-
Notifications
You must be signed in to change notification settings - Fork 1
/
Copy pathMG-1680-05.xml
498 lines (498 loc) · 40.5 KB
/
MG-1680-05.xml
1
2
3
4
5
6
7
8
9
10
11
12
13
14
15
16
17
18
19
20
21
22
23
24
25
26
27
28
29
30
31
32
33
34
35
36
37
38
39
40
41
42
43
44
45
46
47
48
49
50
51
52
53
54
55
56
57
58
59
60
61
62
63
64
65
66
67
68
69
70
71
72
73
74
75
76
77
78
79
80
81
82
83
84
85
86
87
88
89
90
91
92
93
94
95
96
97
98
99
100
101
102
103
104
105
106
107
108
109
110
111
112
113
114
115
116
117
118
119
120
121
122
123
124
125
126
127
128
129
130
131
132
133
134
135
136
137
138
139
140
141
142
143
144
145
146
147
148
149
150
151
152
153
154
155
156
157
158
159
160
161
162
163
164
165
166
167
168
169
170
171
172
173
174
175
176
177
178
179
180
181
182
183
184
185
186
187
188
189
190
191
192
193
194
195
196
197
198
199
200
201
202
203
204
205
206
207
208
209
210
211
212
213
214
215
216
217
218
219
220
221
222
223
224
225
226
227
228
229
230
231
232
233
234
235
236
237
238
239
240
241
242
243
244
245
246
247
248
249
250
251
252
253
254
255
256
257
258
259
260
261
262
263
264
265
266
267
268
269
270
271
272
273
274
275
276
277
278
279
280
281
282
283
284
285
286
287
288
289
290
291
292
293
294
295
296
297
298
299
300
301
302
303
304
305
306
307
308
309
310
311
312
313
314
315
316
317
318
319
320
321
322
323
324
325
326
327
328
329
330
331
332
333
334
335
336
337
338
339
340
341
342
343
344
345
346
347
348
349
350
351
352
353
354
355
356
357
358
359
360
361
362
363
364
365
366
367
368
369
370
371
372
373
374
375
376
377
378
379
380
381
382
383
384
385
386
387
388
389
390
391
392
393
394
395
396
397
398
399
400
401
402
403
404
405
406
407
408
409
410
411
412
413
414
415
416
417
418
419
420
421
422
423
424
425
426
427
428
429
430
431
432
433
434
435
436
437
438
439
440
441
442
443
444
445
446
447
448
449
450
451
452
453
454
455
456
457
458
459
460
461
462
463
464
465
466
467
468
469
470
471
472
473
474
475
476
477
478
479
480
481
482
483
484
485
486
487
488
489
490
491
492
493
494
495
496
497
498
<?xml version="1.0" encoding="UTF-8"?>
<?xml-model href="https://obvil.github.io/Teinte/teinte.rng" type="application/xml" schematypens="http://relaxng.org/ns/structure/1.0"?><?xml-stylesheet type="text/xsl" href="../../Teinte/tei2html.xsl"?>
<TEI xmlns="http://www.tei-c.org/ns/1.0" xml:lang="fre">
<teiHeader>
<fileDesc>
<titleStmt>
<title>Mercure galant, mai 1680 [tome 7]</title>
</titleStmt>
<editionStmt>
<edition>OBVIL/IREMUS</edition>
<respStmt>
<name>Nathalie Berton-Blivet</name>
<resp>Responsable éditorial</resp>
</respStmt>
<respStmt>
<name>Anne Piéjus</name>
<resp>Responsable éditorial</resp>
</respStmt>
<respStmt>
<name>Vincent Jolivet</name>
<resp>Édition numérique</resp>
</respStmt>
</editionStmt>
<publicationStmt>
<publisher>Sorbonne Université, LABEX OBVIL</publisher>
<date when="2015"/>
<idno>http://obvil.sorbonne-universite.fr/corpus/mercure-galant/MG-1680-05/</idno>
<availability status="restricted">
<licence target="http://creativecommons.org/licenses/by-nc-nd/3.0/fr/"><p>Copyright © 2019
Sorbonne Université, agissant pour le Laboratoire d’Excellence « Observatoire de la
vie littéraire » (ci-après dénommé OBVIL).</p>
<p>Cette ressource électronique protégée par le code de la propriété intellectuelle sur
les bases de données (L341-1) est mise à disposition de la communauté scientifique
internationale par l’OBVIL, selon les termes de la licence Creative Commons : «
Attribution - Pas d’Utilisation Commerciale - Pas de Modification 3.0 France
(CCBY-NC-ND 3.0 FR) ».</p>
<p>Attribution : afin de référencer la source, toute utilisation ou publication dérivée
de cette ressource électroniques comportera le nom de l’OBVIL et surtout l’adresse
Internet de la ressource.</p>
<p>Pas d’Utilisation Commerciale : dans l’intérêt de la communauté scientifique, toute
utilisation commerciale est interdite.</p>
<p>Pas de Modification : l’OBVIL s’engage à améliorer et à corriger cette ressource
électronique, notamment en intégrant toutes les contributions extérieures, la
diffusion de versions modifiées de cette ressource n’est pas
souhaitable.</p></licence>
</availability>
</publicationStmt>
<sourceDesc>
<bibl><title>Mercure galant</title>, mai <date>1680</date> [tome 7].</bibl>
</sourceDesc>
</fileDesc>
<profileDesc>
<creation>
<date when="1680-05"/>
</creation>
<langUsage>
<language ident="fre"/>
</langUsage>
</profileDesc>
</teiHeader>
<text>
<body>
<div type="article" xml:id="MG-1680-05_034" resp="mercure">
<head>Air nouveau</head>
<bibl><title>Mercure galant</title>, mai 1680 [tome 7], p. 34-35.</bibl>
<p>Cependant vous agréerez ces Paroles mises depuis peu en Air. M<hi rend="sup">r</hi>
Laurancin les a notées.</p>
<quote>
<label>AIR NOUVEAU.</label><note resp="author" place="margin"><hi rend="i">Avis pour
placer les Figures</hi> : l’Air qui commence par <hi rend="i">Printemps ne reviens
plus</hi>, doit regarder la page 35.</note>
<lg>
<l rend="i">Printemps, ne reviens plus ; je soufre trop de peine</l>
<l rend="i"><space rend="tab"> </space>Quand je voy les Prez renaissans.</l>
<l rend="i">Ils me font souvenir qu’en ce malheureux temps</l>
<l rend="i">J’eus le cruel refus du cœur de Célimene.</l>
