tres-bien ordonnée. Ils se promenerent par toute la Ville, doublant les Rangs dans les
            larges Ruës, &amp; formant des Défilez dans les étroites. Cinquante de ces Messieurs
            marchoient devant les autres derriere, &amp; dans le milieu estoient deux Chariots
            couverts de Tapisseries, sur lesquels on avoit dressé des Tables, garnies
            tres-proprement de toute sorte de Viandes. Ces deux Chariots estoient suivis de quatre
            Mulets, portant le Bagage. Vous pouvez croire que les Bouteilles de Vin n'y manquoient
            pas, pour boire à la santé de la Famille Royale, ce que l'on faisoit de temps en temps.
            Cette mesme Compagnie, qui estoit du Quartier de la Porte S?. Julien, par où toutes les
            Charetes des Couziots, Païsans des Landes, entrent dans la Ville tous les Vendredis
            &amp; Samedis, quelquefois au nombre de quatre cens, avoit eu soin les deux derniers
            jours d'arrester tous les Bouviers en entrant &amp; en sortant, pour les faire boire à
            la santé du Roy, &amp; du nouveau Prince, afin qu'ils portassent dans leurs Landes la
            joye que cette heureuse Naissance inspiroit partout. Le soir ils allumerent un Feu dans
            la Place des Augustins, tirerent des Boëtes &amp; des Petards, tandis que ces Peres
            firent la Procession chacun un Cierge à la main, &amp; qu'ils chanterent le</hi>
          <hi rend="i">Te Deum</hi><hi rend="i">. Vous avez impatience sans doute d'apprendre ce que
            firent les Minimes vos Directeurs. Un grand Bucher estoit dressé dans leur Court, où
            s'estant rendus en Chapes, le Supérieur y mit le feu, &amp; au son des Cloches ils
            chanterent le</hi>
          <hi rend="i">Te Deum</hi> &amp; l'Exaudiat<hi rend="i">. Toutes les Fenestres des deux
            Dortoirs qui regardent sur la Ville, &amp; l'entrée de leur Court, estoient éclairées.
            Si-tost qu'ils furent rentrez, on entendit de quatre divers endroits de leur Convent,
            une afreable décharge de Mousqueterie, mais avec un si bel ordre, que l'on ne tiroit
            jamais deux coups de suite dans le mesme lieu. Pour mieux observer cet ordre, ils
            avoient fait comme quatre Bateries. La principale estoit au haut de l'Eglise, les deux
            autres dans les Dortoirs, &amp; la quatriéme aux Fenestres de leur Biblioteque. Les
            Carmes allumerent aussi un Feu devant leur Convent, mirent des Lumieres à leur Clocher,
            &amp; firent la Procession, tandis que ceux qui demeurent sur le Fossé des Taneurs
            soupoient dehors à une Table commune, &amp; donnoient à boire &amp; à manger à tous deux
            qui s'approchoient. Enfin, Madame, dans tous les Convents on a fait des Prieres pour le
            Roy &amp; pour la Maison Royale. Les Ecoliers mesme des Jesuites avancerent leurs
            Affiches, &amp; tous leurs Ouvrages furent à l'honneur du Roy, de Monseigneur le
            Dauphin, &amp; de Monseigneur le Duc de Bourgogne.</hi></p>
        <p><hi rend="i">Ce mesme jour, M<hi rend="sup">r</hi>s les Jurats firent éclater leur
            magnificence. Depuis le matin jusques au soir, on n'entendit à l'Hostel de la Ville que
            fanfares de Trompetes, de Hautbois, &amp; de Violons. Ils donnerent le Bal aux Dames.
              M<hi rend="sup">r</hi> de Ris y estoit. La Compagnie fut reçeuë dans une Salle
            tres-belle &amp; tres-grande, tenduë d'une riche Tapisserie, &amp; ornée de quantité de
            Plaques d'argent, de Lustres de cristal, &amp; de vermeil doré. Les Lumieres qui
            estoient en tres-grand nombre, firent paroistre les Dames avec un éclat extraordinaire ;
            &amp; les mesmes Personnes qui s'estoient fait remarquer chez M<hi rend="sup">r</hi> de
            Ris, se distinguerent encor à l'Hostel de Ville. M<hi rend="sup">r</hi> Jegun commença
            le Bal avec Madame l'Intendante. Il dura pres de quatre heures, apres quoy M<hi
              rend="sup">r</hi>s les Jurats firent passer tout ce beau monde dans une autre grande
            Salle tapissée, &amp; éclairée de la mesme sorte que celle où l'on venoit de dancer. J'y
            vis, Madame, une Table de quatre vingt Couverts, sur laquelle on servit un Ambigu de
            toute sorte de Viandes exquises, de Fruits, &amp; de Confitures. C'estoit quelque chose
            de magnifique, mais je n'admiray pas tant la magnificence que l'ordre de ce Repas. Les
            Dames seules estoient assises à table, &amp; la discretion des Cavaliers fut si grande,
            que vous-mesme, Madame, qui estes tres-délicate sur ce Chapitre, vous auriez esté
            charmée de leur respect. Les Santez du Roy, de Monseigneur le Dauphin, &amp; de
            Monseigneur le Duc de Bourgogne, furent beuës avec beaucoup de solemnité ; &amp; les
            Trompetes, les Hautbois, &amp; les Violons, joüerent dans tout le temps du Repas. Lors
            qu'il fut finy, on se plaça aux Fenestres pour voir tirer le Feu d'artifice, qui eut
            tout le succés qu'on en attendoit. On l'avoit dressé à un coin du College des Jesuites,
            &amp; vis-à-vis d'une grande</hi> M<hi rend="i">achine quarrée de trente pieds de
            hauteur, placée à l'autre coin du mesme College. Cette Machine avoit deux grands
            Portiques, arvores des Armes de France, de Baviere, &amp; de l'Hostel de Ville. Au
            dessus de ces Portiques estoient deux Croissans qui représentoient le Port de Bordeaux.
            Dans le haut de la Machine, on découvroit la Riviere de Garonne, couverte de Vaisseaux
            &amp; de</hi> D<hi rend="i">auphins, qui dans un mouvement continuel, à la lueur d'un
            nombre incroyable de Lumieres, faisoient un effet tres-surprenant. Il y avoit dans le
            bas quatre</hi> F<hi rend="i">ontaines de Vin, deux de blanc, &amp; deux de rouge, que
            quatre Dauphins, qui sembloient sortir du fond de cette Riviere, jettoient par cinq
            tuyaux dans quatre Bassins, où tout le monde puisoit dans distinction. Le</hi> F<hi
            rend="i">eu d'artifice représentoit la mesme chose, &amp; l'on avoit placé l'un &amp;
            l'autre avec tant de justesse, que quand la grande Machine fut illuminée, &amp; qu'on
            fit joüer le Feu, la Court du College parut comme un enfoncement reculé, au fond duquel
            on voyoit une tres-belle Perspéctive d'un Feu tout diférent, par le soin que les
            Jesuites avoient pris, de faire briller diversement les Lumieres qu'ils avoient placées
            en tres-grand nombre sur toutes les Fenestres qui regardent cette Court.</hi></p>
        <p><hi rend="i">M<hi rend="sup">r</hi>s les Jurats, qui avoient commencé le Jeudy 20. par le
            Feu de joye, avoient prétendu finir le Dimanche 23. par celuy d'artifice ; mais M<hi
              rend="sup">r</hi>s les Juge &amp; Consuls, &amp; les Bourgeois qui ont passé dans les
            Charges qui composent le Corps de la Bource, aussi bien que les Bourgeois Marchands des
            Chartrons, les prierent d'agréer qu'ils fissent leurs Réjoüissances particulieres. Ainsi
            ils prolongerent leur Ordonnance, de deux autres jours, &amp; Bordeaux chomma la Feste
            de S. Loüis, quoy qu'elle ne soit point de commandement dans le Diocese. Le Lundy 24.
            ayant donc esté donné aux</hi> M<hi rend="i">archands des Chartrons, pour faire leur
            Feste, ils la commencerent dés le matin par plusieurs décharges de Canon. M<hi
              rend="sup">r</hi>s Renut, Delbreil, Ras, Bongard, &amp; Boët, tenoient table ouverte,
            &amp; devant cette belle Maison qu'on bâtissoit lors que vous estiez icy, ils avoient
            fait faire une Fontaine de Vin de Grave, qui sortoit de dessous terre par deux gros
            tuyaux. [...] Les Flamands &amp; les Anglois, &amp; quantité d'autres Etrangers, firent
            honneur à cette Fontaine, &amp; luy tinrent compagnie depuis le matin jusques au soir.
            Ce fut une assez plaisante chose. Au commencement chaque Nation dançoit à sa mode, &amp;
            entonnoit des Chansons que peu de Personnes entendoient. La fin en estoit toûjours
            un</hi> Vive le Roy de France<hi rend="i">, qui prononcé en plusieurs sortes de Langues,
            &amp; articulé avec des accens diférens, faisoit un Concert des plus extraordinaires.
            [...] Le soir les divertissemens parurent dans tout leur éclat. Ces Messieurs firent des
            Illuminations beaucoup plus grandes que celles du Samedy. On avoit dressé des Tables
            tout le long de leurs Maisons, c'est à dire de la longueur de plus d'un quart de lieuë,
            &amp; sur les neuf heures ils se mirent tous à table avec leurs Amis, Femmes &amp;
            Enfans, &amp; souperent au son des Violons &amp; des Hautbois, tandis qu?on fit huit
            décharges de quatre-vingt Pieces de Canon, que l'on avoit divisées en quatre Bateries,
            qui se répondoient successivement. [...] Apres soupé, il y eut Bal en divers endroits,
            des Hautbois &amp; des Violons par tout, &amp; toute la nuit se passa de cette
            sorte.</hi></p>
        <p><hi rend="i">Dés ce soir 24. le Corps de la Bource commença sa Feste par le bruit des
            Fifres, des Tambours &amp; des Trompetes, qui se firent entendre à la Place du Change
            &amp; dans tous les Lieux voisins. M<hi rend="sup">r</hi> de Lamarque, qui en est Juge
            cette année, donna le Bal aux Dames Bourgeoises, &amp; une magnifique Collation, apres
            laquelle il fit allumer un Feu de joye devant sa Maison. [...]</hi></p>
        <p><hi rend="i">Le Mardy 25. Feste de Saint Loüis, qui estoit le jour choisy pour la
            Réjoüissance du Corps de la Bourgoisie dans l'Hostel de la Bource, M<hi rend="sup"
              >r</hi>s les Juge &amp; Consuls en charge, avec tous les anciens Juge &amp; Consuls,
            tous en Robe, &amp; les Conseillers en Manteau, se rendirent sur les neuf heures dans
            leur Chapelle, où la Messe fut celebrée par M<hi rend="sup">r</hi> le Curé de S. Pierre,
            pendant qu'une excellente Musique chanta diférens Motets. Apres la Messe, la mesme
            Musique chanta le</hi>
          <hi rend="i">Te Deum</hi> &amp; l'Exaudiat<hi rend="i">, &amp; en suite quarante Canons se
            firent entendre. [...] Afin qu'il n'y eust personne qui ne ressentist la joye publique,
            ces Messieurs firent régaler pendant tout ce jour, tous les Prisonniers qui se
            trouverent dans les Prisons du Palais. Vous avez veu la Bource, Madame, &amp; vous avez
            pû y remarquer une grande Place au bas, qu'on nomme effectivement la Place, à cause que
            c'est l'endroit où tous les Marchands s'assemblent. Je ne sçay si vous avez pris garde
            qu'il y a autour de cette Place quatre Allées bien voûtées, &amp; pavées de grands
            Carreaux de marbre. Ces Messieurs firent faire de ces Allées quatre Places, qui furent
            meublées de Tapisseries &amp; de Fauteüils. On y entroit par la Porte qui regarde la
            Place du Palais. Aux costez de cette Porte estoient deux Forests sombres, d'où deux
            Fontaines de Vin sortoient. Les Hautbois &amp; les Violons furent placez de telle
            maniere, qu'on pouvoit dancer tout-à la-fois en quatre lieux diférens. C'est ce qu'on
            fit pendant tout le jour ; mais le soir, M<hi rend="sup">r</hi>s de la Bource donnerent
            le Bal en forme aux Dames Bourgeoises. Plusieurs Personnes de qualité s'y trouverent,
            &amp; j'y vis M<hi rend="sup">r</hi> l'Intendant &amp; Me l'Intendante. [...] Apres que
            l'on eut dancé pendant quatre heures, on pria la Compagnie de vouloir monter en haut. Il
            y avoit deux Tables de quarante Couverts chacune, dressées dans la Salle de l'Audience,
            &amp; deux semblables dans la Salle des Parties. On servit sur toutes les quatre une
            magnifique Collation, mêlée de Viande, de Fruit, &amp; de Confitures. La Façade de la
            Bource qui regarde la Riviere, estoit remplie de Lumieres jusques sur le toit, &amp;
            l'on avoit ajoûté à la Galerie qui regne le long de cette Façade, une espece
            d'Amphitheatre, afin d'y pouvoir placer la Compagnie, pour voir le Feu d'artifice dressé
            sur le Quay Bourgeois, &amp; celuy qui estoit sur deux grands Bateaux au milieu de la
            Riviere. M<hi rend="sup">r</hi> &amp; Madame de Ris, M<hi rend="sup">r</hi>s les Jurats,
            &amp; toutes les Dames qui avoient esté priées à cette Feste, estant montez apres la
            Collation dans les Places qu'on leur avoit préparées, furent agreablement surpris de
            voir la Riviere toute couverte de Bateaux bordez de Lumieres, avec des Fares ou Fanaux
            de diférentes couleurs. Les Trompetes ayant donné le signal, on commença au bruit des
            Tambours &amp; des Fifres, la décharge de trente Boëtes, d'autant de Canons qui estoient
            sur le Port, de ceux des Vaisseaux, &amp; d'un tres-grand nombre de Petards, qui faisant
            l'effet de la Mousqueterie, formoient une Attaque réguliere d'un Fort, dressé sur le
            Quay avec son Donjon carré. [...] On fit trois Attaques. A la derniere, tout le Feu fut
            allumé, &amp; ce fut un éclat terrible, comme si le Canon de dehors eust donné dans le
            Magazin des Poudres du Fort. Alors les Tambours &amp; les Trompetes redoublerent leurs
            fanfares, &amp; en mesme temps on vit sortir du milieu de la Riviere quantité de Fusées
            volantes, pour servir de Prélude au feu qui fut mis par la derniere à celuy qui estoit
            dressé sur les deux Bateaux dont j'ay parlé. Il fut d'une beauté surprenante.
            L'invention en estoit deuë à M<hi rend="sup">r</hi> Sage. Cent petits Brigantins
            couverts de tous costez de Lumieres, vinrent faire autour de ce Feu plusieurs décharges
            de Canon &amp; de Mousqueterie, pendant que d'autres voguoient au bord de la Riviere
            pour faire entendre, les uns de doux Concerts de Musique, &amp; les autres des
            Trompetes, des Hautbois, des Violons, des Flûtes douces ; enfin, Madame, toute sorte
            d'Instrumens, qui faisoient une Simphonie toute charmante. [...]</hi></p>
        <p>LE MEDECIN BLAYOIS B.D.</p>
        <p/>
        <p>Je croy, Madame, que vous tomberez d'accord qu'il n'y a rien de plus singulier que cette
          Relation. Sa longueur est cause que je tâcheray de retrancher les circonstances qui
          n'auront rien de particulier dans les Festes des autres Villes.</p>
      </div>
      <div type="article" xml:id="MG-1682-09b_064">
        <head>[Réjouissances à Rennes, Nantes et Brest pour la naissance du duc de
          Bourgogne]*</head>
        <bibl><title>Mercure galant</title>, septembre 1682 (seconde partie) [tome 10], p.
          64-66.</bibl>
        <p/>
        <p>Celles de Rennes en Bretagne ont paru avec grand éclat par la présence de M<hi rend="sup"
            >r</hi> le Duc de Chaunes, Gouverneur de la Province. Apres qu'on y eut chanté le <hi
            rend="i">Te Deum</hi> avec beaucoup de solemnité, il alluma un grand Feu qui avoit esté
          préparé dans la Place, &amp; le soir il en fit joüer un d'artifice qui attira l'admiration
          d'un nombre infiny de Spéctateurs. On l'avoit dressé dans un Pré qui est entre le Cours
          &amp; le Rampart de la Ville. Toutes les Maisons furent illuminées pendant trois jours,
          &amp; plusieurs Fontaines de Vin coulerent en divers endroits par les ordres de ce Duc.