<l rend="i"><space rend="tab"> </space>Mais helas ! si par ton retour</l>
<l rend="i">L’Ingrate devenoit sensible à mon amour,</l>
<l rend="i"><space rend="tab"> </space>Printemps, viens dés ce jour.</l>
</lg>
</quote>
<ref target="images/1680-05_034.JPG">
<figure>
<graphic url="images/1680-05_034.JPG"/>
</figure>
</ref>
</div>
<div type="article" xml:id="MG-1680-05_081" resp="mercure">
<head>[Régal donné par le Roy à Versailles]</head>
<bibl><title>Mercure galant</title>, mai 1680 [tome 7], p. 81-89.</bibl>
<note resp="author" place="margin"><hi rend="i">Avis pour placer les Figures</hi> : Le Plan
de la Table octogone doit regarder la page 85.</note>
<p>Je remis le Mois passé à vous parler du second Repas que Sa Majesté donna à Madame la
Dauphine dans son Chasteau de Versailles, parce que je n’en avois pas encor le Dessein,
& que j’avois résolu de vous l’envoyer gravé, afin de vous mieux représenter ce que
j’avois à vous dire sur ce sujet. Rien ne fut plus magnifique que ce Repas. Je n’explique
point ce qu’il eut de somptueux. Il est aisé de le deviner, apres qu’on a sçeu que
c’estoit le Roy qui le donnoit ; mais il n’en seroit pas de mesme de la Table, dont
l’extraordinaire construction avoit quelque chose de fort nouveau. Elle estoit dans le
Sallon de la Ménagerie. Vous sçavez qu’il est tout remply de Tableaux qui ont du raport au
Lieu. Les uns vous font voir des Animaux, & les autres semblent vous offrir des Fruits
& des Fleurs. Ce Salon est octogone. Il a sept Croisées dans les sept Pans, & son
entrée est dans le huitiéme. La Table qu’on avoit dressée dans le milieu, estoit à sept
Pans, à chacun desquels répondoit une Croisée. Une Balustrade qui est au bord, & qui
regne tout autour de la Ménagerie, faisoit le plus agreable effet du monde pour ceux qui
estoient à table, puis que chacun avoit une Croisée devant soy, qui donnoit une entiere
liberté à la veuë ; & une autre derriere, qui luy servoit à joüir du frais. On avoit
laissé la Table ouverte vis-à-vis de l’entrée du Sallon. Cette ouverture estoit de la
largeur d’un des Pans. Ainsi plusieurs Personnes pouvoient entrer de front dans un espace
demeuré vuide à l’endroit qui auroit fait le milieu de la Table, si elle eust esté de la
maniere ordinaire ; & ces mesmes Personnes servoient sans incommoder aucune des Dames
qui avoient l’honneur d’estre de ce superbe Repas. Jettez, s’il vous plaist, les yeux sur
le Plan de cette Table. Vous y trouverez aussi celuy du Sallon, & mesme de l’endroit
par où l’on y entre. L’imagination la plus vive a souvent besoin d’un pareil secours pour
mieux comprendre les choses, & les paroles représentent toûjours moins que ce que fait
voir un Dessein gravé.</p>
<p>Le Roy a encor donné d’autres Repas à Versailles. Je ne vous en parle point, quoy qu’ils
ayent tous esté d’une magnificence digne de la grandeur de ce Prince ; mais je ne puis
m’empescher de vous dire en peu de mots quels ont esté les plaisirs d’une Promenade qu’il
a faite au mesme Lieu. C’est un détail qui vous paroistra galant, puis que les
Divertissemens y succederent ce jour-là les uns aux autres, & qu’ils s’en trouvoient
toûjours de nouveaux qui surprenoient agreablement. La beauté de plusieurs endroits du
petit Parc de Versailles, leur a fait donner à tous des noms diférens, selon les choses
qu’ils représentent. Voicy ce qu’on trouva par ordre du Roy, en se promenant dans ceux que
je vay marquer.</p>
<p><space rend="tab"> </space>Aux trois Fontaines, les Trompetes à droit, en entrant du
costé du Marais.</p>
<p><space rend="tab"> </space>Au Marais, la Collation, & les Hautbois dans le Bois
derriere la Table, qui est éloigné de l’entrée.</p>
<p><space rend="tab"> </space>Au Theatre, les Violons à droit dans le Bois derriere la
Palissade.</p>
<p><space rend="tab"> </space>A la Montagne, les Hautbois dans le Bois derriere une des cinq
Allées, le plus pres de la Montagne que l’on pût.</p>
<p><space rend="tab"> </space>A la Salle du Conseil, les Trompetes à gauche en entrant dans
le Bois du costé de l’Encelade & de la Renommée.</p>
<p><space rend="tab"> </space>A l’Encelade, les Violons & les Hautbois derriere les
Berceaux dans le Bois du costé de la Renommée.</p>
<p><space rend="tab"> </space>A la Renommée, la Musique dans le Pavillon à droit en entrant,
& à l’entour du Pavillon les Hautbois & les Violons.</p>
<p><space rend="tab"> </space>Sur le Canal, dans un ou deux Bateaux, la Musique, les
Hautbois, & les Violons.</p>
<p><space rend="tab"> </space>A Trianon, les Trompetes sur le haut du Fer à Cheval.</p>
<p><space rend="tab"> </space>Dans le Sallon de Trianon, le Soupé.</p>
<p><space rend="tab"> </space>Apres que l’on eut gousté tous ces diférens plaisirs, on
retourna à S. Germain, & ce fut une nouvelle Promenade faite au frais, qui termina les
divertissemens de cette belle Journée. </p>
</div>
<div type="article" xml:id="MG-1680-05_089" resp="mercure">
<head>[Feste de S. Quentin]</head>
<bibl><title>Mercure galant</title>, mai 1680 [tome 7], p. 89-102.</bibl>
<p> Les avantages que toute la France tire de la Paix, ont fait rétablir à S. Quentin un
Divertissement public, qui avoit esté interrompu depuis quinze ans par les fâcheux
embarras où la guerre exposoit la Picardie. L’origine de cette Feste est fort ancienne.
Voicy par où elle a commencé.</p>
<p>De tout temps, sur la fin du Carnaval, la plus considerable Jeunesse de S. Quentin
montoit à cheval pour une Course qui se faisoit à un demy quart de lieuë de la Ville. Une
Couronne faite de Satin, avec une legere Broderie d’or & d’argent, en estoit le Prix.
Comme les réjoüissances dont ce Divertissement estoit suivy, alloient souvent à de grands
excés, à cause de la licence du Carnaval, il y a environ trente ans qu’n Chanoine de
l’Eglise Collégiale, appelé M<hi rend="sup">r</hi> Rozet, cherchant à joindre la pieté au
plaisir, légua en mourant une Couronne d’argent, à la charge que la Course qui se feroit
pour la disputer, seroit fixée au second de May, qui est le jour de la Feste de S.
Quentin, Patron de la Ville, & que celuy des Chevaliers qui l’auroit gagnée, iroit la
porter le lendemain au Chanoine Trésorier, pour estre mise sur le Chef du Saint. Ce
Testament fut executé pendant quinze années ; mais les malheurs de la Frontiere ayant
augmenté, à cause des guerres continuelles, on négligea une si noble coûtume. Enfin les
bontez du Roy nous ayant donné la Paix, les plus distinguez des jeunes Gens proposerent de
renouveler la Feste. Ce dessein fut approuvé du Maire & des Echevins, & il n’y eut
personne qui n’y applaudist. Ainsi le second jour de May approchant, tous ceux qui en
devoient estre, songerent à un Equipage galant, & chercherent les meilleurs & les
plus vîtes Chevaux qu’ils pûrent trouver dans la Province. Ce jour arrivé, ils se
rendirent le matin à l’Hôtel de Ville, fort propres, & montez superbement. M<hi
rend="sup">r</hi> Lescot, Conseiller au Baillage, estoit à leur teste. Là, ayant reçeu
du Maire la Couronne qui devoit estre le prix de la Course, ils la firent porter devant
eux à la Procession genérale à laquelle ils assisterent, & la remirent en suite dans
la Maison de Ville, où elle demeura exposée jusques à trois heures apres midy. Alors les
mesmes Chevaliers vinrent la reprendre au son des Timbales & des Trompetes, &
l’ayant ainsi conduite dans l’Eglise Collégiale où ils entendirent Vespres, ils la
reporterent de nouveaux à l’Hôtel de Ville. Elle y fut remise entre les mains du Maire qui
les attendoit. Le Maire la présenta au Capitaine. Le Capitaine la donna au Sergent à
Masse, choisy pour la porter dans la Marche, & ils la commencerent aussi tost, apres
avoir tourné jusques à trois fois autour d’une haute Croix de pierre qui s’éleve en
Pyramide à degrez dans le milieu de la Place. La fierté des Chevaux, chargez la plûpart de
Housses brodées d’or & d’argent, répondoit à l’air noble & à la bonne mine des
Chevaliers. Un monde infiny se trouva au Lieu marqué pour la Course. Si-tost qu’ils y
furent arrivez, ils se rangerent tous sur une ligne à un des bouts de la Carriere, qui
estoit de trois cens cinquante pas. C’estoit un plaisir de les voir prester l’oreille au
signal qui devoit les faire partir ; mais c’en fut un bien plus grand de les voir, apres
ce signal donné, voler tous à l’autre bout avec une rapidité surprenante. Ils coururent
trois fois de la mesme force, les deux premieres pour des Couronnes de Laurier, appellées
Couronnes des Dames, & la troisiéme pour la Couronne d’argent. La premiere fut gagnée
par M<hi rend="sup">r</hi> Botté, la seconde par M<hi rend="sup">r</hi> Margerin, &
M<hi rend="sup">r</hi> Bellot gagna la derniere. M<hi rend="sup">rs</hi> Rohart, Cousin,
de Valois, Muyau, Josselin, Dorigny, & Noy, les disputerent avec beaucoup de vigueur,
& furent à peine devancez de cinq ou six pas. Les Courses faites, les Chevaliers
reprirent leurs rangs, & rentrerent dans la Ville. Quatorze Violons qui les
attendoient aux Portes, se joignirent à leurs Trompetes & à leurs Timbales, & les
menerent comme en triomphe dans toutes les Ruës. Sur les huit heures, ils se rendirent à
un Festin magnifique qu’ils avoient fait préparer. Le lendemain au matin, la Couronne fut
portée à l’Eglise au son des Violons & des Trompetes. Celuy qui l’avoit gagnée, la
présenta au Chanoine Trésorier, qui la mit sur le Chef de Saint Quentin. L’apresdînée, les
Chevaliers voulant encor divertir les Dames, prirent le dessein de courir la Bague. A
peine ils l’eurent formé, qu’il fut sçeu par tout. Chacun voulut avoir part à ce nouveau
divertissement, & on se trouva en foule au Lieu destiné à cet Exercice. Tous les
Chevaliers coururent avec beaucoup d’adresse & de grace, & M<hi rend="sup">r</hi>
Bellot qui avoit esté Roy de la Couronne, emporta encor le Prix. Ils rentrerent en suite