          Toutes les Personnes de qualité, &amp; les Bourgeois mesmes, marquerent leur joye par des
          Tables servies dans les Ruës. Nantes &amp; Brest en ont donné de semblables témoignages,
          &amp; surtout cette derniere, par le grand feu des Canons de terre &amp; des
          Vaisseaux.[...]</p>
      </div>
      <div type="article" xml:id="MG-1682-09b_068">
        <head>[Réjouissances à Vannes pour la naissance du duc de Bourgogne]*</head>
        <bibl><title>Mercure galant</title>, septembre 1682 (seconde partie) [tome 10], p. 68,
          74-81..</bibl>
        <p/>
        <p>M<hi rend="sup">r</hi> l'Evesque de Vannes fit chanter le <hi rend="i"><hi rend="i">Te
              Deum</hi></hi> dans sa Cathédrale le 13. de l'autre mois, en présence du Parlement de
          Bretagne, &amp; de tous les autres Corps de la Ville. On fit de grandes distributions de
          Pain &amp; de Vin, sur tout à la Porte de M<hi rend="sup">r</hi> le Premier Président, qui
          fit paroistre son zele avec tout l'éclat possible. [...]</p>
        <p>Je passe à la Cerémonie qui s'est faite en ce lieu là pour le Voyage de Madame la
          Dauphine. M<hi rend="sup">r</hi> l'Evesque de Vannes estant arrivé sur les dix heures au
          Convent des Carmes de Sainte Anne, la Procession commença une heure apres par la marche de
          quarante Religieux dans le Cloistre de ces Peres. Ils estoient suivis du Clergé des
          Paroisses convoquées, &amp; de quantité d'autres Ecclesiastiques. Ce Prélat fermoit la
          marche assisté des Chanoines &amp; des Dignitez de sa Cathédrale. Il s'arresta à la Porte
          de l'Eglise pendant que les Religieux s'avancerent jusqu'au grand Portail du Cloistre fait
          pour les Pelerins, nommé <hi rend="i">Scala Sancta</hi>, parce qu'il est basty sur le
          modele de celuy de Rome. Ce Portail estoit orné de Festons, Pantes, &amp; Girandoles de
          Laurier, avec des Couronnes du mesme Laurier sur les Armes de Leurs Majestez, Monseigneur
          le Dauphin, &amp; de Madame la Dauphine. A l'entrée de ce grand Portail, les Religieux
          rencontrerent la Bourgeoisie d'Avray sous les armes. Elle étoit divisée en quatre
          Compagnies par les ordres du Syndic &amp; des Echevins de la Ville, &amp; précedoit les
          Juges Magistrats de la Juridiction Royale en Robes de Cerémonie. Les Officiers qui
          conduisoient cette Milice l'ayant rangée en deux hayes, le Pere Prieur des Carmes de
          Sainte Anne, accompagné des Prieurs des Carmes de Ploermel, de Hennebone, &amp; du
          Bondon-lez-Vannes, vint complimenter Madame de la Bedoyere sur le Voeu qu'elle venoit
          rendre au nom de Madame la Dauphine, &amp; luy dit en finissant, <hi rend="i">Que ne
            manquant plus à toutes les merveilleuses qualitez du meilleur &amp; du plus grand Roy du
            monde, que celle de Grand-Pere; Sainte Anne, Ayeule du Roy des Roys, la luy avoit
            obtenuë, &amp; la luy conserveroit pendant de longues années</hi>. Apres cela les
          Religieux reprirent leur marche vers l'Eglise, dont le Frontispice estoit de deux grands
          Corps d'Architecture, qui tenoient toute la hauteur &amp; la largeur de la face de ce
          Temple. Au milieu paroissoit une riche figure de Sainte Anne en relief : Les mesmes Armes
          du portail du Cloistre y estoient entre-mêlées avec divers Chifres, Emblémes, Devises
          &amp; autres ornemens à l'honneur du Roy, de Monseigneur le Dauphin &amp; de Monseigneur
          le Duc de Bourgogne. Madame de la Bedoyere, précedée par plusieurs Concerts de Voix &amp;
          d'Instrumens, arriva à cette entrée, où s'estant mise à genoux sur un Carreau préparé,
          elle présenta la Lampe à M<hi rend="sup">r</hi> l'Evesque de Vannes. Si-tost que ce Prélat
          l'eut reçeuë, il commença le <hi rend="i">Te Deum</hi>, &amp; ensuite celebra la Messe
          avec ses Habits Pontificaux. Elle fut réponduë par la Symphonie, &amp; par le Clergé
          Séculier &amp; Régulier. La Messe estant achevée, M<hi rend="sup">r</hi> l'Evesque précedé
          du mesme Clergé, &amp; suivy des Juges &amp; Magistrats d'Avray, vint où l'on avoit dressé
          un grand Feu, &amp; il l'alluma au son des Cloches, des Timbales, des Trompettes &amp; des
          Tambours. Il se fit plusieurs décharges de Canons, de Boëtes, &amp; de la Mousqueterie de
          la Milice d'Avray, parmy les cris de Vive le Roy, qui retentissoient de tous costez par le
          concours de plus de vingt mille Personnes qui s'étoient renduës à cette cerémonie. La Tour
          de l'Eglise qui est fort haute, parut le soir toute en feu, &amp; on tira un grand nombre
          de Fusées &amp; de toute sorte d'Artifices.</p>
        <p>Comme tout ce qui se fait présentement est à la loüange de Monseigneur le Duc de
          Bourgogne, les Musiciens n´ont pas manqué de mettre en air des Paroles sur cet auguste
          sujet. En voicy que je vous envoye notées. Elles sont de M<hi rend="sup">r</hi> Daubaine. </p>
        <quote>
          <label>AIR NOUVEAU.<note resp="author" place="margin"><hi rend="i">Avis pour placer les
                Figures</hi> : l’Air qui commence par <hi rend="i">Favoris d'Apollon</hi>, doit
              regarder la page 82.</note></label>
          <lg>
            <l rend="i">Favoris d'Apollon, Messieurs les beaux Esprits,</l>
            <l rend="i">Par vos sçavans Ecrits</l>
            <l rend="i">Celébrez l'heureuse Naissance</l>
            <l rend="i">Du Prince, dont les Cieux font présent à la France.</l>
            <l rend="i">Bacchus est ma Divinité.</l>
            <l rend="i">Je remplis une place</l>
            <l rend="i">A la Table mieux qu'au Parnasse,</l>
            <l rend="i">Mon partage sera de boire à sa santé.</l>
          </lg>
          <ref target="images/1682-09b_068.JPG">
            <figure>
              <graphic url="images/1682-09b_068.JPG"/>
            </figure>
          </ref>
        </quote>
      </div>
      <div type="article" xml:id="MG-1682-09b_082">
        <head>[Vers sur l’illumination des galeries du Louvre.]*</head>
        <bibl><title>Mercure galant</title>, septembre 1682 (seconde partie) [tome 10],
          p. 82-86.</bibl>
        <p>Cette Naissance a donné lieu à ces autres Vers, dont vous trouverez le tour aisé. Ils
          sont faits sur l’Illumination des Galeries du Louvre, &amp; le Feu tiré sur l’eau le jour
          de la Feste de S. Loüis.</p>
        <quote>
          <lg>
            <l rend="i">Des que le Soleil fut sous l’onde,</l>
            <l rend="i">La premiere Ville du monde</l>
            <l rend="i">Vn appareistre en un instant</l>
            <l rend="i">Un Palais d’un or éclatant,</l>
            <l rend="i">Tel qu’est le Temple de la Gloire</l>
            <l rend="i">Peint par les Pilles de mémoire,</l>
            <l rend="i">Ou dans son pompeux appareil,</l>
            <l rend="i">Le riche Palais du Soleil.</l>
            <l rend="i">Une Architecture excellente,</l>
            <l rend="i">Toute lumineuse &amp; brillante,</l>
            <l rend="i">Ravissoit par sa nouveauté,</l>
            <l rend="i">Aussibien que par sa beauté.</l>
            <l rend="i">La Nuit ostant ses sombres voiles,</l>
            <l rend="i">Montra des millions d’Etoiles,</l>
            <l rend="i">Qui n’estoient point du Firmament,</l>
            <l rend="i">Et tout parut enchantement.</l>
            <l rend="i">Tous les Elémens sont en guerre,</l>
            <l rend="i">Le Feu sort de l’Eau sur la Terre,</l>
            <l rend="i">L’Air retentit de toutes parts.</l>
            <l rend="i">La Paix craignit que ce fust Mars,</l>
            <l rend="i">Ou que Jupiter en colere</l>
            <l rend="i">Vinst foudroyer nostre Hémisphere,</l>
            <l rend="i">Mais des Dauphins brûlans nageoient,</l>
            <l rend="i">Et d’autres en l’air voltigeoient,</l>
            <l><hi rend="i">Qui disoient,</hi> ce n’est que la joye</l>
            <l>D’un Duc que le Ciel nous envoye,</l>
            <l>Duc par tant de vœux souhaité,</l>
            <l>Duc qui vaut une Majesté.</l>
            <l rend="i"> Un Cahos d’ombre &amp; de lumiere</l>
            <l rend="i">Refléchissoit sur la Riviere,</l>
            <l rend="i">Couverte de mille Bateaux,</l>
            <l rend="i">Mais qui n’osoient troubler ses eaux,</l>
            <l rend="i">De peur d’effacer les Images</l>
            <l rend="i">Qu’envoyoient tous ces beaux Rivages.</l>
            <l rend="i">Des Jets de feu frapant les Cieux,</l>
            <l rend="i">Surprenoient, &amp; charmoient les yeux.</l>
            <l rend="i">En cent figures diférentes,</l>
            <l rend="i">De longues flâmes ondoyantes,</l>
            <l rend="i">Tantost calmes, tantost bruyantes,</l>
            <l rend="i">Se mestoient au doux son des voix</l>
            <l rend="i">Des Trompetes &amp; des Hautbois,</l>
            <l rend="i">Lors que la Nymphe de la Seine</l>
            <l rend="i">Empruntant une voix humaine,</l>
            <l rend="i">Prononça clairement ces mots,</l>
            <l rend="i">Que repéterent les Echos.</l>
            <l>Nouveau Prince, dont l’origine</l>
            <l>Toute grande, toute divine,</l>
            <l>Vous montre tant &amp; tant de Roys</l>
            <l>Dignes du Sceptre des François,</l>
            <l>Plusieurs Loüis, un Charlemagne,</l>
            <l>Un Henry, terreur de l’Espagne,</l>
            <l>Vainqueur de ses propres Sujets,</l>
            <l>Qui m’enrichit de ses bienfaits,</l>
            <l>Vous sçaurez bientost leur Histoire ;</l>
            <l>Mais pour aller droit à la gloire,</l>
            <l>Croyez-moy, tous ces Roys si grands,</l>
            <l>Justes, pieux, ou conquérans,</l>
            <l>Leur bonté comme leur puissance,</l>
            <l>Leur valeur, comme leur prudence,</l>
            <l>Enfin tous leurs Faits inoüis,</l>
            <l>Vous les trouverez en LOUIS.</l>
            <l>Cessez, heureux Mortels, d’admirer ces Spéctacles,</l>
            <l>L’Etoile de LOUIS fait bien d’autres miracles.</l>
          </lg>
        </quote>
      </div>
      <div type="article" xml:id="MG-1682-09b_086">
        <head>[Impromptu.]*</head>
        <bibl><title>Mercure galant</title>, septembre 1682 (seconde partie) [tome 10],
          p. 86-87.</bibl>
        <p/>
        <p>L’Inpromptu qui suit a esté fait par M l’Abbé Testu dans un Repas que donna Madame la
          Duchesse de Richelieu.</p>
        <quote>
          <lg>
            <l rend="i">Du Fils, du Pere, &amp; du Grand-Pere,</l>
            <l rend="i">Celébrans le bonheur en ce Banquet fameux.</l>
            <l rend="i">Que le Grand-Pere est grand ! que le Fils est heureux !</l>
            <l rend="i">Du Petit-Fils il n’est rien qu’un n’espere.</l>
            <l rend="i">Il aura les vertus &amp; l’esprit de sa Mere.</l>
            <l rend="i"> Qu’il étonnera nos Neveux,</l>
            <l rend="i">S’il peut encor trouver des Conquestes à faire !</l>
          </lg>
        </quote>
        <p/>
        <p>L’Autheur de la Réponse à cet Inpromptu, n’a voulu marquer son nom que par ces trois
          lettres, M.D.S.</p>
      </div>
      <div type="article" xml:id="MG-1682-09b_087">
        <head>Madrigal sur celui de M<hi rend="sup">r</hi> l’Abbé de Testu</head>
        <bibl><title>Mercure galant</title>, septembre 1682 (seconde partie) [tome 10],
          p. 87-88.</bibl>
        <quote>
          <label>MADRIGAL<lb/>Sur celuy de M<hi rend="sup">r</hi> l’Abbé Testu.</label>
          <lg>
            <l rend="i">Il faut une adresse divine</l>
            <l rend="i">Pour loüer en un Madrigal,</l>
            <l rend="i"> LOUIS, qui n’eut jamais d’égal,</l>
            <l rend="i">Les deux jeunes Héros avec une Héroine.</l>
            <l rend="i">Tant de matiere &amp; tant de choix</l>
            <l rend="i">En sept Vers tout d’une tirade,</l>
            <l rend="i">C’est mettre plus que l’Iliade</l>
            <l rend="i">Dans une Coquille de Noix.</l>
          </lg>
        </quote>
      </div>
      <div type="article" xml:id="MG-1682-09b_088">
        <head>[Aventure.]*</head>
        <bibl><title>Mercure galant</title>, septembre 1682 (seconde partie) [tome 10],
          p. 88-125.</bibl>
        <p/>
        <p>Si le plaisir de s’estre vangé fait oublier beaucoup de malheurs, ils sont bien
          sensibles, quand on s’y expose volontairement, sans qu’on en tire aucun fruit. Jugez par
          là de ce que soufre la Dame dont vous allez voir l’Avanture. Elle est écrite par une
          Personne qui connoist les Gens intéressez, &amp; qui m’assure qu’elle est veritable dans
          toutes ses circonstances. Je n’y ay changé, ny ajoûté aucun mot.</p>
        <p>Un jeune Marquis fort bien fait, tres-aimable de sa personne, &amp; aussi aimable par les
          qualitez de son esprit, conçeut de l’amour pour une Brune qui estoit d’un agrément dont on
          ne se pouvoit aisément défendre. Tout brilloit en elle. Ses moindres actions avoient un
          charme particulier. C’estoient les manieres du monde les plus engageantes, &amp; les plus
          honnestes. En voila beaucoup, aussi son mérite n’alloit point plus loin. Elle avoit dans
          le fond de l’esprit, je-ne-sçay-quoy d’aigre &amp; de rude, qui ne se découvroit qu’à la
          longue, &amp; que sa douceur apparente déguisoit assez bien. Sur tout, elle avoit les
          passions d’une vivacité extraordinaire, &amp; dés que son cœur estoit émû, elle estoit
          sujette à ne sçavoir pas trop bien ce qu’elle faisoit. Le Marquis crut d’abord avoir
          trouvé dans la belle Brune une Personne accomplie. Jamais passion ne commença avec plus
          d’ardeur que la sienne. Il eust juré qu’il estoit amoureux pour le reste de sa vie.
          D’autre costé, la Demoiselle ne fut pas tout-à-fait insensible aux soins, &amp; aux
          assiduitez du Marquis. Je parle selon ce qui paroissoit, car au fond, la verité est
          qu’elle vint à l’aimer autant qu’elle en estoit aimée. Il n’estoit plus question que
          d’ajuster toutes choses pour le Sacrement. Cependant le caractere de la Belle commence à
          se déclarer peu à peu ; aujourd’huy un petit trait d’aigreur, demain un autre. Elle se
          ménageoit moins avec le Marquis dont elle se tenoit seûre, &amp; elle avoit l’imprudence
          d’estre quelquefois assez naturelle. Ce n’estoit plus aux yeux du Marquis cette Fille si
          parfaite, dont il avoit esté charmé, l’illusion se dissipoit de jour en jour. Ce qu’il
          découvroit en approfondissant, le desabusoit de ce qui luy avoit d’abord sauté aux yeux.
          Sa passion estoit déja bien ébranlée dans son cœur, &amp; il estoit tout disposé à un
          changement, lors qu’une nouvelle rencontre acheva de l’y déterminer tout-à-fait. Cette
          Demoiselle avoit une Amie, qui vint alors à Paris avec son Pere. C’estoit un Comte fort
          connu par l’ancienneté de sa Maison, par ses Biens, &amp; mesme par la figure qu’il avoit
          faite autrefois à l’Armée. Il estoit veus, assez âgé, mais encor galant, &amp; Homme du
          monde. Sa Fille n’estoit point encor venuë à Paris, &amp; la premiere Personne qu’elle y
          vit, fut la belle Brune. Le Marquis la trouva chez sa Maîtresse dés la seconde visite
          qu’elle luy rendit, &amp; se sentit déja beaucoup de panchant pour elle. Dans la situation
          où estoit son cœur, c’estoit justement ce qu’il luy falloit ; car rien n’estoit plus
          contraire au caractere de la belle Brune que celuy de la Fille du Comte. Cette derniere
          avoit un air tranquille, accompagné de beaucoup de douceur. Ce qu’elle disoit estoit
          rarement brillant, mais toûjours raisonnable. On voyoit bien que ce qu’elle avoit
          d’honnesteté &amp; d’engageant, n’estoit point pris dans l’usage du monde, mais dans un
          heureux naturel. Elle paroissoit sensible, &amp; tendre, sans paroistre vive. Du reste
          elle avoit plus de beauté qu’il n’en faut pour ne passer que pour agreable, &amp; elle
          estoit trop agreable pour ne passer que pour belle. La premiere fois que le Marquis la
          vit, il en fut fort touché, &amp; luy tint compte de ce qu’elle n’avoit pas les bonnes
          qualitez de la belle Brune, c’est à dire, ce feu, &amp; ce brillant de conversation ; car
          il crut par là, qu’elle n’auroit pas non plus ce que son Amie avoit de mauvais. Ils ne se
          furent pas veus une seconde fois chez la belle Brune, que cette Fille éclairée par sa
          passion, ne s’apperçeut bien de ce qui se passoit dans le cœur du Marquis. Elle luy en fit
          des reproches d’un certain ait, qui eust pû achever de le gagner à la Fille du Comte, si
          la chose n’eust pas esté déja faite. Le Marquis commençoit d’aller de son chef chez cette
          aimable Personne. Il s’estoit mis mesme assez bien avec le vieux Conte, &amp; n’avoit pas
          lieu de désesperer qu’il n’en pust faire autant avec la Fille. Il n’est pas aisé de
          s’imaginer combien la belle Brune prit de haine pour son Amie, &amp; pour le Marquis, mais
          sur tout pour son Amie. L’assiduité des visites du Marquis estoit fort diminuée, mais
          l’air dont il avoit coûtume de les rendre, estoit tout-à-fait passé. En récompense, (mais
          quelle triste récompense !) le Comte alloit souvent chez la belle Brune. Il luy débitoit
          de certaines douceurs de Vieillard, ausquelles elle ne répondoit pas avec grande
          application. Cependant il se fit une affaire sérieuse de ce qui n’en estoit pas une
          d’abord. Le Bon-Homme prit feu. Il conçeut le dessein de plaire, &amp; commença à mentir
          sur son âge. La belle Brune comprit bien de quel usage luy pouvoit estre la passion du
          Comte pour elle. Aussi dés qu’elle s’en apperçeut, elle ne la négligea pas ; au contraire,
          elle s’étudia à se rendre de plus en plus maistresse de l’esprit de ce nouvel Amant. Il
          poussa sa folie jusqu’à songer au Mariage, &amp; jusqu’à en parler à la belle Brune. Elle
          reçeut la proposition d’une maniere à faire croire qu’elle se pourroit rendre, &amp; le
          Comte fut plus enflâmé que jamais. Le dessein de cette adroite Personne, estoit de tâcher
          à rengager le Marquis, &amp; à l’arracher à sa nouvelle inclination ; mais si elle n’en
          pouvoit venir à bout, elle estoit résoluë à se sacrifier pour se vanger de sa Rivale ; à
          épouser le Comte, pour estre Belle-Mere de sa Fille, &amp; rompre entierement le commerce
          qu’elle avoit avec le Marquis. Justement dans ce temps-là, le Marquis se trouva assez
          avancé aupres de la Belle qu’il aimoit, pour la pouvoir demander à son Pere. Le Comte
          avoit assez de panchant à faire ce Mariage ; mais la belle Brune fut consultée, &amp; elle
          ne manqua pas de s’y opposer. Il est vray qu’elle le fit d’une maniere si fine, que le
          Comte ne démêla pas le veritable motif qui l’y obligeoit. Les mauvais offices qu’elle
          rendit au Marquis, l’éloignerent d’elle encor davantage. Il devint plus impossible que
          jamais qu’elle se ressaisist de son cœur. Quand elle fut une fois bien persuadée qu’elle
          avoit perdu le Marquis sans ressource, elle ne pensa plus qu’à sa vangeance, &amp; elle
          fut mesme obligée d’y penser promptement, parce qu’elle voyoit le Comte fort disposé à
          donner sa Fille au Marquis, &amp; qu’elle ne se pouvoit pas répondre de rompre toûjours ce
          coup, à moins que d’estre Femme du Comte. Elle prit donc un party si triste pour
          elle-mesme, &amp; se fit autant de mal qu’à ceux dont elle se vouloit vanger. Cependant
          les maux qu’elle souffrit, ne les consolerent point des leurs. Ils les sentirent dans
          toute leur étenduë. Le premier effet du mariage de la belle Brune, fut un ordre que donna
          le Comte à sa Fille de ne plus voir le Marquis La nouvelle Comtesse prit le soin de faire
          executer cet ordre ponctuellement, &amp; elle veilla sur cette aimable Personne avec tant
          d’exactitude, que la feuë Comtesse, quelque sévere qu’elle eust pû estre, eust esté
          assurément contente de la conduite vertueuse &amp; reglée qu’on faisoit tenir à sa Fille.