dans la Ville avec grande pompe, & remirent leur Capitaine & leur Roy chez eux,
comme ils avoient fait le jour precédent. Le soir, apres qu’ils eurent soupé ensemble, ils
donnerent le Bal aux Dames. On y servit une magnifique Collation toute en Pyramides ;
& pendant huit jours, ce ne fut, pour ainsi dire, qu’un Festin & qu’un Bal
continuel.</p>
</div>
<div type="article" xml:id="MG-1680-05_102" resp="mercure">
<head>[Monseigneur apprend à chanter]</head>
<bibl><title>Mercure galant</title>, mai 1680 [tome 7], p. 102-104.</bibl>
<p> Quoy que la joye que cause la Paix, ait fait songer à rétablir cette Feste, celle qu’on
a du Mariage de Monseigneur y a fort contribué. Ce jeune Prince quise montre toûjours
galant pour Madame la Dauphine, étudie tout ce qui est de son goust pour y conformer le
sien ; & comme il a remarqué que c’estoit luy plaire que d’aimer le Chant, cette
Princesse ayant & beaucoup de voix & grande méthode, il a de luy-mesme formé le
dessein d’apprendre à chanter. Il ne l’eut pas si-tost conçeu, qu’il l’exécuta ; & ce
qui vous paroistra incroyable, il entra si bien dans ce qu’il y a de diférence de ton
d’une Note à l’autre, que dés la seconde Leçon il chanta à Livre ouvert un Air assez
difficile. Jugez, Madame, combien des lumieres si étenduës attirent l’admiration de Madame
la Dauhine, qui est tout esprit.</p>
</div>
<div type="article" xml:id="MG-1680-05_122" resp="mercure">
<head>[Cerémonies de l’Enterrement de M. le Duc de Hanover]</head>
<bibl><title>Mercure galant</title>, mai 1680 [tome 7], p. 122-145.</bibl>
<p>Je vous ay marqué dans ma Lettre du mois de Mars, qu’on faisoit de grands préparatifs à
Hanover pour la Pompe des Funérailles du Duc de ce nom, dont on avoit raporté le Corps
d’Ausbourg. Il faut vous en faire le détail. Le 30. de l’autre mois, qui estoit le jour
qu’on avoit fixé pour cette Pompe, Monsieur le Prince & Evesque d’Osnabrug partit de
Hanover sur le midy, avec les Princes ses Fils, précedé & suivy d’une tres grande
quantité de Carrosses, tous à six Chevaux. Une Compagnie de Gens, portant de larges
Pertuisanes dorées, à manches couverts de noir, environnoit son Carrosse, tiré par six
Chevaux noirs, enharnachez, caparaçonnez, & houssez de noir à Housses traînantes. Deux
autres Compagnies marchoient devant, l’une de Gens cuirassez depuis les pieds jusques à la
teste, & l’autre de Gensdarmes en Casaques noires, & de ses Gardes du Corps en
noir, montez sur des Chevaux blancs, d’une mesme parure, tous l’Epée nuë à la main. Ce
Prince se rendit à Hernausen avec cette Escorte. Hernausen, Madame, est une Maison Ducale
qui n’est qu’à un quart d’heure de Hanover. Le Corps y estoit arrivé le jour precédent
avec un grand Train de Gentilshommes & une Compagnie de Gensdarmes. Il venoit du
Chasteau de Calemberg, où il estoit demeuré en dépost dans l’Eglise depuis qu’on l’avoit
apporté d’Ausbourg. Je vous ay parlé dans une autre Lettre des honneurs que le Magistrat
de cette Ville luy avoit fait rendre quand il en estoit party. Si-tost que Monsieur
l’Evesque d’Osnabrug fut à Hernausen, tout ce grand Cortege qui l’avoit suivy, forma
divers rangs, & se mit en marche. On s’avança vers la Ville, où à l’entrée, quantité
d’autres Personnes qui avoient ordre de se trouver au Convoy, attendoient le Corps. On
l’avoit mis sur un Chariot drapé de noir, & tiré par huit Chevaux. Un grand Poësle de
Velours, croisé de Toile d’argent, couvroit le Cercueil qui estoit de vermeil doré. Au
dessus estoit un Dais aussi de Velours, avec le mesme ornement du Poësle. Lors qu’il fut à
la Porte de la Ville, tout le Canon des Ramparts tira, & en mesme temps, les Princes
& ceux de leur Suite, descendirent de Carrosse. Une partie des Gardes du Corps à
cheval, précedez par un Timbalier & par six Trompetes sonnant fort lugubrement,
prirent les devans, & vinrent se ranger sous les Fenestres du Palais, où Madame la
Duchesse d’Osnabrug estoit placée sur une Terrasse pour voir la Cerémonie dont les Dames
n’estoient point. La jeune Princesse sa Fille, & Monsieur le Prince de Beures, Parent
de la Maison de Brunsvick, estoient avec elle.</p>
<p><space rend="tab"> </space>Ces gardes rangez firent place à trois cens Enfans vestus de
noir, avec de grands Manteaux qui traînoient à terre. Ces Enfans chantoient les Cantiques
usitez en de pareilles occasions, & estoient précedez par trois Hommes revestus de
mesme, portant trois Croix noires, & par d’autres portant des Bâtons noirs armoiriez.
Le Clergé suivoit, avec les Ecoliers, Régens, Docteurs, Ministres, & le Surintendant
des Eglises Luthériennes. En suite marchoient les Gentilshommes de la Maison de Monsieur
l’Evesque d’Osnabrug, tous deux à deux les Envoyez des Villes & Etats des Princes de
la Maison de Brunsvick, au nombre de douze de chaque Etat, & de vingt-quatre de celuy
de Hanover, & enfin tous les Officiers de la Cour qui n’avoient point de fonction dans
cette Cerémonie.</p>
<p>Tout ce monde en longs Manteaux noirs, estoient suivy de quantité de Chevaux de main,
enharnachez, caparaçonnez, & à Housses traînantes, croisées de Toile d’argent, &
armoiriées des diférentes Pieces des Armoiries de la Maison de Brunsvick & de
Lunebourg. Ces Chevaux menez par un Gentilhomme de chaque costé, estoient entremeslez de
Drapeaux & Etendarts de mesme façon, c’est à dire noirs & armoiriez des mesmes
Pieces, & portez par des Gentilhommes à longs Manteaux. Il y avoit plusieurs Hérauts
d’armes revestus de riches Cottes d’armes aussi armoiriées, & distinguant les divers
Païs de cette illustre Maison. Tout cela estoit précedé par des Trompetes & par des
Timbales, rendant, comme je l’ay déja dit, un son fort lugubre. Les Etendars des Comtez,
& autres Seigneuries, incorporées dans le Païs de Brunsvick & Lunebourg, avec
l’ancienne Baniere Royale de Saxe, eurent à peine passé, qu’on vit paroistre deux
Gentilshommes avec leurs Escortes, portant les Armes du feu Duc de Hanover, l’un à cheval
ayant des Armes dorées, & l’autre à pied, dont les Armes estoient de fer bruny. Comme
cette Marche se faisoit fort lentement, les Peuples que le bruit de ce Spectacle avoit
attirez de toutes parts, pouvoient à loisir en observer l’ordre ; & si tant de pompe
leur donnoit sujet de l’admirer, ce qu’elle avoit de lugubre leur estoit en mesme temps
une cause de douleur. M<hi rend="sup">r</hi> de Podewis Lieutenant General qui commande la
Milice, marchoit gravement, portant la Couronne Ducale, enrichie d’une prodigieuse
quantité de Diamans & de Pierres précieuses. Il estoit accompagné de plusieurs
Officiers Generaux, & précedé par celuy qui portoit l’Anneau & les Sceaux de
l’Etat.</p>
<p>Le Corps suivoit sur le Chariot dont j’ay commencé de vous parler. Rien n’y manquoit de
tout ce qu’un grand Appareil de deüil peut faire voir de plus triste. Il estoit traîné par
huit Chevaux, dont les Housses de Velours pendoient jusqu’à terre. Autant de Gentilshommes
menoient ces Chevaux, & ce Spéctacle arrachoit des larmes aux plus insensibles. Huit
Colonels, ou Lieutenans Colonels des Troupes de l’Etat, soûtenoient le Dais qui avoit esté
élevé au dessus du Cercueil ; & les quatre coins du Drap qui couvroit ce mesme
Cercueil, estoient portez par des Genéraux Majors. Six Maréchaux qui donnoient les ordres,
& plusieurs Pages portant des Flambeaux de cire blanche, armoiriez aussi-bien que les
Bâtons des Maréchaux, precédoient ce Chariot. Quantité de Gentilhommes portant aussi des
Flambeaux, marchoient à costé avec des Trabans, dont les Pertuisanes estoient renversées.
On voyoit en suite M<hi rend="sup">r</hi> l’Evesque d’Osnabrug, précedé de M<hi rend="sup"
>r</hi> de Platen Grand Maréchal de la Cour, & de deux des premiers Officiers de sa
Maison. Il estoit environné de ses Trabans, ayant de larges Pertuisanes dorées. Deux
Gentilshommes de la Chambre luy portoient la queuë. Tout proche, marchoient les jeunes
Princes Maximilien & Charles ses Fils, ayant leur Gouverneur à costé gauche un peu
derriere, & chacun un Gentilhomme à porter leur queuë. Apres eux estoient les
Conseillers du Conseil d’Etat, du Conseil Aulique de la Régence de Grubenhague, du
Consistoire Ecclesiastique, les Assesseurs de la Cour Provinciale, les Secretaires, &
autres Officiers de la Chancellerie. Une Compagnie de Gensdarmes à cheval, une autre de
Cuirassiers, & le reste de la Compagnie des Gardes du Corps, avec leurs Trompetes
& Timbales, fermoient cette magnifique Marche. </p>
<p>On fit le trajet de la Ville jusqu’à l’Eglise Ducale, la Bourgeoisie estant sous les
armes, & les Ruës bordées de Soldats en haye. Les Cuirassiers se rangeoient des deux
costez de la Ruë de l’Eglise, à le veuë du Palais Ducal, ce qui faisoit un tres-bel effet.