          Le Marquis &amp; la Maîtresse passoient d’assez mauvaises journées. Ils ne pouvoient ny se
          voir, ny avoir des nouvelles l’un de l’autre. La jeune Comtesse y donnoit bon ordre ; mais
          enfin elle avoit à faire à deux Amans, &amp; deux Amans sont toûjours plus habiles que
          tout le reste du monde. Il sortit de chez le Comte une Demoiselle, à qui on proposa
          ailleurs une meilleure condition. Le Marquis ne perdit pas une occasion qui s’offroit si
          heureusement. Il fit si bien qu’une autre Demoiselle qui estoit toute à luy, entra à la
          place de celle qui estoit sortie. On ne sçeut point qu’elle eust aucune liaison avec le
          Marquis. Elle se garda bien de prononcer jamais son nom ; sur tout, elle marqua pour la
          Fille du Comte, autant d’aversion qu’elle pouvoit en marquer avec le respect qu’elle luy
          devoit, &amp; il n’en fallut pas davantage pour la mettre fort bien en peu de temps aupres
          de sa Maîtresse. Voila donc déja un commerce de Lettres étably entre le Marquis &amp; la
          Belle, par le moyen de cette Fille. C’estoit un grand point dans l’état où ils se
          trouvoient ; mais le Marquis poussa encor plus loin ses espérances, &amp; il crut avoir
          imaginé un stratagême qui le conduiroit à épouser sa Maîtresse, malgré l’obstacle de la
          Belle-Mere. Il fit en sorte qu’il rencontra la jeune Comtesse dans une Maison où elle
          alloit souvent. Il prit devant elle un air fort abatu. Il eut toûjours les yeux attachez
          sur elle. Il luy envoya des regards pleins de tendresse &amp; de douleur, &amp; mesme
          soûpira deux ou trois fois assez à propos pour n’estre entendu que d’elle. La jeune
          Comtesse fit réfléxion sur tout cela, &amp; n’y comprit rien. Elle le rencontre encor une
          fois. Ce furent les mesmes regards, les mesmes soûpirs, le mesme air. Il sortit presque
          aussi-tost qu’elle, &amp; la réjoignant sur l’Escalier, il luy dit assez bas ; <hi
            rend="i">Madame, vous voyez un Malheureux, à qui il ne reste dans sa vie, que le triste
            plaisir de vous voir quelquefois un moment au milieu de vingt Personnes. Encor, à en
            juger par vos autres actions, je doute que vous m’en laissiez joüir longtemps</hi>. Il
          la quitta, en disant ces mots, sans attendre sa réponse, &amp; la mit dans un embarras
          inconcevable. Quel procedé, quels discours estoient-ce-là, pour un Homme qui luy avoit
          fait une infidelité signalée, &amp; à qui en suite elle avoit donné de grands sujets de la
          haïr ! Elle alla conter a sa Demoiselle, qui estoit devenuë sa Confidente, tout ce qui
          s’estoit passé entre le Marquis &amp; elle, depuis le commencement, jusqu’à la rencontre
          sur l’Escalier, &amp; luy demanda ce qu’elle pensoit d’une Avanture si peu ordinaire.
          Madame, luy répondit la Confidente, qui sçavoit bien ce qu’elle avoit à dire ; puis que
          vous voulez que je vous parle avec liberté, il faut que cet Homme-là vous aime. M’aimer !
          s’écria la Comtesse, &amp; il m’a quittée pour une autre, &amp; je ne me suis mariée que
          pour m’en vanger ! Il n’importe, repliqua la Demoiselle, il vous aime, j’en voy des
          marques trop seûres. Il y a eu sans-doute quelque malentendu entre vous. Si j’étois en
          vostre place, je voudrois m’en éclaircir, &amp; voir le Marquis. L’espérance, &amp; le
          conseil que l’on donnoit à la Dame, la flatoient assez ; mais où voir le Marquis ? Elle
          luy avoit elle-mesme fait défendre l’entrée de sa Maison. Le Marquis, instruit par la
          Demoiselle de tout ce qui se passoit, se trouva un jour avec un de ses Amis aux
          Tuilleries, où il sçavoit que devoit aller la Comtesse, avec une autre Dame seulement. Il
          avoit prié son Amy de le servir, dans le dessein qu’il avoit de se promener quelque temps
          teste à teste avec la Comtesse. Elle arrive, &amp; apperçoit le Marquis Il luy fait une
          profonde revérence d’un air fort mélancolique, &amp; passe comme s’il n’eust osé parler à
          elle par respect. Comme elle mouroit d’envie de l’entretenir, elle le suivit d’Allée en
          Allée ; &amp; le Marquis qui s’en appercevoit bien, se laissa enfin atteindre. Dés qu’elle
          fut proche de luy, elle laissa tomber à la fois son Eventail, une Canne, &amp; un Gand,
          afin que de tout ce débris-là, il ne pust pas manquer d’en ramasser quelque chose, &amp;
          qu’il eust de là occasion de luy parler. Le Marquis fit la galanterie avec beaucoup de
          promptitude, &amp; la conversation commença à se lier entre les deux Dames, &amp; les deux
          Cavaliers. Insensiblement on se sépara un peu. Le Marquis demeura avec la Comtesse. Ils ne
          furent pas longtemps à amener la matiere qu’ils vouloient traiter tous deux. Le Marquis se
          plaignit le plus tendrement du monde, de la haine qu’elle luy avoit marquée, en luy
          préferant un Rival, qui ne devoit pas avoir beaucoup de charmes pour elle. Elle ne manqua
          pas de répondre, qu’elle estoit fort surprise qu’il se plaignit des cruautez d’une autre
          que de sa Belle-Fille. Là-dessus le Marquis commença à luy dire, qu’il n’avoit jamais aimé
          la Personne qu’elle luy nommoit ; que son cœur n’avoit jamais renoncé à son premier
          attachement ; &amp; que tout malheureux, tout privé d’espérance qu’il estoit, il n’y
          renonçoit pas encor. Quoy, luy dit la Comtesse, &amp; que vouloient donc dire vos soins
          pour une Rivale ? Que vouloit dire le mépris que vous me fistes paroistre ? Ah ! luy
          répondit-il, que vous penétrastes mal dans un cœur qui estoit tout-à-vous ! Je voulus voir
          si un peu de jalousie n’exciteroit point dans vostre ame des sentimens de tendresse, que
          je n’avois encor pû surprendre ; mais l’artifice dont je me servis, ne fit que me
          convaincre de vostre indiférence. Vous me parustes ravie d’estre défaite de moy, pour ne
          plus songer qu’au Comte, qui pouvoit vous donner un rang plus élevé. La Comtesse
          l’écoutoit avec beaucoup d’étonnement, &amp; de trouble. Elle luy fit des difficultez
          tres-solides, &amp; tres-bien fondées, mais enfin il se tira de tout, &amp; luy prouva
          qu’il l’avoit toûjours aimée, &amp; qu’elle avoit eu grand tort de se marier. Jamais
          Comédien ne s’acquita mieux d’un rôle. Il luy dit des choses à luy fendre le cœur de
          pitié. La pauvre Comtesse demeura toute confonduë, &amp; si elle eut un peu de joye de
          croire que le Marquis ne l’avoit point trahie, elle l’acheta bien cher, par le désespoir
          où elle fut de se trouver mariée mal à propos. Ils convinrent qu’il la verroit chez elle,
          mais qu’il prendroit son temps que le Comte n’y seroit pas, &amp; que l’on cacheroit aussi
          l’intrigue à la Belle-Fille. Il estoit assez difficile qu’elle subsistât longtemps avec
          ces incommoditez ; mais c’estoit justement ce que le Marquis demandoit ; &amp; pour la
          Comtesse, elle ne pouvoit se prendre qu’à elle mesme de la peine qu’elle avoit à voir son
          Amant prétendu. Dés qu’elle fut retournée chez elle, elle pleura abondamment. Elle estoit
          déja assez punie, car le Marquis luy avoit osté par là jusqu’au plaisir de croire qu’elle
          s’estoit vangée ; mais ses desseins ne se bornoient pas à si peu de chose. Il la vit deux
          ou trois fois assez secretement ; mais comme ce n’estoit pas son intention que ses visites
          fussent si secretes, le Comte en eut quelque vent. Aussi-tost tous les soupçons que peut
          former un Mary âgé, luy monterent à la teste. Il s’emporta contre sa Femme, &amp; luy
          défendit absolument de revoir le Marquis. De telles défenses sont toûjours mal observées.
          Le moyen que la Comtesse eust pû se résoudre à se priver de la veuë d’un Amant qu’elle
          croyoit si fidelle ? Il revint la voir, un jour que la Demoiselle de la Comtesse avoit
          fait esperer au Marquis qu’il pourroit estre surpris par le Mary, ainsi qu’il le
          souhaitoit. Les mesures avoient esté prises juste. La Comtesse &amp; le Marquis estoient
          ensemble, lors qu’on leur vint annoncer l’arrivée du Comte. Elle cria qu’elle estoit
          perduë. Le Marquis luy dit qu’elle ne s’étonnast point, &amp; qu’il ne désespéroit pas de
          la tirer d’affaire. Le Mary entre dans la Chambre, &amp; sans regarder presque le Marquis,
          demande à sa Femme, si elle avoit oublié sa défense. Le Marquis prend la parole, &amp; dit
          au Comte, qu’il luy demande pardon de luy avoir donné le moindre chagrin ; que tous les
          entretiens qu’il avoit eus avec la Comtesse, n’avoient roulé que sur les moyens de luy
          faire obtenir sa Fille, pour laquelle il conservoit toûjours une extréme passion ; que la
          Comtesse avoit la bonté de s’intéresser pour luy, &amp; qu’elle luy avoit promis qu’elle
          vaincroit la répugnance qu’avoit le Comte à l’accepter pour Gendre ; qu’il l’avoit
          desabusée sur quelques opinions desavantageuses qu’elle avoit conçeuës de luy, &amp; qui
          l’eussent empeschée de favoriser ses desseins ; qu’enfin ils avoient traité la chose
          secretement, afin que la Comtesse ne pust pas estre suspecte lors qu’elle parleroit pour
          luy, &amp; que le Comte n’eust pas lieu de trouver mauvais qu’il ne se fût pas adressé à
          luy directement. Le Marquis dit tout cela d’une maniere si soûmise, si touchante, &amp; si
          vive, que le Comte sentit aussitost se réveiller en luy l’ancienne inclination qu’il avoit
          euë à en faire son Gendre. De plus il avoit envie de croire ce qu’on luy disoit, &amp; il
          ne demandoit pas mieux que de se persuader que les visites secretes qu’on avoit renduës à
          sa Femme, n’avoient esté que sur le conte de sa Fille. C’estoit en estre quite à bon
          marché. Mais la Comtesse estoit dans un embarras inconcevable. Tout ce qu’on avoit allegué
          pour la justifier, ne luy plaisoit nullement. Elle eust presque autant aimé qu’on eust
          pris moins de soin de sa gloire. Emportée comme elle estoit, &amp; soupçonnant qu’elle
          avoit esté joüée, il ne s’en falut rien qu’elle ne desavoüast le Marquis ; mais ce qu’elle
          eust esté obligée d’avoüer en la place, estoit terrible ; &amp; pour ne pas faire croire
          qu’elle eust donné des rendez-vous à un Amant, elle fut réduite à en passer par où le
          Marquis vouloit, &amp; à dire qu’elle n’avoit d’autre intention que de le marier à sa
          Belle-Fille. Ces paroles luy cousterent beaucoup à prononcer, mais il n’y avoit pas
          d’autre party à prendre. Enfin ces trois Personnes se séparerent dans des sentimens bien
          diférens. Le Marquis estoit fort satisfait. Le Comte ne sçavoit pas encor trop bien s’il
          devoit l’estre, &amp; la Comtesse demeura outrée de douleur. Comme il restoit des
          scrupules dans l’esprit du Comte, il alla aussi-tost trouver la Demoiselle de sa Femme,
          qui n’avoit point esté présente à toute cette conversation. Il luy dit, qu’il venoit de
          surprendre le Marquis avec la Comtesse ; qu’assurément elle sçavoit leur intrigue, &amp;
          qu’il vouloit qu’elle la luy avoüât. La Demoiselle qui estoit habile, &amp; bien
          instruite, se mit à soûrire, &amp; répondit froidement, qu’à la verité elle sçavoit toute
          l’intrigue, mais qu’elle n’estoit pas telle qu’il pensoit ; qu’il ne s’agissoit que de sa
          Fille. Là dessus, elle luy redit tout ce qu’il avoit déja entendu du Marquis. Il fut ravy
          de reconnoistre si clairement l’innocence de sa Femme, par une voix qui ne pouvoit estre
          suspecte. Il ne songea donc plus qu’à faire le Mariage de sa Fille, &amp; du Marquis. La
          Comtesse qui estoit fortement engagée à ne s’y opposer pas, tomba malade de dépit d’avoir
          esté trompée, &amp; fut dispensée par là d’estre d’une Feste si triste pour elle. Elle a
          toûjours son vieil Epoux, &amp; son vieil Epoux ne sert plus à sa vangeance.</p>
      </div>
      <div type="article" xml:id="MG-1682-09b_125">
        <head>[Réjouissances à Montpellier pour la naissance du duc de Bourgogne]*</head>
        <bibl><title>Mercure galant</title>, septembre 1682 (seconde partie) [tome 10], p. 125-130,
          134-137.</bibl>
        <p/>
        <p>Je vous ay déjà parlé des Réjoüissances de beaucoup de Villes pour la Naissance de
          Monseigneur le Duc de Bourgogne. L'heureuse nouvelle, qui en peu de jours en fut par tout,
          n'eut pas esté plûtost apportée à Montpellier, que M<hi rend="sup">r</hi> de la Gresse
          Premier Consul de la Ville, donna tous ses soins, pour s'acquiter dignement de ce qui le
          regardoit. On la fit sçavoir au Peuple par un Cry public, &amp; ce fut par tout une joye
          inexprimable. On commença aussi-tost d'en donner des marques par un <hi rend="i"><hi
              rend="i">Te Deum</hi></hi>, chanté solemnellement dans la Cathédrale. M<hi rend="sup"
            >r</hi> Daguesseau, Intendant de la Province, y assista avec toutes les Compagnies de
          Justice, &amp; les Consuls de la Ville en Robes de cerémonies. M<hi rend="sup">r</hi> de
          la Baume, &amp; M<hi rend="sup">r</hi> de Trémoulet, Commandans dans la Ville &amp;
          Citadelle en l'absence de M<hi rend="sup">r</hi> le Marquis de Castres qui en est le
          Gouverneur, y assisterent aussi, accompagnez de M<hi rend="sup">r</hi> de Villars, Major
          de la Citadelle, &amp; de M<hi rend="sup">r</hi> Darnail, Major de la Ville. La Compagnie
          des Archers du Perroquet, qui est fort nombreuse, se promena avec l'Arc &amp; le Carquois.
          Ils avoient chacun une Echarpe bleuë, garnie de grandes Dentelles or &amp; argent &amp;
          ils marchoient précedez de Violons, de Hautbois, &amp; de Trompetes. On ne peut douter
          qu'une veritable joye ne les animast, puis qu'on vit dans cette Marche des Vieillards âgez
          de plus de 90. ans, faire avec l'Arc &amp; la Fleche les mesmes fonctions des plus jeunes,
          sans qu'aucun d'eux eust voulu s'en dispenser. M<hi rend="sup">r</hi> le Marquis de
          Castres estoit alors à Cazal. Il y apprit qu'il estoit né un Prince à la France, &amp; en
          mesme temps il écrivit à Madame la Marquise de Castres sa Mere, pour la prier d'avoir
          soin, qu'on n'oubliast rien dans son Gouvernement &amp; dans ses Terres, de ce qui pouvoit
          marquer avec grand éclat la joye qu'il sentoit de cette heureuse Naissance. Madame la
          Marquise de Castres, digne Soeur de M<hi rend="sup">r</hi> le Cardinal de Bonzi, quoy que
          retenuë à Villeneuve la Cremade, donna ses ordres si justes, qu'on peut dire, que toute
          absente qu'elle estoit de Montpellier, elle eut plus de part qu'aucun aux Réjoüissances
          qui s'y firent. En effet, le Dimanche 30. Aoust, jour destiné pour les commencer, dés huit
          heures du matin, on vit un tres-beau Feu d'artifice dressé d'une maniere toute ingénieuse,
          devant l'Hôtel de M<hi rend="sup">r</hi> le Gouverneur. [...]</p>
        <p>Sur les neuf heures du soir, M<hi rend="sup">r</hi> de la Baume, Lieutenant de Roy, apres
          avoir assisté au Feu de l'Hôtel de Ville, se mit à la teste des Compagnies des Six
          Quartiers, avec M<hi rend="sup">r</hi> Darnail, Major, &amp; à la clarté de quantité de
          Flambeaux, marcha en cet ordre pour se rendre à un Feu dressé, outre celuy d'artifice,
          devant l'Hôtel de M<hi rend="sup">r</hi> le Marquis de Castres. Il fut reçeu à cinquante
          pas du Feu par le Capitaine des Gardes de ce Gouverneur, suivy de plusieurs Gardes avec
          leurs Casaques, &amp; leurs Mousquetons, &amp; par les Violons, Hautbois, &amp; Trompetes,
          qui à son abord redoublerent leurs Fanfares, &amp; l'accompagnerent jusqu'à ce Feu. Il
          l'alluma avec un Flambeau de Cire blanche, que l'Exempt des Gardes luy presenta. En mesme
          temps on fit joüer quantité de Boetes qui avoient esté posées à cent pas de là. Ce grand
          bruit ayant cessé, on entendit celuy de plusieurs décharges que firent les Gardes, &amp;
          toute la Mousqueterie des Habitans un nombre de plus de six mille ; apres quoy, on
          aperçeut un Dragon, qui descendant d'une Tour, mit le feu à l'artifice, &amp; s'en
          retourna aussi promptement qu'il estoit venu. L'effet en fut admirable, &amp; ce Spéctacle
          dura environ deux heures. [...]</p>
      </div>
      <div type="article" xml:id="MG-1682-09b_142">
        <head>[Réjouissances à Grenoble pour la naissance du duc de Bourgogne]*</head>
        <bibl><title>Mercure galant</title>, septembre 1682 (seconde partie) [tome 10], p. 142-143,
          145-152.</bibl>
        <p/>
        <p>Les Réjoüissances qui se sont faites dans le Dauphiné, ont peut estre plus de droit que
          toutes les autres d'avoir icy un Article à part, puis que le Fils Aîné de France porte le
          nom de cette Province, depuis la Donation que Humbert en fit à la Couronne environ l'an
          1340. Ce Prince joüoit à une Fenestre avec son Fils qui estoit encor Enfant. Il le laissa
          tomber par malheur, &amp; le déplaisir qu'il eut de sa mort, le poussa à se dépoüiller de
          la Domination de Daufiné; mais il voulu éterniser le nom de Dauphin, dans la personne des
          Fils aînez de nos Roys. [...]</p>
        <p>Le douziéme du mois d'Aoust, le son des Trompetes &amp; des Tambours, &amp; le carillon
          des Cloches, annoncerent à la Ville de Grenoble, que Monseigneur le Duc de Bourgogne
          estoit né. Les Feux qu'on alluma dans toutes les Ruës, &amp; les Lumieres dont les
          Fenestres furent éclairées, dissiperent les tenebres de la nuit ; mais ces premieres
          marques d'une joye publique, ne furent que les préludes de ce qui se fit le 16. &amp; le
          17. du mesme mois. Le Lundy qui fut le 16. ce ne furent toute la matinée, que pluyes &amp;
          vents ; mais aussi-tost qu'à deux heures apres midy les Crieurs publics eurent averty le
          Peuple, que le lendemain on solemniseroit cette heureuse Naissance, &amp; que toute la
          Milice eust à se préparer pour paroistre en armes, les orages cesserent, &amp; le plus
          beau temps du monde leur succeda. Aussi les Consuls en voulurent profiter ; &amp; à leur
          sollicitation, cette mesme Milice qui n'estoit ordonnée que pour le lendemain, alla
          trouver M<hi rend="sup">r</hi> le Premier Président, qui commande en Dauphiné en l'absence
          de M<hi rend="sup">r</hi> le Maréchal Duc de la Feüillade Gouverneur, &amp; de M<hi
            rend="sup">r</hi> le Comte Tallard Lieutenant de Roy, &amp; obtint de luy la permission
          de prendre les armes dés ce jour. Jamais en si peu de temps on ne vit tant de monde armé.