M<hi rend="sup">r</hi> l’Evesque de Titianopolis, Vicaire Apostolique, revestu de ses
Habits Pontificaux, avec six Abbez mîtrez, & suivy de son Clergé, qui estoit de
quelques Prestres séculiers & de Capucins, vint recevoir le Corps à la Porte de
l’Eglise, & le conduisit dans la Chapelle ardente que l’on avoit préparée, & qui
estoit de toute la hauteur de l’Eglise, ornée de Sculptures, de Figures, d’Emblêmes,
d’Inscriptions, & d’une infinité de Cierges. Il y eut Musique par de tres-habiles
Maistres Italiens ; en suite dequoy, ce Prélat fit ce qui estoit de son ministere.</p>
<p>Le lendemain, il officia pontificalement, assisté de quatre Abbez mîtrez. Un Capucin
Allemand prononça l’Oraison Funebre en présence du Prince Régent, de Madame la Duchesse
d’Osnabrug, & de toute la Cour ; & apres luy, un Prestre monta en Chaire, &
fit le recit de ce qu’on appelle <hi rend="i">Personalia</hi>, qui est un Abregé de la vie
& des actions les plus mémorables de celuy pour qui se fait la Cerémonie. Le Corps fut
enfin descendu dans la Chapelle qui avoit esté choisie par le Défunt pour le lieu de sa
Sepulture, ce qui se fit au bruit de l’Artillerie & des Salves. Cela fait, la
Compagnie retourna au Château, où M<hi rend="sup">r</hi> de Grotte Premier Ministre d’Etat
du feu Duc, fit un excellent Discours sur la perte d’un si grand Prince, & sur
l’avenement de M<hi rend="sup">r</hi> l’Evesque d’Osnabrug son Frere. Ce Prince donna un
magnifique Repas aux Principaux de cette Assemblée qu’il fit manger à sa table. Tout le
reste de la Noblesse, des Officiers, & des Etrangers, fut traité & défrayé pendant
quatre jours. Les préparatifs de cette grande Cerémonie ayant attiré une infinité de
Curieux, ils demeurerent tous d’accord, qu’on n’avoit jamais rien veu de semblable en ce
Païs-là, pour la pompe, pour l’ordre, & pour la quantité de Noblesse. Il ne faut pas
s’étonner de ces grands apprests, M<hi rend="sup">r</hi> l’Evesque d’Osnabrug, aujourd’huy
Duc de Hanover, estant un Prince tres-genéreux, & qui ne fait rien qu’avec une
magnificence digne du haut rang qu’il tient. On le peut voir par les dépenses de cette
Pompe Funebre, qui ont esté de plus de cent mille écus. La considération qu’il a euë pour
les Officiers du feu Duc son Frere, est une marque de l’estime qu’il fait de sa mémoire.
Ils ont esté presque tous retenus à son service. Les deux plus considérables sont M<hi
rend="sup">rs</hi> de Grotte & de Witzendorf. Il a donné au premier, qui est un des
plus habiles & des plus intelligens Ministres de nostre temps, la qualité de son
Ministre d’Etat, avec de grosses Pensions, & le Gouvernement du Duché de Grubenhague.
Il a aussi donné au second, de tres-fortes Pensions, & l’a conservé dans son ancien
Poste de l’administration des Finances. M<hi rend="sup">r</hi> le Baron de Platen, son
Premier Ministre, a esté autrefois envoyé de sa part en cette Cour, & depuis dans
plusieurs autres. Il a remporté beaucoup de gloire de ces Emplois, où il a toûjours servy
son Maistre avec un zele qui répondoit à sa confiance.</p>
<p>Les Spéculatifs ont fait de grandes reflections sur une Cloche de Sainte Croix, qui se
cassa lors que le feu Duc sortit de Hanover pour aller en Italie, & qui ayant esté
refonduë, s’est cassée une seconde fois quand le Corps a esté à la Porte de la mesme Ville
pour y entrer.</p>
</div>
<div type="article" xml:id="MG-1680-05_204" resp="mercure">
<head>[Fille d’Honneur de Madame reçeuë pour occuper la premiere Place qui doit
vaquer]</head>
<bibl><title>Mercure galant</title>, mai 1680 [tome 7], p. 204-206.</bibl>
<p>Mademoiselle Desco, Sœur du Marquis de ce nom, a esté reçeuë Fille d’Honneur de Madame,
pour occuper la premiere place qui vaqueroit. Elle luy fut présentée au commencement de
l’autre mois par Madame la Maréchale du Plessis sa Dame d’honneur. Elle a beaucoup de
naissance, & est d’une Maison alliée à celles de la Rochefoucaud, de Vitry, de Nangis,
& de plusieurs autres des plus illustres. M<hi rend="sup">r</hi> le Marquis Desco son
Frere, commande le Regiment d’Artois. Madame sa Femme est Fille de Madame la Comtesse de
Brégy, si estimée de toute la Cour pour son esprit & par son mérite. Quant à
Mademoiselle Desco, elle est de tres-belle taille, a le teint fort beau, & tous les
traits du visage doux & agreables, sçait l’Italien, chante aisément, danse de bon air,
& aime la Symphonie avec une passion qui ne se peut concevoir. Elle jouë fort bien du
Clavessin, du Theorbe, & de la Guitarre. </p>
</div>
<div type="article" xml:id="MG-1680-05_276" resp="mercure">
<head>[Divertissemens de Bourbon]</head>
<bibl><title>Mercure galant</title>, mai 1680 [tome 7], p. 276-277.</bibl>
<p>Je passe à d’autres Nouvelles. Les Eaux de Bourbon continuënt toûjours à estre en vogue,
quoy qu’on en ait trouvé de nouvelles que diverses cures ont renduës fameuses. Il y a
présentement grande compagnie. M<hi rend="sup">r</hi> de Louvoys en prend, aussi-bien que
M<hi rend="sup">r</hi> le Maréchal de la Ferté, M<hi rend="sup">r</hi> de la Vrilliere
Secretaire d’Etat, Madame la Duchesse de Brissac, Madame la Comtesse de Tonaycharente,
Madame de Langlée, Mesdemoiselles de Rubel, Mademoiselle de Phelippeaux, M<hi rend="sup"
>r</hi> de Coulanges Maistre des Requestes, M<hi rend="sup">r</hi> de Pommereüil, &
plusieurs autres Personnes considérables de l’un & de l’autre Sexe. Tous les plaisirs
s’y rencontrent, les Violons, les Parties de Jeu, la bonne chere, & enfin tout ce qui
peut divertir agreablement d’illustres Malades, qui ont assez de santé pour chercher la
joye.</p>
</div>
<div type="article" xml:id="MG-1680-05_295" resp="mercure">
<head>[Régal donné par Monsieur dans sa Maison de S. Cloud]</head>
<bibl><title>Mercure galant</title>, mai 1680 [tome 7], p. 295-327.</bibl>
<note resp="author" place="margin"><hi rend="i">Avis pour placer les Figures</hi> : La Table
longue doit regarder la page 304.</note>
<p>Si mille choses d’éclat ne vous avoient pas appris, ainsi qu’à toute la France, que
Monsieur est un Prince aussi galant qu’il est magnifique, vous croiriez sans-doute que le
détail que j’ay à vous faire de la derniere Feste de Saint Cloud seroit un recit exageré ;
mais, Madame, vous connoissez mieux que moy combien ces deux qualitez sont naturelles à
Son Altesse Royale, & il suffit que je vous nomme S. Cloud, en vous parlant d’une
Feste, pour vous faire concevoir tout ce qui est digne d’un Frere de <hi rend="sc">Loüis
le Grand</hi>. Madame la Dauphine n’ayant point encor veu cette délicieuse Maison,
Monsieur forma le dessein d’y faire un Régal à Leurs Majestez, quand Elles y ameneroient
cette Princesse. Le jour estant pris (ce fut le 9. de ce mois) le Roy arriva à Saint Cloud
sur les quatre heures. Il estoit dans le Carrosse de la Reyne, où estoient aussi
Monseigneur, Madame la Dauphine, & Madame la Princesse de Conty. En arrivant, toute
cette auguste Compagnie alla chez Madame, où Madame la Dauphine continua d’admirer la
belle veuë qu’elle avoit découverte le long de l’Apartement de cette Princesse. On passa
en suite dans celuy de Monsieur, qu’on trouva meublé tres-superbement. Il estoit enrichy
de Peintures & de Tableaux d’un fort grand prix ; & outre les Meubles qui ornoient
toutes les Chambres, il y avoit par tout de tres-riches Cabinets, couverts de Pots ou de
Vazes, la plûpart d’argent ou de vermeil doré. Les plus agreables Fleurs de la Saison
remplissoient ces Pots. La propreté, la galanterie, & la magnificence de toutes ces
Chambres, ayant esté admirées, le Roy passa dans la Galerie. Vous sçavez, Madame, qu’on la
regarde comme une merveille, & qu’elle a esté peinte par le fameux M<hi rend="sup"
>r</hi> Mignard de Rome. On l’appelle ainsi, quoy qu’il soit François, à cause du long
sejour qu’il a fait en Italie. Ce grand Ouvrage est assurément un chef-d’œuvre de
Peinture. Ce seroit icy le lieu de vous en faire la description, si d’autres Articles ne
m’obligeoient à la remettre jusqu’au mois prochain. Comme les chaleurs de cette journée
avoient esté assez grandes, on apporta à Leurs Majestez des Eaux glacées que toute la Cour
trouva admirables. On dansa un peu apres. Cette maniere de Bal où il n’y eut point de
Branle, dura une heure & demie. Monseigneur prit Madame la Dauphine. Madame la
Dauphine prit Monsieur. Monsieur alla prendre Madame la Princesse de Conty. Madame la
Princesse de Conty prit Monseigneur, & Monseigneur prit Madame. Ceux qui danserent en
suite, furent, du costé des Hommes, Messieurs les Princes de Conty & de la
Roche-sur-Yon, M<hi rend="sup">rs</hi> les Comtes d’Armagnac & de Brionne, M<hi
rend="sup">r</hi> le Chevalier de Lorraine, M<hi rend="sup">r</hi> les Ducs de la
Trémoüille & de Gramont, M<hi rend="sup">r</hi> le Marquis de Biran, M<hi rend="sup"
>r</hi> le Comte de Tonnerre, M<hi rend="sup">r</hi> le Marquis de Gondrin, & M<hi
rend="sup">r</hi> le Chevalier de Chastillon. Du costé des Dames, Mesdames les Duchesses
de Foix, de la Trémoüille & de Mortemar, Madame la Marquise de Segnelay, Madame de