          Les Compagnies se rangerent à leurs Postes en bon ordre, &amp; se rendirent le soir sur le
          Pont de pierre, qui est à un bout de la Ville sur la Riviere de Lisere. Les Consuls y
          avoient fait préparer avec assez de promptitude quelques Feux d'artifice, qui furent
          poussez dans les airs, tandis que l'on entendoit un Concert de Fifres, de Tambours, de
          Hautbois, &amp; de Musetes. Il sembloit mesme qu'il y eust encor de l'autre costé de l'eau
          un autre Concert des mesmes Instrumens, à cause d'un fort bel Echo qui en repétoit le son
          plusieurs fois, &amp; qui est formé par les concavitez d'un Rocher qui avance en cet
          endroit. Ainsi finirent les plaisirs de cette nuit. Le lendemain les Tambours &amp; les
          Trompetes furent plûtost oüies, qu'on ne vit le jour. C'en estoit un de Foire. Cependant
          les plus intéressez &amp; les plus apres au trafic, les Etrangeres mesme, ne songerent
          qu'aux plaisirs de cette Feste ; &amp; si l'on vendit quelque chose, ce ne fut que ce qui
          pouvoit y estre propre. C'est ainsi qu'on celébroit les jeux publics chez les Romains, qui
          auroient puny celuy qu'on auroit trouvé occupé à ce qui ne regardoit pas ces Jeux. A midy
          toute la Milice de Grenoble fut sous les Drapeaux dans une propreté extraordinaire, tant
          Officiers que Soldats. Elle se posta depuis la Place de S. André jusqu'à l'Eglise de
          Nostre-Dame, &amp; occupa les lieux par où devoient passer le Parlement &amp; la Chambre
          des Comptes. Les Consuls &amp; les autres Officiers de l'Hostel de Ville, en Habits de
          cerémonie, se rendirent les premiers à la Cathédrale, escortez de leur Huissier, de six
          Valets de Ville, &amp; de quatre Consignateurs armez de leurs Pertuisannes. Ensuite
          parurent ces deux Corps si considérables, par les grands Personnages qui les composent, le
          Parlement &amp; la Chambre des Comptes. On chanta le <hi rend="i"><hi rend="i">Te
              Deum</hi></hi>, auquel assista M<hi rend="sup">r</hi> l'Evesque, qui estoit revenu le
          jour précedent de la Grande Chartreuse, où il avoit rendu à Dieu en solitude, les mesmes
          graces pour le bonheur de la France, qu'il luy rendoit alors en public. Le <hi rend="i">Te
            Deum</hi> estant finy, au bruit des décharges continuelles qui faisoit la Milice, sur
          une Place qui est devant l'Eglise, les Consuls &amp; le reste de l'Hôtel de Ville
          sortirent pour voir allumer le Feu. [...]</p>
      </div>
      <div type="article" xml:id="MG-1682-09b_163">
        <head>[Réjouissances à Vienne pour la naissance du duc de Bourgogne]*</head>
        <bibl><title>Mercure galant</title>, septembre 1682 (seconde partie) [tome 10], p.
          163-164.</bibl>
        <p/>
        <p>Tandis que Grenoble faisoit retentir les cris de Vive le Roy, on se préparoit dans les
          autres Villes du Dauphiné, à faire paroistre la joye qu'on avoit de la Naissance du
          Prince. Le 25. Feste de Saint Loüis, on chanta le <hi rend="i">Te Deum</hi> à Vienne dans
          l'Eglise Cathédrale. M<hi rend="sup">r</hi> de S. André Gouverneur de la Ville, y assista,
          &amp; ensuite accompagné des Consuls &amp; de toute la Milice, il vint allumer un grand
          Feu de joye que l'on avoit dressé dans la Place. [...]</p>
      </div>
      <div type="article" xml:id="MG-1682-09b_166">
        <head>La Feste du Parnasse, celebrée dans le College de Clermont</head>
        <bibl><title>Mercure galant</title>, septembre 1682 (seconde partie) [tome 10],
          p. 166-175.</bibl>
        <p/>
        <p>Vous avez trouvé dans ma Lettre d’Aoust, une ample description de la grande Feste que les
          Jesuites de la Ruë S. Jacques ont faite, pour celebrer la Naissance du jeune Prince. Elle
          a donné lieu à cet Ouvrage de M<hi rend="sup">r</hi> Philibert d’Antibe.</p>
        <quote>
          <label>LA FESTE<lb/>DU PARNASSE,<lb/><hi rend="i">Celebrée dans le College<lb/>de
              Clermont</hi>.</label>
          <lg>
            <l>Quoy ! ce n’est qu’en buvant coup sur coup du Nectar,</l>
            <l><hi rend="i">Dit Apollon aux Dieux,</hi> qu’on celebre une Feste ?</l>
            <l>Buvez, Messieurs, buvez ; pour moy, je guide un Char,</l>
            <l> Où j’ay grand besoin de ma teste,</l>
            <l>Et quand vous en irez un peu plus de travers,</l>
            <l>Tout n’ira pas moins droit dans ce vaste Univers.</l>
            <l>Il ne faut pas pourtant qu’aucun de vous prétende,</l>
            <l>Que pour avoir plus bû, sa joye en soit plus grande.</l>
            <l> C’est par l’ordre de Jupiter,</l>
            <l>Qu’on celebre ce jour pour l’heureuse Naissance</l>
            <l> De cet auguste Enfant de France,</l>
            <l>Qui doit par ses hauts Faits bientost faire éclater</l>
            <l> L’Image de nostre puissance.</l>
            <l>On sçait si plus que vous je dois me disposer</l>
            <l> A rendre la Feste éclatante,</l>
            <l> Puis qu’il faut la solemniser</l>
            <l>Pour plaire à ce grand Roy dont l’ardeur triomphante,</l>
            <l> Parmy les Mortels représente,</l>
            <l>Qu’ainsi qu’à ma vertu rien ne peut s’opposer ;</l>
            <l>Sa valeur peut tout maîtriser.</l>
          </lg>
          <ab type="ornament">***</ab>
          <lg>
            <l>Je prétens donc ce soir, finissant ma carriere,</l>
            <l> Faire une Feste singuliere.</l>
            <l>Venez sur le Parnasse, &amp; vous serez témoins</l>
            <l>Qu’en cette occasion j’épargne peu mes soins.</l>
            <l>Mais n’allez pas chercher ce Mont dans l’Aonie,</l>
            <l>On ne me trouve plus dans ce rude Païs ;</l>
            <l>Depuis que j’ay trouvé la France si polie,</l>
            <l>J’ay transporté mon Siege au milieu de Paris.</l>
          </lg>
          <ab type="ornament">***</ab>
          <lg>
            <l rend="i">Apollon a fait voir l’effet de sa promesse.</l>
            <l rend="i">Ce Lieu pour la Science au monde tant vanté,</l>
            <l rend="i"> Pour les beaux Arts &amp; pour la Politesse,</l>
            <l rend="i">Parut le mesme soir un Sejour enchanté.</l>
            <l rend="i">Là se faisoit entendre une sçavante Lyre</l>
            <l rend="i">Qu’Apollon allioit à la voix des Neuf Sœurs.</l>
            <l rend="i">On chanta le Héros qui régit cet Empire,</l>
            <l rend="i">Et mesme on y chanta dignement ses grandeurs,</l>
            <l rend="i">Quand ces Divinitez n’y pouvant pas suffire,</l>
            <l rend="i">Les Echos de ce Mont redirent mille fois ;</l>
            <l> Pour chanter le plus grand des Roys,</l>
            <l>Les Hommes &amp; les Dieux n’en sçauroient assez dire ;</l>
            <l> Mais au defaut de nostre voix,</l>
            <l>Il faut pour celébrer dignement ses Exploits,</l>
            <l>Que la Terre charmée avec le Ciel l’admire.</l>
            <l rend="i">Le Prince qui ne vient que de paroître au jour,</l>
            <l rend="i">Eut sur ce sacré Mont un Eloge à son tour ;</l>
            <l rend="i">Mais loüant un Enfant si-tost qu’on l’a veu naître,</l>
            <l rend="i">On dit moins ce qu’il est, que ce qu’il pourroit estre.</l>
            <l rend="i">Aussi pour bien sçavoir ce qu’il doit devenir,</l>
            <l rend="i">Apollon va chercher au sein de l’avenir,</l>
            <l rend="i">Où ses yeux découvrant le futur sans obstacle,</l>
            <l rend="i">Il fit trembler le Monde, &amp; rendit cet Oracle.</l>
          </lg>
          <ab type="ornament">***</ab>
          <lg>
            <l>Pour se voir élevé jusqu’au sublime rang</l>
            <l>De ces puissans Héros que l’Uvers révere,</l>
            <l>Ce Prince n’a besoin que de l’auguste Sang</l>
            <l>Que les Roys ses Ayeuls ont transmis à son Pere.</l>
            <l>Estre brave, estre juste, estre grand, estre heureux,</l>
            <l> Sera l’effet de l’influence</l>
            <l>Que versent sur l’Enfant les quatre Demy-Dieux</l>
            <l> Que nous choisimes dans les Cieux</l>
            <l>Pour présider à sa Naissance.</l>
          </lg>
          <ab type="ornament">***</ab>
          <lg>
            <l rend="i">Ce présage assuré redoubla sur ce lieu</l>
            <l rend="i">La joye &amp; les concerts des Filles de Mémoire,</l>
            <l rend="i"> Qui sur la parole du Dieu,</l>
            <l rend="i">Chanterent à l’envy cet Enfant plein de gloire.</l>
            <l rend="i">Aucun ne s’attendoit à de nouveaux plaisirs ;</l>
            <l rend="i">Les Voix, les Instrumens, sont la pompe ordinaire</l>
            <l rend="i"> Des Festes qu’Apollon peut faire.</l>
            <l rend="i">Mais voulant en ce jour surpasser nos desirs,</l>
            <l rend="i">Et porter tout d’un coup l’étonnement dans l’ame,</l>
            <l rend="i">Il fit voir à nos yeux, tant d’éclat, tant de flâme,</l>
            <l rend="i">Que pour parer ces Lieux, &amp; tous les environs,</l>
            <l rend="i">On eust dit qu’il avoit divisé ses rayons.</l>
            <l rend="i">C’estoit peu que de voir une vaste lumiere,</l>
            <l rend="i">Des torrens enflâmez couvroient la terre entiere,</l>
            <l rend="i">Des tourbillons de feu s’alloient perdre dans l’air,</l>
            <l rend="i">Et mille traits ardens au Ciel sembloient voler.</l>
            <l rend="i">Enfin en quelque lieu que l’on jettast la veuë,</l>
            <l rend="i">La flâme avec éclat s’y voyoit répanduë,</l>
            <l rend="i">Et l’on auroit douté qu’il fist seûr en ce Lieu,</l>
            <l rend="i">Si l’on n’avoit connu la sagesse du Dieu.</l>
          </lg>
          <ab type="ornament">***</ab>
          <lg>
            <l rend="i">Tout y parut au gré de la Troupe immortelle,</l>
            <l rend="i">Qu’Apollon invita sortant de leur Festin ;</l>
            <l rend="i">Mais doit-on s’étonner si la Feste fut belle ?</l>
            <l rend="i">Les Habitans du Mont favorisoient son zele,</l>
            <l rend="i">Et n’avoient avec luy que le mesme dessein.</l>
          </lg>
        </quote>
      </div>
      <div type="article" xml:id="MG-1682-09b_175">
        <head>[Sonnets de M<hi rend="sup">r</hi> l’Abbé de la Volpiliere.]*</head>
        <bibl><title>Mercure galant</title>, septembre 1682 (seconde partie) [tome 10],
          p. 175-178.</bibl>
        <p/>
        <p>Des trois Sonnets que j’ajoûte a cet Ouvrage, les deux premiers sont de M<hi rend="sup"
            >r</hi> l’Abbé de la Volpiliere, &amp; le troisiéme de M<hi rend="sup">r</hi> du Mas de
          Joigny.</p>
        <quote>
          <label>AU ROY.</label>
          <lg>
            <l rend="i">Grand de Nom, Grand de Cœur,</l>
            <l rend="i">Grand en Paix, Grand en Guerre,</l>
            <l rend="i">En Puissance, en Sagesse, en Conseils, en Exploits,</l>
            <l rend="i">A forcer des Ramparts, comme à donner des Loix,</l>
            <l rend="i">A subjuguer la Mer, comme à dompter la Terre.</l>
          </lg>
          <ab type="ornament">***</ab>
          <lg>
            <l rend="i">Image du Grand Dieu qui forme le Tonnerre,</l>
            <l rend="i">Vous foudroyez l’orgueil des Peuples &amp; des Roys ;</l>
            <l rend="i">Soûlevez contre vous en vain tous à la fois,</l>
            <l rend="i">Au cœur de leurs Etats la crainte les resserre.</l>
          </lg>
          <ab type="ornament">***</ab>
          <lg>
            <l rend="i">Tout cede à vos efforts, tout ce de à vos souhaits,</l>
            <l rend="i">Le Ciel à pleines mains vous répand ses bienfaits,</l>
            <l rend="i">Vous estes grand dans l’un, &amp; dans l’autre Hémisphere.</l>
          </lg>
          <ab type="ornament">***</ab>
          <lg>
            <l rend="i">Enfin pour mériter en tout le nom de Grand,</l>
            <l rend="i">Il ne vous manquoit plus que le nom de Grand-Pere,</l>
            <l rend="i">Et vostre Petit-Fils vous le donne en naissant.</l>
          </lg>
        </quote>
        <quote>
          <label>SUR UNE LUMIERE extraordinaire qui parut à la Naissance de Monseigneur le Duc de
              Bourgogne.<lb/><hi rend="sc">Sonnet.</hi></label>
          <lg>
            <l rend="i">Prince, dés que tes yeux ouvrirent la paupiere,</l>
            <l rend="i">Dans l’ombre de la nuit, le jour parut si beau,</l>
            <l rend="i">Qu’on crût que le Soleil pour luire à ton Berceau,</l>
            <l rend="i">Remonté sur son Char, reprenoit sa Carriere.</l>
          </lg>
          <ab type="ornament">***</ab>
          <lg>
            <l rend="i">Mais d’où pouvoit partir cette grande lumiere,</l>
            <l rend="i">Que d’un Soleil naissant, que d’un Astre nouveau ?</l>
            <l rend="i">O Dieu ! quelle splendeur naîtra de ce Flambeau,</l>
            <l rend="i">Et quel progrés fera cette Clarté premiere !</l>
          </lg>
          <ab type="ornament">***</ab>
          <lg>
            <l rend="i">Je croy déja te voir Petit Fils du Soleil,</l>
            <l rend="i">Adjoûter à la France un éclat sans pareil,</l>
            <l rend="i">Et régner sans Second sur la terre &amp; sur l’onde.</l>
          </lg>
          <ab type="ornament">***</ab>
          <lg>
            <l rend="i">Je fais de ta Grandeur ce Présage hardy ;</l>
            <l rend="i">Et si ton Orient éclaire tout le Monde,</l>
            <l rend="i">Bel Astre de la Cour, que fera ton Midy !</l>
          </lg>
        </quote>
      </div>
      <div type="article" xml:id="MG-1682-09b_179">
        <head>[Sonnet de M<hi rend="sup">r</hi> du Mas de Joigny.]*</head>
        <bibl><title>Mercure galant</title>, septembre 1682 (seconde partie) [tome 10],
          p. 179-180.</bibl>
        <quote>
          <label>SUR LA NAISSANCE de Monseigneur le Duc de Bourgogne.</label>
          <lg>
            <l rend="i">Jeux, Divertissemens, Festes, Dances, Plaisirs,</l>
            <l rend="i">Concerts, c’est à ce coup qu’il faut remplir la France.</l>
            <l rend="i">Régnez-y tous en foule à l’heureuse Naissance</l>
            <l rend="i">Du cher Fils que le Ciel accorde à ses desirs.</l>
          </lg>
          <ab type="ornament">***</ab>
          <lg>
            <l rend="i">O que ce jeune Prince a coûté de soûpirs,</l>
            <l rend="i">Et qu’il s’est fait attendre avec impatience,</l>
            <l rend="i">Lors que pour couronner nostre juste espérance,</l>
            <l rend="i">Il naist comme une Fleur que baisent les Zéphirs !</l>
          </lg>
          <ab type="ornament">***</ab>
          <lg>
            <l rend="i">Le Flambeau d’Hymenée éclaira ce Miracle,</l>
            <l rend="i">Et le Soleil n’eut point de part à son Spéctacle,</l>
            <l rend="i">Mais sa retraite alors ne fut pas sans raison.</l>
          </lg>
          <ab type="ornament">***</ab>
          <lg>
            <l rend="i">De honte &amp; de respect il se cacha dans l’onde,</l>
            <l rend="i">Ayant bien reconnu que sur nostre Horizon</l>
            <l rend="i">Un Soleil plus charmant s’alloit montrer au monde.</l>
          </lg>
        </quote>
      </div>
      <div type="article" xml:id="MG-1682-09b_183">
        <head>[Concert pour la Dauphine]*</head>
        <bibl><title>Mercure galant</title>, septembre 1682 (seconde partie) [tome 10], p.
          183-187.</bibl>
        <p/>
        <p>Le Roy un peu avant son départ, fit entendre à Madame la Dauphine, cette merveilleuse
          Romaine, dont je vous ay entretenuë dans deux ou trois de mes Lettres<note resp="editor">Voir <ref target="MG-1682-04_008">cet article d'avril 1682</ref> et <ref
              target="MG-1682-07_236">cet article de juillet 1682</ref>.</note>. Elle avoit
          extrémement plû les premieres fois qu'elle avoit chanté mais elle charma dans cette
          derniere occasion. M<hi rend="sup">r</hi> Lorenzani Maître de Chapelle &amp; Intendant de
          la Musique de la Reyne, qui doit aussi sa naissance à la premiere Ville du monde, avoit
          fait un Concert où entroit la Lyre<note resp="editor">Pour la lire
            italienne, voir Marin Mersenne, <hi rend="italic">L'Harmonie universelle</hi>, livre 4, p. 204-207,
            215-216</note> que touche si agreablement cette admirable Personne. Ce Concert plût
          tellement à Leurs Majestez, qu'on le fit repéter plus d'une fois. De la maniere que Mlle
          Carousi fut applaudie de tout ce qui l'entendit, qu'on peut dire avoir esté l'Assemblée
          des premieres Personnes du monde, elle a sujet d'estre satisfaite du goust de la France.
          Madame la Dauphine, qui se connoît parfaitement à la Musique, &amp; qui la sçait comme
          ceux qui la sçavent le mieux, ne la loüa pas médiocrement. Monseigneur luy témoigna
          l'extréme plaisir qu'elle luy avoit causé, aussi bien que Son A. R. qui ne se pouvoit
          lasser de luy donner des loüanges. La Reyne ne luy en fut pas avare ; mais celles du Roy,
          &amp; les honnestetez que ce grand Prince luy a souvent faites, sont les marques
          indubitables du grand mérite de cette illustre Personne ; &amp; comme elle a autant
          d'esprit &amp; de discernement qu'on en puisse avoir, elle a connu tout le prix des
          loüanges de ce Monarque, qui a le goust merveilleux en toutes choses, &amp; qui est trop
          éclairé pour estre capable de se tromper. Tout ce que chanta cette incomparable Romaine
          fut admiré, &amp; l'on connut bien qu'elle n'avoit pas négligé de mêler les agrémens de la
          Musique Françoise aux beautez solides de l'Italienne. M<hi rend="sup">r</hi> Lorenzani ne
          put manquer d'entendre avec joye les loüanges qu'on donnoit à cette merveille de son Païs,
          puis que de la maniere dont elle executa les Airs qu'il avoit composez, il eut en mesme
          temps le plaisir de les voir extrémement applaudir par les Personnes qui donnent le prix à
          toutes choses.</p>
      </div>
      <div type="article" xml:id="MG-1682-09b_187">
        <head>[Réjouissances pour la naissance du duc de Bourgogne à Tours]*</head>
        <bibl><title>Mercure galant</title>, septembre 1682 (seconde partie) [tome 10], p.
          187-202.</bibl>
        <p/>
        <p>La Touraine a suivy l'exemple des autres Provinces, sur la nouvelle du bonheur public.
            M<hi rend="sup">r</hi> Amelot Archevesque de Tours, y fit commencer la Feste le Dimanche
          23. veille de S. Barthelemy. Il avoit fait dresser un grand Feu dans la grande Court du
          Cloistre de S. Gatien qui est la Cathédrale, &amp; apres le <hi rend="i">Te Deum</hi>
          chanté en présence de M<hi rend="sup">r</hi> de Razilly, Lieutenant de Roy, du Présidial
          &amp; du Corps de Ville, il l'alluma au bruit de tout le Canon &amp; des Boëtes de la
          Ville, aux fanfares des Trompetes, &amp; au son des Timbales, des Tambours, &amp; d'une
          infinité d'Instrumens. Les deux grosses Tours de Saint Gatien estoient éclairées d'une
          quantité surprenante de Lumieres, &amp; remplies de Fusées volantes, qui firent en l'air
          un tres-bel effet. Le Feu finit par une distribution de quelques Pieces de Vin que le
          mesme Archevesque fit faire, &amp; par une largesse de plusieurs poignées de Pieces
          d'argent qu'il jetta luy-mesme au Peuple.</p>
        <p>Le Lundy 24. M<hi rend="sup">r</hi>s du Chapitre de S. Martin commencerent leurs
          Réjouissances par une sonnerie qu'ils ordonnerent pendant tout le jour à tous les
          Chapitres &amp; Eglises qui dépendent d'eux. Sur les cinq heures du soir ils firent
          chanter le <hi rend="i">Te Deum</hi> en Musique, avec un Motet de la composition de M<hi
            rend="sup">r</hi> Cotereau, Célerier de leur Eglise, un des plus sçavans Hommes que nous
          ayons en Musique. Les mesmes Corps qui s'estoient trouvez à Saint Gatien, y assisterent en
          Robes de Cerémonie. La nuit commençant à s'approcher, on fit les Illuminations des cinq
          Clochers de la mesme Eglise, qui parurent tout en feu, par la quantité d'artifice &amp; de
          Fusées que l'on y tira. On alluma aussi un grand Feu de joye, apres quoy M<hi rend="sup"
            >r</hi> de Razilly, M<hi rend="sup">r</hi>s du Présidial, M. le Maire, &amp; les autres
          Officiers de Ville, se rendirent dans la grande Salle du Chapitre, où ils furent régalez
          splendidement.</p>
        <p>Le Mardy Feste de Saint Loüis, Madame de Béthune Abbesse de Beaumont, qui dés le 9. Aoust
          avoit fait chanter le Gratias Agimus en Musique, avec plusieurs beaux Motets, en attendant
          l'ordre des solemnitez publiques, fit tout ce qu'on pouvoit attendre d'une Personne aussi
          zelée qu'elle l'est pour Sa Majesté, &amp; pour toute la Famille Royale. Le <hi rend="i"
            >Te Deum</hi> fut tres-solemnellement chanté dans son Eglise, qui paroissoit toute en
          feu, par le nombre presque infiny de cierges qu'on y alluma. Ensuite on chanta l'Exaudiat,
          &amp; plusieurs Motets, composez par M<hi rend="sup">r</hi>. Loyseau, Organiste de S.
          Martin. L'Orgue, les Voix &amp; la Symphonie, tout fut admirable. Il s'y trouva de tous
          les Ordres de Religieux de la Ville ; &amp; ceux des Supérieurs qui n'y purent assister, y
          envoyerent tenir leur place. Apres le <hi rend="i">Te Deum</hi>, Madame l'Abbesse fit
          distribuer une aumône extraordinaire à tous les Pauvres qui se présenterent, &amp; le soir
          toutes les Fenestres de cette grande Maison furent éclairées d'un nombre prodigieux de
          Lanternes, qui par les lumieres qu'elles enfermoient, faisoient paroître des Sceptres, des
          Couronnes, des Soleils, des Dauphins, des Devises, des Fleurs de Lys, &amp; des Trophées
          d'Armes. [...] Dans la Court, une Fontaine de Vin avoit dequoy réjoüir le Peuple. Un grand
          Feu de joye y fut allumé par la mesme Abbesse, avec un double Dauphin remply d'artifice,
          qui vola des Fenestres de son Parloir jusques à ce Feu, au haut duquel il y avoit une
          Bombe qui jetta plusieurs Fusées, &amp; fit un tres-grand fracas. Ensuite les Boëtes se
          firent entendre. Un autre Dauphin semblable au premier partit des mesmes Fenestres, &amp;
          alla porter le feu au Theatre, où le Sr Bruant s'estoit surpassé pour la disposition de
          l'artifice. En mesme temps on vit jouer Roüets, Pots, Lances, Fusées de toutes manieres,
          avec un succés qui luy attira de grands applaudissemens. Le carillon des Cloches, les
          Hautbois, les Musetes, les Violons, les Trompetes, les Timbales, les Tambours, faisoient
          cependant des Concerts tres-agreables. La Feste fut honorée de la présence de M<hi
            rend="sup">r</hi> l'Archevesque de Tours, de M<hi rend="sup">r</hi> de Razilly, des
          principaux Officiers, &amp; de tout ce qu'il y avoit aux environs de Personnes
          considérables. Il y eut sur tout un si grand concours de Peuple, que les Murs &amp; les
          Ramparts de la Ville, ausquels l'Abbaye est exposée, en estoient couverts. Les Païsanes
          des Hameaux voisins y vinrent dancer au son des Musetes, &amp; jamais Réjoüissances ne
          furent plus generales. Elles durerent trois jours, &amp; se terminerent le 27. par un
          grand Régale que Madame l'Abbesse fit à toute sa Communauté. Elle ordonna de toute la
          Feste, &amp; en laissa la conduite à M<hi rend="sup">r</hi> de la Grangerouge son
          Intendant. Il est Frere du P. Henry de Montbazon, l'un des deux Capucins du Louvre, si
          renommez pour la Médecine.</p>
        <p>Le Vendredy 28. Feste de S. Augustin, les Augustins firent paroistre leur zele par un <hi
            rend="i">Te Deum</hi> chanté en Musique, par quantité de Feux d'artifice, &amp; par une
          tres-belle Collation qu'ils donnerent aux Musetes du Poitou, qui s'y étaient trouvées au
          nombre de vingt-quatre, &amp; à diférentes Compagnies, que le dessein de leur faire
          honneur avoit mises sous les armes. M<hi rend="sup">r</hi> d'Apremont se distingua dans le
          Chasteau du Plessis, par un fort beau Feu, allumé le jour de S. Loüis, &amp; par une Table
          ouverte. Le mesme jour les Religieuses de Nostre-Dame de Relay, Ordre de Fontevraut,
          chanterent le <hi rend="i">Te Deum</hi> avec beaucoup de solemnité, &amp; dans les marques
          de joye qu'elles donnerent, il fut aisé de connoistre qu'elles avoient l'ame penétrée des
          graces qu'elles ont reçeuës depuis peu de temps des bontez du Roy.</p>
        <p>M<hi rend="sup">r</hi> Tachereau, Seigneur de Besc &amp; de la Galanderie, Secretaire du
          Roy, Honoraire, ne fut pas des moins ardens à donner des marques du zele qui l'animoit. Il
          estoit alors dans son Château de la Galanderie, situé auprés de Tours sur le bord de la
          Riviere. On chanta dans sa Chapelle un <hi rend="i">Te Deum</hi> en Musique, &amp; pendant
          trois soirs il y eut des Illuminations à toutes les faces de sa Maison, avec des Feux,
          &amp; un tres grand nombre de Fusées volantes, qui furent tirées au bruit des Boëtes, des
          Trompetes, &amp; des Tambours. Quantité de Personnes remarquables de l'un &amp; de l'autre
          Sexe se trouverent à la Feste, pendant laquelle il tint table ouverte, avec des Hautbois
          &amp; des Violons, dont l'harmonie ne contribuoit pas peu à la pompe des Repas.</p>
      </div>
      <div type="article" xml:id="MG-1682-09b_202">
        <head>[Vers sur les fêtes du château de la Galanderie]</head>
        <bibl><title>Mercure galant</title>, septembre 1682 (seconde partie) [tome 10],
          p. 202-204.</bibl>
        <p>[...] Quantité de Personnes remarquables de l’un &amp; de l’autre Sexe se trouverent à la
          Feste, pendant laquelle il tint table ouverte, avec des Hautbois &amp; des Violons, dont
          l’harmonie ne contribuoit pas peu à la pompe des Repas. Ce qui s’est passé dans ce
          Chasteau, a donné lieu à un galant Homme de ce Païs-là, de faire ces Vers.</p>
        <quote>
          <lg>
            <l rend="i">On vit le premier soir, à la clarté des Feux,</l>
            <l rend="i">De surprise &amp; de peur les Nymphes de ces lieux</l>
            <l rend="i">En désordre quiter nostre aimable Rivage,</l>
            <l rend="i">Se plonger dans les eaux, se sauver à la nage.</l>
            <l rend="i">On y vit arriver une Troupe d’Amours,</l>
            <l rend="i">Dont l’abord fut fatal à nos Belles de Tours.</l>
            <l rend="i">Tous, leurs Flambeaux en main, par un galant caprice</l>
            <l rend="i">Vinrent mêler leur flâme à nos Feux d’artifice.</l>
            <l rend="i">Cette flâme passa par les yeux dans le cœur,</l>
            <l rend="i">Où s’émut aussi-tost une amoureuse ardeur.</l>
            <l rend="i">Ainsi dans un Repas la Reyne de Cariage</l>
            <l rend="i">But à longs traits l’amour mêlé dans un breuvage,</l>
            <l rend="i">Et se formant par là d’inuisibles liens,</l>
            <l rend="i">Fit voir un cœur sensible au Prince des Troyens.</l>
          </lg>
        </quote>
        <p/>
        <p>Le moyen, Madame, de sortir de la Touraine, sans passer par Candes ? Candes est un Lieu
          qui mérite bien que les beautez vous en soient connuës. Vous en tomberez d’accord, quand
          vous aurez lû la Lettre qui suit.</p>
      </div>
      <div type="article" xml:id="MG-1682-09b_204">
        <head>[Lettre de Candes]*</head>
        <bibl><title>Mercure galant</title>, septembre 1682 (seconde partie) [tome 10], p. 204-206,
          212-214.</bibl>
        <p/>
        <p>Le moyen, Madame, de sortir de la Touraine, sans passer par Candes ? Candes est un Lieu
          qui mérite bien que les beautez vous en soient connuës. Vous en tomberez d'accord, quand
          vous aurez lû la Lettre qui suit.</p>
        <p/>
        <p>A MADEMOISELLE ***</p>
        <p>De Candes, ce 2. Septembre 1680.</p>
        <p/>
        <p><hi rend="i">Il n'y a jamais eu, Mademoiselle, de peinture plus vive que celle que vous
            m'avez faite dans vostre Lettre, des Réjoüissances publiques de Tours. Je croy voir ces
            Fontaines de Vin qui coulerent si longtemps devant l'Archevesché, cette profusion de
            Pieces d'argent que M<hi rend="sup">r</hi> l'Archevesque fit jetter au Peuple par les
            Fenestres; &amp; sur tout, ces deux grosses Tours de la Cathédrale, qu'un nombre infiny
            de Flambeaux faisoit paroistre toutes brûlantes, &amp; qui envoyoient sans cesse mille
            Fusées dans les airs. Sera-ce vous payer assez bien de vostre belle Rélation, que de
            vous en faire une des Festes qui se sont faites icy ? Candes n'est qu'un Désert, mais
            c'est le plus agreable Désert du Monde. Son heureuse situation a mérité que M<hi
              rend="sup">rs</hi> les Archevesques de Tours le choisissent, pour y passer la plus
            belle partie de l'année. [...]</hi></p>
        <p><hi rend="i">Si tost que nostre grand Prélat eut solemnisé dans sa Cathédrale la
            Naissance de Monseigneur le Duc de Bourgogne, il se rendit icy pour celebrer la mesme
            Feste. On l'annonça hier dés le matin, par le son de toutes les Cloches de la
            Collégiale, &amp; par la permission que M<hi rend="sup">r</hi> l'Archevesque donna à
            tous les Habitans de ses Terres, d'y chasser pendant huit jours. Quelques Officiers, à
            qui la Paix a procuré le repos, prirent le soin de faire mettre sous les armes tous nos
            Citoyens, &amp; d'incorporer dans la mesme Compagnie une infinité de Gens, qui venoient
            de tous les Villages d'alentour en si grand nombre, qu'il s'en trouva assez pour former
            un gros Camp. Ce n'estoient plus alors comme à Tours des Fontaines de Vin, mais ç'eust
            esté une vraye Riviere, si tout ce qu'on en distribua, eust passé par un mesme Canal.
            Sur les sept heures du soir, on chanta solemnellement le</hi> Te Deum<hi rend="i">,
            &amp; on alluma un grand Feu au bruit confus des Cloches, des Tambours, des
            Mousquetades, des Fifres, des Boëtes, &amp; de quelques Pieces de campagne, qui
            autrefois nous estoient necessaires pour nous défendre du pillage, mais qui sous le
            Regne de LOUIS XIV. ne peuvent servir qu'à des réjoüissances.</hi></p>
      </div>
      <div type="article" xml:id="MG-1682-09b_215">
        <head>[Réjouissances pour la naissance du duc de Bourgogne à Limoges]*</head>
        <bibl><title>Mercure galant</title>, septembre 1682 (seconde partie) [tome 10], p.
          215.</bibl>
        <p/>
        <p>Le Mardy 18. Aoust, on fit à Limoges la Réjoüissance publique de la Naissance de
          Monseigneur le Duc de Bourgogne, &amp; rien ne manqua à cette Cerémonie. Le <hi rend="i"
            >Te Deum</hi> fut chanté dans l'Eglise Cathédrale de S. Etienne. Tous les Corps y
          assisterent, &amp; M<hi rend="sup">r</hi> l'Evesque, accompagné de son Clergé, officia
          avec grande pompe.</p>
      </div>
      <div type="article" xml:id="MG-1682-09b_218">
        <head>[Explications de devises par des vers de Charles Perrault.]*</head>
        <bibl><title>Mercure galant</title>, septembre 1682 (seconde partie) [tome 10],
          p. 218-226.</bibl>
        <p/>
        <p>Cette Seconde Partie de ma Lettre, ne devant servir qu’à vous rendre compte de ce qui
          s’est fait dans les Provinces pour la Naissance de Monseigneur le Duc de Bourgogne,
          j’avois résolu de ne vous y point parler de Paris, ne doutant pas que je n’eusse toûjours
          quelque chose à vous en dire, si j’avois encor à traiter pendant six mois l’ample matiere
          des Réjoüissances. Cependant, Madame, je suis obligé, pour ne vous donner aucun lieu de
          plainte, de rappeller icy un Article, que vous trouverez considérable, &amp; que j’oubliay
          le dernier Mois. Cet Article est l’Illumination que M<hi rend="sup">r</hi> Perrault,
          Controlleur des Bastimens du Roy, fit faire chez luy dés le jour mesme que l’on eut appris
          icy que Madame la Dauphine estoit accouchée d’un Prince. Il fit élever sur une Terrasse
          qui regarde sur la Ruë, une Pyramide de 25. pieds de hauteur, ornée de Peintures des trois
          costez qu’elle pouvoit estre veuë. Dans chacune de ces trois faces ornées, on voyoit par
          le bas deux grands Dauphins, qui enfermoient les Chifres du Roy, &amp; ceux de Monseigneur
          le Dauphin. Au dessous estoient les Armes de France &amp; de Bourgogne, entourées de
          Lauriers &amp; de Palmes, qui se croisant, &amp; formant encor une ovale au dessus,
          servoient de Bordure à une Devise, sur le jeune Prince qui venoit de naître. Le haut de la
          Pyramide, depuis son extrémité jusqu’à l’ovale, estoit orné de Festons, de Fleurs, &amp;
          de Fruits. Les trois faces estoient semblables, à la réserve de chaque Devise.
          L’aprobation qu’elles ont euë, a engagé M<hi rend="sup">r</hi> Perrault à les expliquer
          par des Vers, qui ne vous déplairont pas.</p>
        <p>La premiere de ces Devises, représentoit un Soleil levant, avec ces deux mots, <hi
            rend="i">Nascitur orbi</hi>, pour dire que la Naissance de Monseigneur le Duc de
          Bourgogne, est un bien general qui ne regarde pas seulement la France, mais encor tous les
          Peuples de la Terre. Voicy les Vers qui expliquent cette pensée.</p>
        <quote>
          <lg>
            <l rend="i"> Ne présumons pas vainement</l>
            <l rend="i"> Que cet Astre doux &amp; charmant,</l>
            <l rend="i">N’ait ouvert que pour nous son illustre carriere,</l>
            <l rend="i">Il vient pour le bonheur de cent Peuples divers,</l>
            <l rend="i"> Et cette naissante lumiere</l>
            <l rend="i"> Doit éclairer tout l’Univers.</l>
          </lg>
        </quote>
        <p/>
        <p>La seconde Devise représentoit un Aiglon suivant deux grands Aigles, avec ces mots, <hi
            rend="sc">fortes creantur fortibus</hi>, pour faire entendre que la seule Naissance de
          Monseigneur le Duc de Bourgogne, est une preuve assurée de la Valeur, &amp; des autres
          Vertus qu’il possedera.</p>
        <quote>
          <lg>
            <l rend="i"> Issu d’une vaillante Race,</l>
            <l rend="i">Par tout il en suivra la glorieuse trace,</l>
            <l rend="i">Et verra les dangers sans en estre étonné.</l>
            <l rend="i"> La Valeur sera son partage ;</l>
            <l rend="i"> Et pour juger de son courage,</l>
            <l rend="i">Il suffit de sçavoir de quel Sang il est né.</l>
          </lg>
        </quote>
        <p/>
        <p>La troisiéme estoit une Fontaine sortant de sa source, avec ces mots d’Ovide, <hi
            rend="sc">patrios petet impiger ortus</hi>, pour signifier que comme les Fontaines
          remontent aussi haut que les Sources, quand les eaux en sont renfermées dans des Canaux
          qui les rendent jallissantes ; ainsi Monseigneur le Duc de Bourgogne, conduit par les
          préceptes &amp; par les exemples des Princes incomparables dont il est issu, atteindra au
          mesme degré de vertu qu’ils possedent.</p>
        <quote>
          <lg>
            <l rend="i"> Pendant que l’on voit mes seblables,</l>
            <l rend="i">On ramper sur la Terre, ou croupir miserables</l>
            <l rend="i"> Dans une molle oisiveté,</l>
            <l rend="i">Par les divins ressorts d’une vertu divine</l>
            <l rend="i">On me verra monter avec rapidité</l>
            <l rend="i"> Aussi haut que mon origine.</l>
          </lg>
        </quote>
        <p/>
        <p>Cette derniere Devise a esté faite pour le Roy, &amp; a servy dans les Tapisseries des
          quatre Elémens, dont M<hi rend="sup">r</hi> Perrault a fait les seize Devises qui y sont.