Grancé, & Mesdemoiselles de Laval, Chasteautiers, Potier, & Clisson.</p>
<p>La Dance ayant finy sur les sept heures du soir, le Roy monta en Caleche, avec la Reyne à
sa droite, & Madame la Dauphine à sa gauche. Monsieur estoit à la Portiere droite,
& Madame la Princesse de Conty à la gauche. Monseigneur se plaça dans l’autre fond,
ayant Madame à sa droite, & Mademoiselle à sa gauche. Plusieurs Caleches suivoient,
remplies de toutes les Femmes de qualité, qui eurent l’honneur ce soir-là de souper avec
le Roy. Plusieurs Seigneurs de la Cour, tous à cheval, environnoient ces Caleches. On se
promena dans tous les Jardins, qu’on trouva d’autant plus beaux, qu’on les voyoit émaillez
d’un nombre infiny de Fleurs printanieres. A ce divertissement succeda celuy de voir joüer
les Cascades. On se mit à table sur les neuf heures. Elle estoit dressée dans une grande
Salle magnifiquement parée du beau Bufet de vermeil doré de Monsieur. Il y a dans cette
Salle un tres-beau Tableau de la Bataille de Cassel, gagnée par Son Altesse Royale. Je
vous envoye la Figure de la Table que j’ay fait graver. Prenez la peine de jetter les yeux
dessus. Vous verrez en un instant ce que je ne pourrois vous apprendre qu’en beaucoup de
lignes. Le Roy qui estoit servy par le dedans de la Table (deux Controlleurs servoient à
droit & à gauche) avoit à sa droite, Monseigneur, Madame, Mademoiselle, Madame de
Lilebonne, & Mesdemoiselles ses Filles, Madame la Princesse d’Harcourt, Madame de
Soubise, Madame de Béthune, Madame de Nevers, Madame de Gourdon, Madame la Comtesse
d’Estrées, Madame la Marquise d’Efiat, la Gouvernante des Filles de Madame la Dauphine au
dessus des Filles, Mesdemoiselles de Tonnerre, de Biron, Laval, Rambure.</p>
<p>A la gauche du Roy, estoient la Reyne, Madame la Dauphine, Monsieur, Madame la Princesse
de Conty, Madame la Princesse de Tarente, Madame la Duchesse de Crussol, Madame de la
Trémoüille, Madame la Duchesse de Foix, Madame Colbert, Madame la Duchesse de Mortemar,
Madame la Duchesse de Sully, Madame la Duchesse de Gramont, Madame de Thianges, Madame de
la Ferté, Madame la Marquise de Ranes, Madame de Grancé, Madame de Marré, & Madame la
Marquise de Clérambaut. Madame de la Daubiaye Gouvernante des Filles de Madame,
Mesdemoiselles Potier, Chasteautiers, & Clisson, n’ayant pû trouver de place, furent
servies dans une autre Chambre. Il y eut plusieurs Tables pour tous les Seigneurs de la
Cour, tres-abondamment & tres-proprement servies, entre-autres celle de Monsieur le
Chevalier de Lorraine. La Table du Premier Maître-d’Hôtel estoit de vingt-quatre Couverts.
Il y eut trois Services fort magnifiques, & cinq pour le Roy, le bout de la Table où
estoit Sa Majesté ayant esté relevé plusieurs fois. Je ne vous marque point le nombre de
Plats. Vous pouvez les voir en examinant la Planche. On trouva le Fruit fort beau. Chaque
Service fut porté par autant de Personnes des Livrées de Monsieur, qu’on servit de Plats,
le tout sans confusion. Le Soupé dura une grande heure & demie. Apres quoy toute la
Cour passa chez Madame, où l’Hostel de Bourgogne joüa <hi rend="i">le Mitridate</hi> de
M<hi rend="sup">r</hi> Racine, avec la petite Comedie <hi rend="i">du Deüil</hi>. Le
Lieu qui devoit servir de Théatre estoit préparé dans l’ancien Sallon. Des Paravents d’une
tres-grande beauté, entre lesquels estoient des Guéridons d’argent, portant des Girandoles
garnies de Bougies, faisoient la Décoration de ce Théatre.[…]</p>
<p/>
</div>
<div type="article" xml:id="MG-1680-05_345" resp="angele">
<head>Air nouveau</head>
<bibl><title>Mercure galant</title>, mai 1680 [tome 7], p. 345-346.</bibl>
<p>Encor deux mots pour un Air nouveau, & je viens aux Modes. Celuy qui suit est de
l’Illustre qui m’en donne tous les Mois. Vous en connoistrez aisément le caractere.</p>
<quote>
<label>AIR NOUVEAU.</label><note resp="author" place="margin"><hi rend="i">Avis pour
placer les Figures</hi> : l’Air qui commence par <hi rend="i">Voulez-vous
gouster</hi>, doit regarder la page 346.</note>
<lg>
<l rend="i">Voulez-vous goûter en aimant</l>
<l rend="i">Un plaisir sans tourment ?</l>
<l rend="i">Brulez d'une flamme légere,</l>
<l rend="i">Et changez souvent de Bergere.</l>
<l rend="i">Le changement est le charme des cœurs,</l>
<l rend="i">Et des amours comme des Fleurs,</l>
<l rend="i">Les plus nouvelles,</l>
<l rend="i">Sont les plus belles.</l>
</lg>
</quote>
<ref target="images/1680-05_345.JPG">
<figure>
<graphic url="images/1680-05_345.JPG"/>
</figure>
</ref>
</div>
</body>
</text>
</TEI>