          Il pouvoit bien luy estre permis, n’ayant eu que huit ou neuf heures pour faire son
          Illumination, de se servir de ce qui avoit esté déja employé ailleurs, &amp; il n’a pas
          crû que Sa Majesté fust fâchée qu’une Devise qui exprime l’état présent des choses,
          devinst une Prophétie de ce que nos Neveux verront un jour en la Personne illustre de son
          Petit-Fils.</p>
      </div>
      <div type="article" xml:id="MG-1682-09b_229">
        <head>[Réjouissances à Paris pour la naissance du duc de Bourgogne]*</head>
        <bibl><title>Mercure galant</title>, septembre 1682 (seconde partie) [tome 10], p. 229-233,
          235-237.</bibl>
        <p/>
        <p/>
        <p>Le Mardy 15. de ce mois, M<hi rend="sup">r</hi> le Jeune de Franqueville, pour continuer
          les Réjoüissances dont je vous ay déjà fait diverses Relations, &amp; donner des marques
          de son zele, &amp; de celuy d'une jeune Noblesse qu'il éleve aux belles Lettres, fit faire
          un Feu de joye dans la Court, au Fauxbourg S. Germain, pres les Religieuses de N. Dame de
          Liesse, avec toute la magnificence possible. L'echafaut sur lequel il fut construit, avoit
          seize pieds de haut, &amp; quinze en quarré. Quatre Divinitez ornoient les quatre
          Pilastres. Mars représentoit la France victorieuse. Apollon estoit environné de plusieurs
          François, qui sembloient luy rendre grace des avoir favorisez du plus vif éclat de ses
          lumieres. Cerés tenoit des Fleurs &amp; des Fruits dont elle honoroit la France ; Et
          Minerve présentoit un Livre à Monseigneur le Duc de Bourgogne, pour luy enseigner les
          Actions héroïques de son auguste Ayeul, avec cette inscription, Disce facta parentum. La
          mesme Déesse portoit une Lance, pour marquez au jeune Prince qu'il devoit se signaler par
          les armes, à l'imitation de Sa Majesté. La Balustrade estoit ornée de Dauphins, de Fleurs
          de Lys d'or, &amp; d'un Soleil au milieu. Quatre grands Globes qu'on avoit posez sur les
          Pilastres, représentoient les quatre Parties du Monde. Il en sortit quantité de Fusées
          volantes, pour marquez la joye que la Naissance du Prince doit avoir causée à toute la
          Terre. Sur l'Echafaut on voyoit un Piédestal, suporté par trois Lion &amp; une Aigle. Il
          estoit haut de deux pieds, &amp; l'on y avoit placé une Figure du Roy, assise sur une
          Corbeille de Fleurs, &amp; revêtuë de Trophées d'Armes. Au dessus de cette Statuë
          paroissoit la Renommée descendant du Ciel. D'une main elle couronnoit le Roy d'une triple
          Couronne d'Olivier, &amp; tenoit une Trompete de l'autre. [...]</p>
        <p/>
        <p>Il y avoit sur la Balustrade quantité de Pots-à-feu, de Lances, de Saucissons, avec huit
          Quaisses de départemens, dont l'effet fut admirable. Aux quatre faces on avoit placé
          quatre Soleils, qui jettoient du feu de trente pieds de diametre. Je ne parle point de six
          douzaines de Fusées doubles Marquises &amp; Royales. Tout fut tiré aux fanfares des
          Trompetes, &amp; au son des Violons, qui se répondoient de la maniere du monde la plus
          agreable. Joignez à cela le bruit de plusieurs Tambours que l'on entendit dans l'interval
          de celuy de trois cens Boëtes, qui tirerent à trois diverses reprises, pour terminer cette
          Feste.</p>
      </div>
      <div type="article" xml:id="MG-1682-09b_240">
        <head>[Réjouissances à Melun pour la naissance du duc de Bourgogne]*</head>
        <bibl><title>Mercure galant</title>, septembre 1682 (seconde partie) [tome 10], p.
          240-241.</bibl>
        <p/>
        <p>Les Capucins de Melun, dont le Convent a esté basty des libéralitez du Roy Henry IV.
          auquel il a mis luy-mesme la premiere pierre, ont marqué leur joye par un <hi rend="i">Te
            Deum</hi> tres-solemnel qu'ils ont fait chanter dans leur Eglise. La Musique est fort
          rare chez ces Peres, &amp; il faut que l'occasion soit bien pressante pour les obliger à
          s'en servir. Il y eut le soir un tres-beau Feu d'artifice, qui fut allumé par le
          Gouverneur. Il estoit accompagné du Maire de la Ville. Les Canons, les Trompetes, les
          Tambours, &amp; les Cris de Vive le Roy, se firent entendre en mesme temps d'une
          tres-nombreuse Assemblée, tous les Habitans des environs s'estant rendus dans la
          Ville.</p>
      </div>
      <div type="article" xml:id="MG-1682-09b_242">
        <head>[Réjouissances au Havre et distiques.]*</head>
        <bibl><title>Mercure galant</title>, septembre 1682 (seconde partie) [tome 10],
          p. 242-262.</bibl>
        <note resp="author" place="margin"><hi rend="i">Avis pour placer les Figures</hi> : La
          Planche des Devises doit regarder la page 250.</note>
        <p>L’absence de M<hi rend="sup">r</hi> le Duc de S. Aignan, Gouverneur du Havre, qui estoit
          au Château d’Alincourt, ny l’indisposition de M<hi rend="sup">r</hi> de la Vaissiere,
          Lieutenant de Roy, n’auroient pas esté des obstacles à retarder la juste impatience
          qu’avoit cette Ville, de marquer son zele pour Sa Majesté, si ses Habitans n’avoient crû
          que ce petit retardement ne serviroit qu’à les mieux disposer à ce devoir. Ils n’eurent
          donc pas plûtost reçeu les ordres de M<hi rend="sup">r</hi> le Duc de S. Aignan, que tous
          les Corps furent avertis de se tenir prests pour celébrer la Naissance de Monseigneur le
          Duc de Bourgogne. La Cerémonie commença le Jeudy 3. de ce Mois, par le <hi rend="i">Te
            Deum</hi> qui fut chanté solemnellement dans l’Eglise de Nostre-Dame. M<hi rend="sup"
            >r</hi> de la Vaissiere y assista à la teste des Echevins, Conseillers, Syndic, &amp;
          Corps de la Ville. Les Officiers de la Justice ordinaire, &amp; les autres Corps Réguliers
          &amp; Séculiers, les Capucins, &amp; les Pénitens, se rendirent aussi dans la mesme
          Eglise, d’où apres le <hi rend="i">Te Deum</hi>, M<hi rend="sup">r</hi> de la Vaissiere
          &amp; les Echevins retournerent en l’Hôtel de Ville, pour faire mettre l’Infanterie &amp;
          la Cavalerie de la Bourgeoisie sous les armes, &amp; disposer toutes choses pour une joye
          achevée. Elle parut avec grand éclat par un tres-beau Feu, que M<hi rend="sup">r</hi> le
          Lieutenant de Roy, accompagné du Corps de Ville, alluma ; par plusieurs décharges de la
          Mousqueterie, &amp; des Cavaliers, que firent ces Bourgeois, aussi disciplinez &amp;
          accoûtumez au service que de vieilles Troupes, avec tout l’ordre, la promptitude, &amp;
          l’adresse possibles ; par quantité de volées de Canon, de décharges de Boëtes &amp; de
          Mousquets, tant de la Citadelle que de la Ville, &amp; enfin par le divertissement d’un
          tres-grand nombre de Fusées volantes, &amp; d’autres Feux d’artifice. Le Frontispice &amp;
          toute la Face de l’Hôtel de Ville, estoient ornez de Tableaux faits, &amp; inventez par
            M<hi rend="sup">r</hi> Morel, l’un des Echevins, dont on ne peut trop estimer le zele.
          Il y en avoit neuf, tous Camayeux. Le premier, qui estoit tout de couleur de feu,
          représentoit le Roy dans un Soleil, donnant l’ame &amp; la perfection aux huit autres,
          dont quatre estoient verts, &amp; le reste, gris-de-lin. On avoit choisy ces deux
          couleurs, parce qu’elles plaisent à Madame la Dauphine. D’ailleurs on prétend que la
          couleur de feu, la verte, &amp; la gris-de-lin jointes ensemble, font la couleur du
          Soleil. Ces Camayeux ornez chacun d’une Etoile, qui est la Devise de Monseigneur le
          Dauphin, avec leur titre &amp; ame, estoient disposez de telle maniere, que faisant deux
          rangs, au milieu desquels celuy du Roy paroissoit en haut, il y en avoit un gris-de-lin
          vis-à-vis d’un vert, &amp; au dessous un vert vis-à-vis d’un gris-de-lin. Ils
          représentoient ; le premier, l’Amour ; le second, l’Hymen ; le troisiéme, l’Invention ; le
          quatrieme, la Fécondité, le cinquiéme, le Bonheur éternel ; le sixiéme, la Sûreté des
          temps ; le septiéme, les Vœux publics ; &amp; le huitiéme, la Naissance &amp; l’Education
          de Monseigneur le Duc de Bourgogne. Pour vous donner une idée plus forte de toutes ces
          choses, je vous envoye ces neuf Camayeux gravez, dans le mesme ordre où ils ont paru le
          jour de la Feste ; &amp; comme ils sont tres-ingénieux, &amp; que M<hi rend="sup"
          >r</hi> Morel n’y a pas moins fait paroistre le zele des Habitans du Havre, que son
          esprit, &amp; son talent à bien inventer, il est juste d’ajoûter une plus ample
          explication de la Planche où je les ay fait graver. Remarquez les Chifres qui sont au
          dessus de chaque Tableau, &amp; jettez les yeux en suite sur ceux qui sont dans cette
          explication, &amp; vous trouverez à quel Tableau elle se rapporte. Les deux Vers François
          qui regardent le sujet, estoient écrits avec le Pinceau au dessous des Figures de chacun ;
          mais comme il auroit fallu agrandir la Planche pour leur donner place, vous les trouverez
          entre les Chifres, &amp; les explications des neuf Tableaux.</p>
        <quote>
          <label>1.</label>
          <quote>
            <lg>
              <l>L’Amour prenant de moy sa source,</l>
              <l>De mon destin regle la course.</l>
            </lg>
          </quote>
          <p/>
          <p><hi rend="i">Cette Figure fait voir l’origine du bonheur dont nous joüissons, par la
              Naissance de Monseigneur le Duc de Bourgogne. Le Soleil qu’illumine ce Flambeau par le
              moyen du Miroir ardent, représente le Roy qui a le premier fait naistre l’amour de
              Monseigneur le Dauphin pour Madame la Dauphine ; &amp; cette Etoile est celle de ce
              Prince, dont toute la lumiere &amp; toute l’ardeur, ne servent qu’à entretenir un si
              beau feu.</hi></p>
        </quote>
        <quote>
          <label>2.</label>
          <quote>
            <lg>
              <l>Ah Dieu ! qu’il est charmant le Lien conjugal,</l>
              <l>Et que ce joug est doux, quand il est tout Royal !</l>
            </lg>
          </quote>
          <p/>
          <p><hi rend="i">Ce Héros, &amp; cette Héroïne qui se donnent la main, qui sont sous un
              mesme joug, &amp; dont les jambes sont liées par un Serpent, représentent l’heureux
              Mariage de Monseigneur le Dauphin, &amp; de Madame la Dauphine. La Pomme qu’ils
              tiennent est une Pomme de Coing, dont le fruit mâle &amp; femelle marque la fécondité.
              Le Serpent est par sa prudence l’image de la bonne conduite qui regne dans leur
              union ; &amp; l’Etoile par le mot de</hi>
            <hi rend="sc">reducit</hi>, <hi rend="i">explique qu’elle assemble, &amp; unit fortement
              les cœurs de ces deux augustes Personnes.</hi></p>
        </quote>
        <quote>
          <label>3.</label>
          <quote>
            <lg>
              <l>C’est en vain que l’amour soûpire,</l>
              <l>Si le pouvoir ne nous inspire.</l>
            </lg>
          </quote>
          <p/>
          <p><hi rend="i">L’Invention, ou la Prudence, est icy représentée. Elle a des ailes en
              teste, pour exprimer la facilité avec laquelle elle execute les desseins qu’elle a
              conçeus. Elle tient d’une main le Buste de la Nature qu’elle imite &amp; qu’elle
              perfectionne, &amp; de l’autre une Inscription qui rend témoignage de son pouvoir. Ces
              mots</hi>, <hi rend="sc">non aliunde</hi>, <hi rend="i">marquent combien la France est
              heureuse de n’estre point obligée à chercher des Appuis ailleurs que chez elle-mesme ;
              &amp; l’Etoile de Monseigneur le Dauphin, par le mot</hi>
            <hi rend="sc">nec deficit</hi>, <hi rend="i">nous assure que ces Appuis ne nous
              manqueront jamais.</hi></p>
        </quote>
        <quote>
          <label>4.</label>
          <quote>
            <lg>
              <l>Une bonne Princesse également féconde,</l>
              <l>Mérité les égards du plus grand Roy du Monde.</l>
            </lg>
          </quote>
          <p/>
          <p><hi rend="i">La Fécondité tient d’une main un Nid d’Oiseaux, &amp; de l’autre, une
              branche d’Olivier. Elle est couronnée de Genievre, &amp; accompagnée des Animaux à qui
              cette qualité convient le plus ; &amp; l’Etoile répond à tout le Tableau par le mot
              de</hi>
            <hi rend="sc">producit</hi>.</p>
        </quote>
        <quote>
          <label>5.</label>
          <quote>
            <lg>
              <l>Le bonheur éternel de voir dans les Provinces</l>
              <l>Sortir d’un grand Héros un grand nombre de Princes.</l>
            </lg>
          </quote>
          <p/>
          <p><hi rend="i">Le Globe étoilé sur lequel cette Déesse est assisse, la Palme qu’elle
              tient d’une main, le Feu celeste &amp; inextinguible qu’elle tient de l’autre, &amp;
              le mot de</hi>
            <hi rend="sc">sufficit</hi>
            <hi rend="i">qui s’applique à l’Etoile, tout représente icy le bonheur sans fin que nous
              apporte la Naissance de Monseigneur le Duc de Bourgogne.</hi></p>
        </quote>
        <quote>
          <label>6.</label>
          <quote>
            <lg>
              <l>Rien ne peut ébranler une auguste Couronne,</l>
              <l>Quand par des Successeurs le Ciel ainsi l’ordonne.</l>
            </lg>
          </quote>
          <p/>
          <p><hi rend="i">Cette Nymphe appuyée sur une Colomne, tenant une Massuë, &amp; couronnée
              de Bétoine, qui est le plus fort de tous les Simples, est la France dont la gloire
              vient d’estre affermie puissamment. Le mot de</hi>
            <hi rend="sc">reficit</hi>, <hi rend="i">veut dire que l’Etoile de Monseigneur le
              Dauphin, entretiendra, &amp; conservera toûjours nostre repos.</hi></p>
        </quote>
        <quote>
          <label>7.</label>
          <quote>
            <lg>
              <l>Enfin le Ciel aux Vœux de la France propice,</l>
              <l>Leur accorde l’effet d’un pieux Sacrifice.</l>
            </lg>
          </quote>
          <p/>
          <p><hi rend="i">Ce sont icy les Prieres, &amp; les Vœux publics de tous les Etats. Le mot
              de</hi>
            <hi rend="sc">respicit</hi>, <hi rend="i">marque qu’ils ont esté écoûtez.</hi></p>
        </quote>
        <quote>
          <label>8.</label>
          <quote>
            <lg>
              <l>Qu’il est cher ce Trésor, &amp; que dans son besoin</l>
              <l>Le Ciel &amp; la Nature en auront un grand soin !</l>
            </lg>
          </quote>
          <p/>
          <p><hi rend="i">Deux Dauphins qui sont reconnus par tout le monde pour le Simbole de
              l’Humanité &amp; de la Douceur, l’un mâle, &amp; l’autre femelle, donnent icy tous
              leurs soins à leur petit Dauphin ; &amp; le</hi>
            <hi rend="sc">subducit</hi>
            <hi rend="i">appliqué à l’Etoile, exprime aussi la tendresse avec laquelle Monseigneur
              le Dauphin éleve ce prétieux Gage, qu’il vient de recevoir de l’amour de Madame la
              Dauphine.</hi></p>
        </quote>
        <quote>
          <label>9.</label>
          <quote>
            <lg>
              <l>Mais ces Biens ne sont rien sans les graces entieres,</l>
              <l>Et le divin respect du Pere des lumieres.</l>
            </lg>
          </quote>
          <p/>
          <p><hi rend="i">Cette derniere Devise fait assez voir que le Soleil, qui est le Roy,
              anime, acheve, &amp; perfectionne tout.</hi></p>
        </quote>
        <p/>
        <p>Ces neuf Tableaux, embellis de Fleurs, &amp; de divers ornemens, faisoient un tres-bel
          effet, aussi-bien que deux Fontaines de Vin placées aux deux Pavillons de l’Hôtel de
          Ville, que rendoient deux Merletes, qui sont les Armes de M<hi rend="sup">r</hi> de S.
          Aignan, &amp; deux Salamandres, qui sont celles de la Ville, avec cette ame aux unes, <hi
            rend="sc">tutto cuore</hi>, &amp; aux autres, <hi rend="sc">tutto fuoco</hi>. Toute la
          Court, &amp; les dehors &amp; dedans de cet Hôtel, estoient ornez de Paviers semez de
          Fleurs-de-Lys, &amp; garnis d’une infinité de Lumieres. On avoit aussi illuminé toutes les
          Maisons des Habitans ; &amp; les Echevins, Conseillers, Syndic, &amp; autres Officiers,
          outre le Feu public par eux ordonné, en allumerent chacun un en particulier devant leur
          Maison, où ils firent une profusion surprenante de Vin d’Espagne, &amp; d’autres Liqueurs
          au Peuple. Les Boutiques avoient été fermées pendant tout le jour ; &amp; tous les
          Capitaines des Navires &amp; Vaisseaux, qui sont toûjours dans le Port en tres-grand
          nombre, &amp; de diférentes Nations, ayant reçeu ordre de les parer de leurs plus belles
          Enseignes, Paviers, Flâmes, Pavillons, &amp; autres ornemens particuliers, s’en
          acquiterent avec tant de soin que rien ne fut oublié. Il y eut des Illuminations au haut
          de leurs Mats &amp; Vergues ; &amp; en general toute la Ville, animée par l’exemple &amp;
          les nobles sentimens de son Gouverneur, &amp; par son ancienne &amp; inviolable fidelité
          au service de son Prince, fut si brillante de Feux, qu’on peut dire, que quoy que moins
          grande, elle ne ceda à aucune du Royaume. La Santé du Roy, &amp; de toute la Famille
          Royale, fut beue plusieurs fois dans l’Hôtel de Ville, &amp; à chaque fois on tiroit
          plusieurs volées de Canon, qui estoient toûjours suivies de grands cris de joye. Apres le
          Soupé, les Echevins donnerent le Bal, &amp; régalerent les Dames d’une magnifique
          Collation.</p>
        <p>Ce n’a pas esté seulement au Havre, &amp; dans les Villes dépendantes de ce Gouvernement,
          qui sont Harfleur, Montivilliers, &amp; Fécamp, que M<hi rend="sup">r</hi> le Duc de S.
          Aignan a fait donner d’éclatantes marques de la forte joye que le bonheur de la France luy
          a fait sentir.</p>
      </div>
      <div type="article" xml:id="MG-1682-09b_262">
        <head>[Réjouissances en Normandie et en Touraine pour la naissance du duc de
          Bourgogne]*</head>
        <bibl><title>Mercure galant</title>, septembre 1682 (seconde partie) [tome 10], p. 262-163,
          267-268.</bibl>
        <p/>
        <p>Ce n'a pas esté seulement au Havre, &amp; dans les Villes dépendantes de ce Gouvernement,
          qui sont Harfleur, Montivilliers, &amp; Fécamp, que M<hi rend="sup">r</hi> le Duc de S.
          Aignan a fait donner d'éclatantes marques de la forte joye que le bonheur de la France luy
          a fait sentir. Comme il est aussi Gouverneur des Villes &amp; Château de Loches &amp;
          Beaulieu ont y a fait des choses assez singulieres pour mériter icy un Article. [...]</p>
        <p>Depuis le Dimanche 30. Aoust jusques au 6. de ce mois, il y eut divers Feux de joye, où
          les Fusées, les Girandoles, &amp; autres Feux d'artifice, brillerent toûjours. M<hi
            rend="sup">r</hi>s de Loches en firent un avec une fort agreable Symphonie, &amp; des
          Cabinets d'Orgues tres-beaux &amp; tres-grands, qu'on apporta dans la Ruë, afin que rien
          ne manquast aux remercîmens &amp; aux prieres que l'on fit à Dieu. Les Cordeliers, les
          Capucins, les Religieuses, nommées Filles de la Mere de Dieu, ou de Viantais, du nom de
          leur Supérieure, &amp; les Dames de l'Hostel-Dieu, accompagnerent leurs Feux de Fusées,
          &amp; d'Illuminations.</p>
      </div>
      <div type="article" xml:id="MG-1682-09b_271">
        <head>Sonnet en Rimes parlantes</head>
        <bibl><title>Mercure galant</title>, septembre 1682 (seconde partie) [tome 10],
          p. 271-275.</bibl>
        <p/>
        <p>Voila, Madame, ce que l’amour qu’on a pour le Roy, &amp; le zele ardent qu’on connoist
          pour ce grand Prince en M<hi rend="sup">r</hi> le Duc de S. Aignan, ont fait faire dans
          les Lieux dont il est le Gouverneur. Vous estimez tant cet illustre Duc, que je vous feray
          sans-doute plaisir de vous envoyer ce qui s’est fait depuis peu à son avantage.</p>
        <quote>
          <label>EN RIMES PARLANTES.</label>
          <lg>
            <l><hi rend="i">Quand on ne produit rien qui ne soit trouvé</hi> bon,</l>
            <l><hi rend="i">Quoy qu’on ait des Censeurs de diferent</hi> génie,</l>
            <l><hi rend="i">Parmy les Gens d’esprit en quelle estime est</hi>-on ?</l>
            <l><hi rend="i">N’est-ce pas un honneur que tout le monde</hi> envie ?</l>
          </lg>
          <ab type="ornament">***</ab>
          <lg>
            <l><hi rend="i">Mais ne manquer jamais à bien prendre son</hi> ton,</l>
            <l><hi rend="i">Et conduire sa voix avec telle</hi> industrie,</l>
            <l><hi rend="i">Qu’on chante dignement les grandeurs de</hi> Bourbon,</l>
            <l><hi rend="i">C’est en quoy Saint Aignan tous les autres</hi> défie.</l>
          </lg>
          <ab type="ornament">***</ab>
          <lg>
            <l><hi rend="i">Quand on veut qu’il raisonne, il raisonne en</hi> Docteur ;</l>
            <l><hi rend="i">Quand on veut qu’il déclame, il parle en</hi> Orateur ;</l>
            <l><hi rend="i">Pour des Vers, il en fait en excellent</hi> Poëte.</l>
          </lg>
          <ab type="ornament">***</ab>
          <lg>
            <l><hi rend="i">Cent fois pour éprouver le beau talent qu’il</hi> a,</l>
            <l><hi rend="i">Cartel fut présenté, cent fois il l’accep</hi>-ta,</l>
            <l><hi rend="i">Et de ses Agresseurs s’ensuivit la</hi> défaite.</l>
          </lg>
        </quote>
        <p/>
        <p>Si par hazard vous ne sçavez point encor ce que c’est que Rimes parlantes, vous n’avez
          qu’à assembler celles qu’on a fait entrer dans ce Sonnet, &amp; vous trouverez,</p>
        <quote>
          <lg>
            <l rend="i">Bon Genie,</l>
            <l rend="i">On envie</l>
            <l rend="i">Ton industrie.</l>
            <l rend="i">Bourbon défie</l>
            <l rend="i">Docteur, Orateur, Poëte,</l>
            <l rend="i">A ta défaite.</l>
          </lg>
        </quote>
        <p/>
        <p>Vous voyez, Madame, que toutes ces Rimes font un sens parfait, &amp; par conséquent
          qu’elles sont parlantes. Cet ingénieux Sonnet, qui pourroit estre avoüé par ceux qui ont
          le plus de talent à remplir des Bouts-rimez, est d’un jeune Homme de qualité, Allemand,
          qui s’appelle George Conrad Schuster. Leipsic est le Lieu de sa naissance. Comme il a
          l’esprit fort vif, &amp; grand génie pour les Vers, il en a fait icy en plusieurs
          occasions, &amp; n’en a point fait qu’on n’ait leûs avec plaisir.</p>
      </div>
      <div type="article" xml:id="MG-1682-09b_275">
        <head>[Mariage à l’hôtel de Saint-Aignan.]*</head>
        <bibl><title>Mercure galant</title>, septembre 1682 (seconde partie) [tome 10],
          p. 275-279.</bibl>
        <p>[...] M le Duc de S. Aignan, qui s’est toûjours distingué en tout, n’a pû recevoir
          ceux-cy, &amp; ne luy faire connoistre le cas qu’il en fait, que par des loüanges. Il luy
          a voulu marquer plus solidement combien il estime son mérite, en le priant d’accepter une
          Médaille d’or, &amp; de prix. Le Roy est à la face droite de cette Médaille, &amp; le
          Passage du Rhin au revers. Ainsi ce jeune Etranger, qui se prépare à s’en retourner en son
          Païs, y remportera de nobles preuves de l’esprit qu’on luy a trouvé en France, &amp; aura
          sujet de faire valoir la magnificence des grands Seigneurs de la Cour, qui pour de simples
          Sonnets donnent dequoy immortaliser leur Nom dans une Famille.</p>
        <p>Ce Duc, qui cherche toûjours à obliger, &amp; qui oblige toûjours doublement par la
          maniere dont il fait les choses, a donné des marques de son ordinaire genérosité, dans
          l’occasion du Mariage de Mademoiselle de Morizel, qui s’est fait depuis deux mois à
          l’Hostel de S. Aignan. C’est une Personne de beaucoup de mérite, qui a demeuré plus de
          vingt ans aupres de feuë Madame la Duchesse de S. Aignan, &amp; depuis toûjours aupres de
          Madame la Duchesse d’aujourd’huy. Elle est de la Maison du Bellay, &amp; a épousé M<hi
            rend="sup">r</hi> de Viviers, qui a servy longtemps en qualité de Capitaine dans le
          Regiment de la Marine, &amp; de Major dans Tréves, &amp; qui est d’une des plus
          considérables Maisons du Dunois. Sa Majesté, dont la bonté &amp; la justice se signalent
          tous les jours, l’a nommé pour son Lieutenant au Havre de Grace, &amp; pour Survivant de
            M<hi rend="sup">r</hi> de la Vaissiere, Lieutenant de Roy en ce Gouvernement, que son
          grand âge, &amp; l’incommodité d’une Paralysie du costé droit, en suite de plusieurs
          blessures, empeschent d’agir suivant toute l’étenduë de son zele. Quoy que M<hi rend="sup"
            >r</hi> de Viviers ait ses Provisions, &amp; fasse toutes les fonctions de cet Employ,
          Sa Majesté satisfaite des grands services de M<hi rend="sup">r</hi> de la Vaissiere, luy a
          fait aussi renouveler ses Provisions.</p>
      </div>
      <div type="article" xml:id="MG-1682-09b_288">
        <head>[Réjouissances à Marseille pour la naissance du duc de Bourgogne]*</head>
        <bibl><title>Mercure galant</title>, septembre 1682 (seconde partie) [tome 10], p. 288-291,
          294-300, 304-305, 307-309.</bibl>
        <p/>
        <p>La Ville de Marseille a profité de tous les avantages de son heureuse situation pour
          mieux témoigner sa joye, du bonheur de ce Royaume, &amp; elle l'a fait paroistre avec
          d'autant plus d'éclat, qu'elle faisoit paroître aux yeux de tant de Nations diférentes qui
          abordent dans son Port, &amp; qu'elle avoit pour témoins de son zele. Dés qu'elle eut
          appris la Naissance de nostre nouveau Prince, les Feux que tous ses Habitans allumerent de
          leur propre mouvement, prévinrent les ordres publics. Cet Empressement fut cause que M<hi
            rend="sup">r</hi>s les Echevins qui font la fonction de Gouverneurs en l'absence de M<hi
            rend="sup">r</hi> de Fourville-Pilles, Gouverneur Viguier pour sa Majesté, ne purent
          prendre autant de loisir qu'il eussent voulu, pour préparer la Feste à laquelle ils
          destinoient le 28. le 29. &amp; le 30. d'Aoust, qui n'estoient guere éloignez.</p>
        <p>Pendant que la Ville faisoit les aprests de ses Réjoüissances, tout le Port fit les
          siennes. M<hi rend="sup">r</hi> Brodart, Intendant General des Galeres, &amp; M<hi
            rend="sup">r</hi> de Mansse, Premier Chef d'Escadre, se rendirent le 23. d'Aoust sur la
          Galere Réale, où ils assisterent avec tous les Officiers, au <hi rend="i">Te Deum</hi> qui
          fut chanté en Musique. [...]</p>
        <p>Toutes les Galeres firent trois salves de cent coups de Canon chacune ausquelles
          l'Arsenal répondit toutes les trois fois par cent autres coups, sans compter les Boëtes
          qui tirerent de dessus les Murailles du Parc &amp; le redoublement de tout ce bruit causé
          par l'Echo qui est dans le Port de Marseille. Ces Réjoüissances des Galeres durerent trois
          jours avec une magnificence égale, mais toûjours diverse. Ainsi elles ne finirent que le
          26. d'Aoust ; &amp; dés le lendemain 27. à l'entrée de la nuit, huit Trompetes à cheval
          precédez de vingt quatre Tambours, parez des couleurs de la Ville, portant chacun un
          Etendard en Broderie d'or &amp; d'argent, &amp; éclairez de six Flambeaux de Cire Blanche,
          allerent dans toutes les Places, publier qu'on fermast les Boutiques pendant trois jours,
          &amp; qu'on ne songeast qu'aux Jeux publics. Le jour suivant les Echevins &amp; Assesseur
          en Robes de cerémonie, accompagnez des Tambours, des Violons, des Trompetes, &amp; de cinq
          cens jeunes Garçons qui portoient des Banderoles, allerent à l'Eglise Major, qui est la
          Cathédrale, que les Chanoines avoient pris soin de faire richement parer. [...] On fit une
          Procession solemnelle, où l'on porta les Chasses d'or &amp; d'argent, de Nostre-Dame, de
          Saint-Lazare, de Sainte Magdelaine, de Sainte Marthe, &amp; de Saint Cannat, précedées
          &amp; suivies des Violons. Pendant la Procession, les Boëtes que l'on avoit disposées à
          toutes les Places de la Ville, par où elle devoit passer, tirerent incessamment. On rentra
          dans l'Eglise, où fut chanté un <hi rend="i">Te Deum</hi> à trois Choeurs de Musique, de
          la composition de M<hi rend="sup">r</hi> Michel, un des plus excellens Maîtres de Chapelle
          qu'ait jamais eus la Provence, &amp; mesme quelques Chansons Provençales sur
          l'accouchement de Madame la Dauphine, ne furent pas trouvées indignes de suivre le <hi
            rend="i">Te Deum</hi>. L'apres-dînée, des Fontaines de Vin coulerent jusqu'à la nuit
          devant l'Hostel de Ville. On y donna un grand Bal à toutes les Dames ; &amp; afin qu'il
          n'y eust point de divertissement où le Peuple ne prist part, on mit dans toutes les Places
          publiques des Violons pour le faire dancer. [...]</p>
        <p>Le lendemain, on n'eut rien de nouveau pour l'invention, mais tout y fut encore plus
          magnifique. Enfin, le 30. on redoubla les soins pour finir par quelque chose
          d'extraordinaire. Le Cours de Marseille est un des plus beaux &amp; des plus réguliers du
          monde. [...] C'est là la Scene qu'on avoit choisie pour achever dignement cette grande
          Feste. [...]</p>
        <p>Un si beau Lieu le fut encor bien davantage, lors que sur les neuf heures du soir les
          quatre Compagnies de la Ville y vinrent toûjours dans un équipage tres-propre, éclairées
          d'un grand nombre de Flambeaux, &amp; se rangerent en haye, pour laisser passer les
          Echevins qui allerent allumer un grand Feu qu'on avoit préparé à un bout du Cours vers la
          Porte de Rome. Les Compagnies rentrerent ensuite dans la Ville, dont elles firent tout le
          tour ; mais elles s'arresterent devant la Maison de M<hi rend="sup">r</hi> le Gouverneur
          pour donner lieu à leurs Enseignes de joüer du Drapeau. Tout le monde fut fort satisfait
          de la maniere dont ils s'acquiterent de cet exercice. Pour les Echevins, ils retournerent
          à l'Hostel de Ville, où ils donnerent un Repas public à tous ceux qui en voulurent estre,
          &amp; ensuite les Violons sur l'eau, où plus de deux mille Batteaux les suivirent pour
          joüir de ce plaisir.</p>
      </div>
      <div type="article" xml:id="MG-1682-09b_311">
        <head>[Devises provenant de Dijon.]*</head>
        <bibl><title>Mercure galant</title>, septembre 1682 (seconde partie) [tome 10],
          p. 311-321.</bibl>
        <p/>
        <p>Depuis que j’ay achevé la premiere Partie de cette Lettre, dans laquelle je vous parle du
          Char de Triomphe, où le jour de S. Loüis l’on vit paroistre à Dijon un jeune Enfant
          représentant Monseigneur le Duc de Bourgogne, au milieu des quatre derniers Ducs de ce
          nom, on m’a fait part des Devises qui ornoient ce Char. Je vous les envoye expliquées en
          Vers. On avoit mis ces paroles au dessous de l’Enfant, que la France couronnoit.</p>
        <quote>
          <label><hi rend="sc">Nascente hoc cuncta</hi><lb/><hi rend="sc">moventur</hi>.</label>
          <lg>
            <l rend="i"> Il sort du sein de la Victoire,</l>
            <l rend="i">Dans un temps où la Paix tient tout calme icy bas.</l>
            <l rend="i">Parmy les Nations de cent &amp; cent Climats</l>
            <l rend="i">On entend publier sa naissance &amp; sa gloire.</l>
            <l rend="i">La Terre le prédit avec son tremblement</l>
            <l rend="i">Par un Astre nouveau sorty du firmament.</l>
            <l rend="i">Le Ciel mesme l’annonce aux Peuples de la Terre,</l>
            <l rend="i">Et tout dit qu’il doit estre un jour par ses hauts faits,</l>
            <l rend="i">Comme le Grand LOUIS, redoutable à la Guerre,</l>
            <l rend="i"> Autant qu’aimable dans la Paix.</l>
          </lg>
        </quote>
        <p/>
        <p>Au pied du Génie de la Bourgogne, qui conduisoit les Chevaux du Char, étoient ces autres
          paroles,</p>
        <quote>
          <lg>
            <l>
              <hi rend="sc">Hos quatuor unus</hi></l>
            <l><hi rend="sc">Hic aliquando dabit.</hi></l>
            <l><hi rend="i">De</hi>
              <hi rend="sc">Philippe</hi>
              <hi rend="i">on vanta par tout la hardiesse ;</hi></l>
            <l><hi rend="i">Le partage de</hi>
              <hi rend="sc">Jean</hi>
              <hi rend="i">fut l’intrepidité,</hi></l>
            <l><hi rend="i">Son</hi>
              <hi rend="sc">Fils</hi>
              <hi rend="i">aima la Paix, on loüa sa bonté.</hi></l>
            <l><hi rend="sc">Charles</hi>
              <hi rend="i">ne demanda qu’à combatre sans cesse ;</hi></l>
            <l rend="i">Et tout ce qu’en leur temps ces grands Héros ont eu</l>
            <l rend="i">De valeur, de bonté, de force, &amp; de vertu,</l>
            <l rend="i">Doit de ce Prince seul former le caractere.</l>
            <l rend="i">C’est un bien que le Ciel nous promet aujourd’huy ;</l>
            <l rend="i">Et s’il n’avoit fait naistre &amp; l’Ayeul &amp; le Pere,</l>
            <l rend="i"> Rien ne seroit si grand que luy.</l>
          </lg>
        </quote>
        <p/>
        <p>Sur le Theatre où l’on dressa le Feu d’artifice, estoit la Félicité tenant un Enfant, que
          la France présentoit à la Bourgogne, en luy disant,</p>
        <quote>
          <label><hi rend="sc">Dum repetam</hi>.</label>
          <lg>
            <l rend="i"> Mon cœur consent qu’on te le donne,</l>
            <l rend="i">Mais à condition de le reprendre un jour,</l>
            <l rend="i"> Et qu’ayant porté ta Couronne,</l>
            <l rend="i">Je le verray l’appuy de la mienne à mon tour.</l>
          </lg>
        </quote>
        <p/>
        <p>La Bourgogne répondoit.</p>
        <quote>
          <label><hi rend="sc">Dignam me Lilia</hi><lb/><hi rend="sc">monstrant</hi>.</label>
          <lg>
            <l rend="i">Cet honneur est bien grand, mais enfin, quoy qu’insigne,</l>
            <l rend="i"> S’il pouvoit estre merité,</l>
            <l rend="i">Et les Lys que je porte, &amp; ma fidelité,</l>
            <l rend="i"> Me flateroient d’en estre digne.</l>
          </lg>
        </quote>
        <p/>
        <p>Autour du Theatre il y auoit quatre Emblêmes. Le premier estoit un Dauphin sur la Mer,
          &amp; un dans le Ciel, avec ce Vers.</p>
        <quote>
          <label><hi rend="sc">Imperium Oceano</hi><lb/><hi rend="sc">famam qui
              terminet</hi><lb/><hi rend="sc">astris</hi>.</label>
          <lg>
            <l rend="i">Ce Prince imitera l’invincible LOUIS ;</l>
            <l rend="i">Il fera comme luy des exploits inoüis,</l>
            <l rend="i">Et comme luy, passant de Victoire en Victoire,</l>
            <l rend="i">On le verra porter jusqu’au plus haut des airs,</l>
            <l rend="i">Le bruit de son grand Nom, &amp; l’éclat de sa gloire,</l>
            <l rend="i">Et borner son Empire où finit l’Univers.</l>
          </lg>
        </quote>
        <p/>
        <p>Le second estoit un Sep de Vigne, qui embrassoit un Arbre, avec ces mots,</p>
        <quote>
          <label><hi rend="sc">Crescente crescam</hi>.</label>
          <lg>
            <l rend="i">J’attache ma vie à la sienne,</l>
            <l rend="i">Pour voir mon bonheur assuré ;</l>
            <l rend="i">Cet Arbre croistra, je croistray,</l>
            <l rend="i">Et sa grandeur fera la mienne.</l>
          </lg>
        </quote>
        <p/>
        <p>Le troisiéme, un Grénadier chargé de ses Fleurs couronnées, avec cette Devise,</p>
        <quote>
          <label><hi rend="sc">A ciascun’ la sua</hi><lb/><hi rend="sc">corona</hi>.</label>
          <lg>
            <l rend="i">Cette Tige paroisten Couronnes féconde ;</l>
            <l rend="i">J’y vois celle du Roy, du Dauphin, de son Fils,</l>
            <l rend="i">Et si de leur effet nos souhaits sont suivis,</l>
            <l rend="i">L’un des trois quelque jour aura celle du Monde.</l>
          </lg>
        </quote>
        <p/>
        <p>Le quatriéme, un Soleil regardant un Tournesol naissant, avec ces mots,</p>
        <quote>
          <label><hi rend="sc">Sub tanto sidere</hi><lb/><hi rend="sc">crescam</hi>.</label>
          <lg>
            <l rend="i">Cet Astre souverain qui regne sur la France</l>
            <l rend="i"> Présidoit quand je pris naissance ;</l>
            <l rend="i">  Et j’espere aujourd’huy,</l>
            <l rend="i">Secondé de sa douce &amp; divine influence,</l>
            <l rend="i"> Devenir aussi grand que luy.</l>
          </lg>
        </quote>
        <p/>
        <p>La Machine de ce Feu avoit cinquante-trois pieds de hauteur. On y avoit écrit ce Sonnet,
          qui contient les Souhaits de la Bourgogne en faveur du jeune Prince.</p>
        <quote>
          <lg>
            <l rend="i">Sur cet aimable Objet de ma tendresse extréme,</l>
            <l rend="i">Ce Gage prétieux de ma felicité,</l>
            <l rend="i">Ciel, verse tous les biens que ton pouvoir supréme</l>
            <l rend="i">Répand en ces bas lieux pour marquer ta bonté.</l>
          </lg>
          <ab type="ornament">***</ab>
          <lg>
            <l rend="i">LOUIS est grand en tout ; que ce Fils soit de mesme,</l>
            <l rend="i">Qu’il joigne la valeur avec la pieté,</l>
            <l rend="i">Et qu’orné des vertus dignes du Diadéme,</l>
            <l rend="i">Le nombre de ses jours ne puisse estre compté.</l>
          </lg>
          <ab type="ornament">***</ab>
          <lg>
            <l rend="i"> Tandis que l’on verra nostre vaste Hémisphere,</l>
            <l rend="i">Partage sous les Loix de l’Ayeul &amp; du Pere,</l>
            <l rend="i">Que l’autre soit le prix de ses Exploits divers ;</l>
          </lg>
          <ab type="ornament">***</ab>
          <lg>
            <l rend="i"> Et que plein du beau feu qu’un Sang Royal inspire,</l>
            <l rend="i">Unissant à la fin &amp; l’un &amp; l’autre Empire,</l>
            <l rend="i">Ce Prince soit un jour Maistre de l’Univers.</l>
          </lg>
        </quote>
        <p/>
        <p>Ces Devises &amp; ces Vers sont de M<hi rend="sup">r</hi> Moreau, Avocat General en la
          Chambre des Comptes de Dijon. Il a beaucoup de mérite, &amp; s’est acquis grande
          réputation dans le Barreau par ses Plaidoyers, &amp; le Discours de la présentation de
            M<hi rend="sup">r</hi> le Marquis d’Uxelles, Lieutenant de Roy en Bourgogne, &amp; par
          ses Harangues à la Chambre des Comptes, qu’il fait tous les ans à la S. Martin. M<hi
            rend="sup">r</hi> Moreau, Auditeur des Comptes à Paris, est son Frere. C’est celuy dont
          je vous ay envoyé plusieurs Ouvrages galans, sous le nom du Fils d’un Auditeur des Comptes
          de Dijon.</p>
      </div>
      <div type="article" xml:id="MG-1682-09b_325">
        <head>[Réjouissances à Compiègne pour la naissance du duc de Bourgogne]*</head>
        <bibl><title>Mercure galant</title>, septembre 1682 (seconde partie) [tome 10], p.
          325-330.</bibl>
        <p/>
        <p>M<hi rend="sup">r</hi>s les Prieur &amp; Religieux d'Eslimour Sainte Marguerite, prés
          Compiegne, s'étant acquitez avec toute la devotion possible des Prieres qui leur avoient
          esté ordonnées, pour l'heureux accouchement de Madame la Dauphine, à cause des grands
          Miracles qui se font tous les jours dans leur Eglise par l'intercession de la Sainte, dont
          ils conservent prétieusement les Reliques, ont mélé les témoignages de leur joye à ceux de
          toute la France. Ils ont suivy en cela l'exemple de M<hi rend="sup">r</hi> L'Abbé de
          Villacerf leur Chef, &amp; de toute sa Famille, qui a un attachement inviolable pour le
          service du Roy. Le Dimanche 13. de ce mois ayant esté choisy pour la Feste, M<hi
            rend="sup">r</hi> Cottard, Prieur Claustral, donna tous les ordres necessaires pour
          l'Illumination de toute l'Eglise, &amp; fit mettre au dessous du grand Crucifix de la Nef
          un Dais de Brocatel d'or, garny de Dentelles d'or &amp; d'argent, &amp; sous ce Dais, le
          Portrait du Roy, avec ses Armes. Celles de Monseigneur le Dauphin estoient à la droite,
          &amp; celles de Monseigneur le Duc de Bourgogne, à la gauche. Le <hi rend="i">Te Deum</hi>
          fut chanté sur les six heures du soir, &amp; à huit heures M<hi rend="sup">r</hi> Cottard
          à la teste de ses Religieux, alluma le Feu de joye. Il estoit dressé sur un grand Théatre,
          à quelques pas de l'Eglise. On y voyoit quatre grands Pilastres, sur le haut desquels
          estoient les quatre Vertus, avec cette Inscription au bas.</p>
        <p/>
        <label><hi rend="sc">LUDOVICO MAGNO</hi>.</label>
        <label><hi rend="sc">AUGUSTISSIMO EIUS DELPHINO</hi>.</label>
        <label><hi rend="sc">AC SERINISSIMO DUCI BURGUNDIÆ</hi>.</label>
        <label><hi rend="sc">ABBAS VILLASERIUS, PRIOR ET</hi>.</label>
        <label><hi rend="sc">RELIGIOSI ELIMOURIENSES</hi>.</label>
        <label><hi rend="sc">ÆTERNAM FELICITATEN</hi>.</label>
        <label><hi rend="sc">DEPRECANTUR</hi>.</label>
        <p/>
        <p>Le pied de chaque Pilastre estoit embelly d'une Devise.</p>
        <p>La premiere estoit un Soleil naissant.</p>
        <p>EXHILARAT NASCENDO OMNES.</p>
        <p>La seconde, un Globe qui représentoit la Terre.</p>
        <p>SI CONCEDAT AVUS</p>
        <p>La troisieme, un Lys au pied de deux autres.</p>
        <p>TERTIUS E CÆLO.</p>
        <p>La quatriéme, un trophée d'armes.</p>
        <p>HIS VINCERE DISCET.</p>
        <p>Dans les quatre Faces on voyoit les Armes du Roy, de Monseigneur le Dauphin, de
          Monseigneur le Duc de Bourgogne, &amp; de M<hi rend="sup">r</hi> l'Abbé de Villacerf ;
          &amp; au milieu des quatre grandes Figures, la Renommée sur une Boule, tenoit une Trompete
          avec une Banderole aux Armes du jeune Prince. Comme l'Eglise est située sur la pente d'une
          Montagne qui commande aux environs, on vit le Feu de plus de trois lieues. L'Artifice fit
          merveilles ; &amp; parmy le bruit des Tambours, en entendit celuy des Mousquets par la
          décharge qu'en firent les Habitans qui s'estoient mis sous les armes. Le carillon des
          Cloches du Prieuré &amp; de la Paroisse, ne cessa point pendant tout ce temps &amp; s'il y
          a eu plus de magnificence dans d'autres Festes, on peut dire qu'il n'y en a point qui ait
          esté celebrée avec des marques d'une réjoüissance plus parfaite.</p>
      </div>
      <div type="article" xml:id="MG-1682-09b_331a" resp="angele">
        <head>Air nouveau</head>
        <bibl><title>Mercure galant</title>, septembre 1682 (seconde partie) [tome 10], p.
          331.</bibl>
        <p>Voicy un Air nouveau d´un bon Maistre, &amp; dont les paroles sont fort estimées.</p>
        <quote>
          <label>AIR NOUVEAU.</label><note resp="author" place="margin"><hi rend="i">Avis pour
              placer les Figures</hi> : l’air qui commence par <hi rend="i">Quand on soûpire</hi>,
            doit regarder la page 331.</note>
          <lg>
            <l rend="i">Quand on soûpire</l>
            <l rend="i">Sans oser dire</l>
            <l rend="i">Que l'on ressent</l>
            <l rend="i">Un mal pressant,</l>
            <l rend="i">Qu'on est à plaindre</l>
            <l rend="i">D'estre obligé de se contraindre !</l>
            <l rend="i">Mais on l'est encor plus, quand il faut soûpirer</l>
            <l rend="i">Sans esperer.</l>
          </lg>
          <ref target="images/1682-09b_331a.JPG">
            <figure>
              <graphic url="images/1682-09b_331a.JPG"/>
            </figure>
          </ref>
        </quote>
      </div>
      <div type="article" xml:id="MG-1682-09b_331b" copyOf="JLB-MG-1682-09b_331" resp="angele">
        <head>[Mort de M. l'Evêque de Bazas en Guyenne, suivie de celle de M. Testu]*</head>
        <bibl><title>Mercure galant</title>, septembre 1682 (seconde partie) [tome 10], p.
          331-334.</bibl>
        <p/>
        <p>M<hi rend="sup">r</hi> l'Evesque de Bazas en Guyenne, Suffragant d'Auch, est mort icy
          depuis quelques jours, âgé de 70. ans. Son nom de famille estoit de Boissonade d'Orty.
            M<hi rend="sup">r</hi> d'Orty, que l'on a veu à la teste du Regiment des Gardes, &amp; à
          qui pour récompense le Roy a donné un Gouvernement, estoit son Frere.</p>
        <p>Cette mort a esté suivie de celle de M<hi rend="sup">r</hi> Testu, Capitaine Chevalier du
          Guet de la Ville &amp; Fauxbourgs de Paris, arrivée le 17. de ce mois. Il s'estoit
          toujours acquité des fonctions de la Charge avec tous les soins, &amp; toute la vigilance
          que demande cet employ. Il estoit zelé pour le service du Roy, &amp; avoit suivy en cela
          l'exemple de Feu M<hi rend="sup">r</hi> Testu son Pere, à qui la Cour avoit confié souvent
          le secret de beaucoup d'Affaires importantes. Je ne parle point de son esprit. On sçait
          que l'esprit est heréditaire dans cette famille, &amp; qu'il n'y a personne du nom de
          Testu qui n'en ait infiniment. Il fut porté de son Hôtel Ruë Saint Loüis au Marais, en
          l'Eglise de Saint Gervais sa Paroisse, accompagné du Curé &amp; de son Clergé, &amp; suivy
          de tous ceux de sa Famille, &amp; de deux Compagnies des Archers du Guet, avec leurs
          Lieutenans à la teste, Enseigne &amp; Guidons. Les Tambours couverts de Crespe batoient à
          la sourdine ; &amp; les Trompetes, couvertes aussi de Crespe, sonnoient de mesme.
          [...]</p>
      </div>
      <div type="article" xml:id="MG-1682-09b_335">
        <head>[Réjouissances à Mont-Louis pour la naissance du duc de Bourgogne]*</head>
        <bibl><title>Mercure galant</title>, septembre 1682 (seconde partie) [tome 10], p.
          335-338.</bibl>
        <p/>
        <p>Je vous ay deja parlé plusieurs fois de Mont-Loüis. Vous sçavez que cette Place est
          située au plus haut des Pyrenées. Les Travaux en sont tres réguliers, &amp; le nom qu'elle
          porte doit faire juger qu'elle est fort considérable. M<hi rend="sup">r</hi> Durban qui en
          est Gouverneur, y a fait entendre un <hi rend="i">Te Deum</hi> au bruit des décharges de
          trente Pieces de Canon, &amp; de trois salves de toute l'infanterie, qui est campée aux
          environs de la Place. La solemnité fut suivie d'un magnifique Repas qu'ils donna aux
          Officiers des Troupes, &amp; aux principaux du Païs, qui avoient assisté au <hi rend="i"
            >Te Deum</hi>. Il fit tirer le soir un tres-beau Feu d'artifice, qu'il avoit fait
          préparer sur un Rocher proche du Camp, où depuis quelques années il a fait faire plusieurs
          gros Jets d'eau. Rien n'estoit plus agreable que de voir ces eaux briller à la clarté que
          rendoient les Feux.</p>
        <p>Le lendemain, M<hi rend="sup">r</hi> de Malezieu, Commissaire des Guerres, &amp; que le
          Roy a chargé des Affaires de ce Païs-là en l'absence de l'Intendant, fit allumer des Feux
          dans son Quartier. Il y ajoûta l'ornement de quantité de Devises, &amp; donna un Soupé
          aussi abondant que propre aux mesmes Officiers, &amp; à tous ceux qui s'y voulurent
          trouver. Toutes sortes d'Instrumens se firent entendre pendant ce Régale. Les Feux que
          l'on fit joüer ayant attiré le Peuple des lieux voisins, M<hi rend="sup">r</hi> de
          Malezieu luy fit prendre part aux Réjoüissances par une grande distribution de Pain, &amp;
          de Vin.</p>
      </div>
      <div type="article" xml:id="MG-1682-09b_338">
        <head>[Réjouissances à l'abbaye de Fontevraud pour la naissance du duc de Bourgogne]*</head>
        <bibl><title>Mercure galant</title>, septembre 1682 (seconde partie) [tome 10], p.
          338-339.</bibl>
        <p/>
        <p>Les Communautez qui composent l'Abbaye de Fontevraut, ont fait chanter un <hi rend="i">Te
            Deum</hi> à trois Choeurs de Musique. Quoy qu'il ne fut que quatre heures lors qu'il fut
          finy, Madame de Fontevraut ne laissa pas de faire allumer un Feu devant la grande Eglise.
          Tous les Habitans qui estoient en armes, firent un tres-grand nombre de décharges aux
          acclamations de Vive le Roy.</p>
      </div>
      <div type="article" xml:id="MG-1682-09b_340">
        <head>[Réjouissances à l'abbaye de Royal-Lieu près de Compiègne pour la naissance du duc de
          Bourgogne]*</head>
        <bibl><title>Mercure galant</title>, septembre 1682 (seconde partie) [tome 10], p.
          340-342.</bibl>
        <p/>
        <p>Je croy, Madame, que l'Abbaye de Royal-Lieu vous est connuë. Elle est située aupres de
          Compiegne, &amp; c'est la premiere de France qui ait esté dédiée sous l'invocation de
          Saint Loüis. Madame de Roanez, Soeur de M<hi rend="sup">r</hi> le Maréchal Duc de la
          Feüillade, en est Abbesse. C'est une Dame fort consdérable par l'éclat de sa naissance
          mais plus encor par celuy de sa vertu. Elle est si genéralement reconnuë, qu'on peut dire
          que sa conduite sert d'exemple à la plûpart de celles de son caractère. Le nom qu'elle
          porte fait l'éloge de son zele, pour tout ce qui regarde la Maison Royale. Ce zele a paru
          dans la maniere dont elle a fait chanter le <hi rend="i">Te Deum</hi>, &amp; d'autres
          Prieres pendant trois jours. Son Eglise estoit parée avec beaucoup de magnificence. Il y
          avoit quantité d'Instrumens, &amp; la Musique fut trouvée charmante. Le Curé du lieu, avec
          tout ce qui compose sa Paroisse, &amp; les Capucins, voulurent bien assister au <hi
            rend="i">Te Deum</hi> à la priere de cette illustre &amp; pieuse Abbesse.</p>
      </div>
      <div type="article" xml:id="MG-1682-09b_343">
        <head>[Réjouissances à Bourg-en-Bresse pour la naissance du duc de Bourgogne]*</head>
        <bibl><title>Mercure galant</title>, septembre 1682 (seconde partie) [tome 10], p.
          343-346.</bibl>
        <p/>
        <p>M<hi rend="sup">r</hi> le Comte d'Entremont, Lieutenant General pour Sa Majesté des
          Provinces de Bresse, Bugey, Valromey, &amp; Gex, ayant donné ses ordres pour faire
          celebrer la Naissance du jeune Prince, s'est voulu signaler dans Bourg, Capitale de
          Bresse, où il fait sa résidence ordinaire. Il y fit chanter le <hi rend="i">Te Deum</hi>,
          &amp; y assista accompagné de tous les Corps. Toute la Bourgeoisie qui estoit en arme ne
          cessa point de faire des salves pendant tout l'apresdînée. Cet illustre Comte fit non
          seulement couler une Fontaine de Vin, &amp; distribuer du pain, mais jetta beaucoup
          d'argent par les Fenestres de son Logis, apres avoir fait faire une Aumône particuliere à
          chaque Pauvre. Le soir, il régala magnifiquement toutes les Personnes qualifiées, au son
          de toutes sortes d'Instrumens. Pendant ce temps on illumina toutes les Fenestres, &amp;
          des Feux de joye furent allumez par tout. Une Corne d'abondance estoit attachée au haut du
          toit de son Hôtel, d'où sortit de quoy en faire un, qui parut formé en un instant. Toute
          la Noblesse descendit, se mesla avec le Peuple, dança autour de ce Feu, &amp; y jetta un
          nombre infiny de Verres de cristal, en buvant à la Santé de toute la Maison Royale. il
          sembloit que M<hi rend="sup">r</hi> le Comte d'Entremont estoit animé d'un zele pareil à
          celuy du Prophete Royal, qui dança devant l'Arche d'Alliance. C'est un Seigneur qui a
          beaucoup de vertu, &amp; qui en donne tous les jours de grands exemples.</p>
      </div>
      <div type="article" xml:id="MG-1682-09b_347">
        <head>[Réjouissances à Asnières-sur-Oise pour la naissance du duc de Bourgogne]*</head>
        <bibl><title>Mercure galant</title>, septembre 1682 (seconde partie) [tome 10], p.
            347-349.</bibl>
        <p/>
        <p>Il me reste à vous parler d'une maniere de montrer sa joye, qui vous surprendra. Aussi
          est-elle si peu commune, que je ne connois qu'une Personne qui en ait donné de pareilles
          marques. Mademoiselle Martineau, Petite Fille de la Nourrice de Henry IV. apres avoir fait
          allumer des Feux devant sa Porte, &amp; distribuer du Pain &amp; du Vin pendant trois
          jours au dela des forces d'un Particulier, fit chanter à Agniere sur Oise, où elle
          demeure, une grande Messe ; un <hi rend="i">Te Deum</hi>, &amp; un Salut. Ensuite s'estant
          renduë à Viarmes, elle y passa un Contract devant le Tabellion Juré au Bailliage &amp;
          Chastellenie de ce Lieu, en date du 4. Aoust, par lequel elle fonde une grande Messe, un
            <hi rend="i">Te Deum</hi>, &amp; un Salut, pour estre chantez tous les ans à perpétuité
          le 6. Aoust, jour de la Naissance de Monseigneur le Duc de Bourgogne<note resp="editor"><ref target="MG-1683-09_054">Cet
            article</ref> relate le premier anniversaire de cette fondation.</note>. Il seroit difficile
          de mieux prouver son attachement pour la Famille Royale.</p>
      </div>
    </body>
  </text>
</TEI>